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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/90

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82 LA PÉIUODE COLONIALE (1607-1764)

toutefois, que, s’il dut quelque chose à d’autres penseurs que Locke, il dut également beaucoup à son entourage. Les coloniaux, en général, n’avaient aucun (bnds de culture, mais tout « New Englander » réfléchi se découvrait naturellement un fonds d’émotivité spirituelle. Dès son plus jeune âge, Edwards se préoccupa de son âme ; la doctrine de la souveraineté divine et de la damnation de l’homme s’opposait seule à ce qu’il admît avec certitude la théorie de paix religieuse préconisée par le Calvinisme. Quand il fut au collège, ses doutes s’évanouirent subitement, et à leur place il ressentit « au-dedans de lui une joie délicieuse en Dieu », qui ne fit que s’accroître avec les années, jusqu’à ce qu’il méritât l’épithète de « Saturéde-Dieu ».

Cette « saturation divine » était sa part dans l’héritage de la Nouvelle-Angleterre. Combinée avec un amour passionné de la nature, amour rare à cette époque, elle fit d’Edwards un poète, un poète par les sentiments et presque par l’expression. Il étudia la théologie ; après un court essai de prédication à New York et deux ans de professorat h Yale, il devint le collègue de son distingué grand-père, Salomon Stoddard, à Northampton, Massachusetts. Puis il épousa Sarah Pierrepont, une jeune femme h l’esprit mystique, qu’il avait déjà dépeinte en termes magnifiques.

L’amour de Dieu et de ses créatures, l’amour de sa femme et l’amour de la nature contribuèrent à assurer le succès des dix-sept premières années de ministère d’Edwards à Northampton. Sa célébrité de prédicateur se répandit en Nouvelle-Angleterre et, après 1734, il put se vanter avec raison des progrès accomplis par ses ouailles au point de vue spirituel. Deux de ses livres les plus intéressants sont dus à cette renaissance, à ce