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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/92

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84 LA PÉRIODE COLONIALE (lG07-17Gi)

sans éducation littéraire, sans idées générales, sans raffinement esthétique susceptible d’amoindrir ou d’atténuer ses émotions, ne put pas davantage résister à l’emprise de son cœur et de son imagination ; il eut, tout entière, l’horreur du gouffre béant de l’enfer au-dessus duquel le prédicateur le tenait suspendu.

Mais les réveils ont toujours été suivis de réactions. Dans le cas d’Edwards et de Northampton, la réaction fut particulièrement douloureuse ; nous ne pouvons ici qu’y faire une rapide allusion. Edwards adressa des remontrances à quelques-uns de ses jeunes paroissiens, qui se plaisaient à lire des œuvres prétendues impures et qui, pour nous, ne seraient que romans d’une niaiserie banale. Les parents ne le soutinrent guère et, ii son grand chagrin, le mal se propagea rapidement. Il voulut alors remettre en vigueur une règle longtemps négligée d’après laquelle la profession personnelle et publique des convictions religieuses était indispensable pour être admis à la communion. Défenseur, dès lors, du passé et de l’avenir, Edwards ne fut pourtant pas suivi par la majorité de ses paroissiens. La malheureuse controverse qui s’ensuivit ne se termina que par sa soumission (1750). La postérité se range naturellement du côté du vaincu, qui partit, un an après, pour aller évangéliser les Indiens de Stockbridge ; mais des historiographes consciencieux assurent, nous pouvions nous y attendre, que tous les torts n’étaient pas du côté de la congrégation de Northampton.

Cet exil fut d’ailleurs un bien pour l’humanité ; de pasteur prédicant, Edwards devint le théologien et le métaphysicien que nous savons. L’important Treatise concerning tJie Heligious Affections (1746) vint après le Réveil et avant l’exil ; de même Vlnqiiiry into the Quali-