Page:Trevoux-1752-01-A-ANE.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
138
ACC — ACC


dire, qu’ils ne compatissent point ensemble. Il faut s’accommoder aux choses, quand les choses ne s’accommodent pas à nous. Un sage s’accommode aux vices de son siècle. Mol. ☞ S. Ignace disoit qu’il ne faut pas accommoder les affaires à soi, mais qu’il faut s’accommoder aux affaires. Bouh. Quand on n’a pas de quoi s’accommoder, il faut s’accommoder de ce qu’on a. R.

s’ACCOMMODER, avec la particule de, signifie trouver une chose bonne, commode, ou du moins ne la trouver pas mauvaise, s’en servir, en user volontiers. Convenire, uti, adhibere. Je ne saurois m’accommoder de ce valet, pour signifier, je ne puis m’en servir. On dit qu’un homme ne s’accommode pas de toutes sortes de personnes, pour dire, que toutes personnes ne lui plaisent pas ; qu’il s’accommode dans un lieu, pour exprimer qu’il s’y trouve bien. Je ne m’accommode point de la solitude, ce genre de vie est trop ennuyeux. Le P. Malebranche pensoit trop subtilement pour s’accommoder de pensées qui sont naturelles. La Bruy. Socrate, dont la vertu n’étoit point farouche, s’accommodoit de l’innocente joie des festins. M. Scud.

Accommoder, avec le nom personnel, signifie encore prendre sans façon, s’approprier les choses un peu hardiment. Usurpare, vindicare. Cet homme s’accommode de tout ce qu’il trouve ; c’est-à-dire, il s’en saisit, il s’en empare. On dit aussi, voyez comme il s’accommode ; pour exprimer, qu’il prend ses commodités avec beaucoup de liberté.

Accommoder, se prend quelquefois à contresens, & en mauvaise part, & signifie maltraiter, ou de paroles, ou de coups ; gâter, mettre en désordre & en mauvais état. Malè habere. Il est tombé entre les mains de voleurs, d’assassins, qui l’ont accommodé d’une étrange manière. Il est tout couvert de boue, le voilà mal accommodé. Bon Dieu ! comme il s’est accommodé. En quel état il s’est mis. Expressions familières. On dit populairement, je vais l’accommoder de toutes pièces. Ablanc. Dans le jugement de ce procès il a été mal accommodé ; il y a eu de sévères condamnations contre lui.

On dit aussi par raillerie, d’un homme qui s’est enivré, qu’il s’en est donné, qu’il s’est accommodé de la belle manière ; pour dire, qu’il en a pris avec excès.

Accommoder, se dit proverbialement dans ces phrases. On l’a accommodé tout de rôti, pour dire, on l’a fort maltraité. On dit aussi, accommodez-vous, le pays est large ; pour se moquer d’un homme qui se met à son aise, qui prend ses commodités sans beaucoup de cérémonie.

{{scAccommodé, ée}}. part. Compositus. Un procès accommodé. Un homme assez accommodé des biens de la fortune. Dives. Masc.

ACCOMPAGNATEUR. s. m. Celui qui dans un concert joue de quelque instrument de Musique, en accompagnant la voix des chanteurs. A l’aide de cette nouvelle méthode on peut devenir sçavant Compositeur & habile Accompagnateur, même sans savoir lire la Musique. M. Rameau. Merc. Fév. 1732.

ACCOMPAGNEMENT. s. m. Action par laquelle on accompagne. Comitatus. L’accompagnement du Saint Sacrement, quand on le porte aux malades, est une action pieuse, & qui édifie. Dans ce sens l’on ne s’en sert guère que pour des cérémonies. Le Prince de C. fut chargé de l’accompagnement de la Princesse. Ac.

Accompagnement, se dit aussi de choses qui en accompagnent une autre, & qui en sont regardées comme une suite nécessaire, ou pour l’ornement, ou pour l’agrément, ou pour la symétrie. Adjuncta. Il ne manque à cette maison qu’un bois de haute futaie pour son accompagnement. Cette chambre est belle, mais elle n’a pas ses accompagnemens. S. Evr.

Accompagnement, en termes d’Organiste, se dit de divers jeux qu’on touche pour accompagner le dessus, comme le bourdon, la montre, la flûte, le prestant, &c Concentus.

Accompagnement, est aussi un terme de Blason, & se dit de tout ce qui est autour de l’Ecu pour lui servir


d’ornement, le pavillon, le cimier, les supports, &c. Stipatio.

Accompagnement. s. m. L’action d’accompagner dans la Musique. Apprendre l’accompagnement, savoir l’accompagnement.

ACCOMPAGNER. v. a. Marcher de compagnie avec un autre. Comitari. Un Religieux doit être toujours accompagné d’un Frère. Cette femme jalouse accompagne par-tout son mari.

Accompagner signifie aussi, Conduire quelqu’un par civilité, & pour lui faire honneur. Delucere. Le Président a accompagné cette Dame jusqu’à son carrosse. On envoie des gens de qualité aux Ambassadeurs pour les accompagner à l’audience du Roi, pour les y conduire.

Accompagner, se dit aussi de la suite, du cortége, de l’escorte qu’on donne à quelqu’un, ou pour l’observer, ou pour lui faire honneur, ou pour l’assurer en sa marche. C’est en ce sens qu’on dit accompagner le S. Sacrement, quand on le porte aux malades. Rodolphe, Comte de l’Hapsbourg, rencontrant à la campagne un Curé, qui portoit le S. Viatique à un malade par des chemins très-fâcheux, lui donna son cheval, & accompagna le S. Sacrement à pied. C’est à cette action de piété qu’on attribue son élévation, & celle de la maison d’Autriche, dont il est le Chef. On a remarqué que le Roi fit quelque chose de semblable peu de temps avant que le Duc d’Anjou parvînt à la Couronne d’Éspagne. Ce Seigneur marche toujours accompagné de six Gentils-hommes, &c. Les Maréchaux de France envoient un Garde à ceux qui ont querelle, pour les accompagner par-tout. Quand le Roi alla à la conquête de Flandre, il étoit bien accompagné, il avoit une nombreuse armée. On envoya un corps de cavalerie pour accompagner ce convoi, c’est-à-dire, pour l’escorter.

Accompagner, se dit aussi de ce qui orne ou décore quelque chose, & qui lui sied bien. Condecorare. Ces deux pavillons accompagnent bien ce bâtiment, ils font une belle symmétrie. Cette garniture accompagne bien son habit, cela est bien assorti. Lorsqu’elle joue, le thuorbe accompagne parfaitement son chant ; mais sa personne accompagne encore mieux le thuorbe. Le Ch. d’H.

Accompagner, se dit figurément en choses morales, de ce qui est joint ensemble. Consociare, Conjungere. Il accompagne tout ce qu’il dit de tant de graces, & de tant d’honnêtetés, que cela gagne les cœurs. La colère & l’emportement accompagnent d’ordinaire le jeu. St Evr. L’admiration qu’on a pour les actions glorieuses, est souvent accompagnée d’un secret dépit de n’en pouvoir faire autant. Cost. Il a accompagné le compliment qu’il lui a fait faire, d’un present considérable. La fortune a accompagné Alexandre en toutes ses entreprises ; elle l’a suivi par-tout. La vieillesse, par les infirmités qui l’accompagnent, ressemble plus à la mort qu’à la vie. Ablanc.

Accompagner, en terme de Musique, se dit de celui qui joue du clavecin dans un concert, ou de celui qui joue de la flûte, ou du violon, ou de quelque autre instrument, pendant que quelqu’un chante. C’est une science particulière, de bien accompagner une voix. ☞ Un habile Musicien accompagne de génie, & sur le champ toutes sortes d'airs.

s’Accompagner, v. n. p. Mener quelque gens avec soi pour quelque dessein. Il se prend le plus souvent en mauvaise part. Il s’accompagna de gens de main pour faire ce coup-là.

Accompagné, ée. part. pass. & adj. Comitatus.

Accompagné, en termes de Blason, se dit lors qu’autour d’une pièce principale, comme le sautoir, la bande, la fasce, le chevron, le croissant, le lion, l’aigle, &c. il y a plusieurs autres pièces qui sont auprès en séantes partitions. De Neufville Villeroi porte d’azur au chevron d’or, accompagné de trois croix ancrées de même. On le dit particulièrement des croix, sautoirs, chevrons, pairles, &c. quand ces choses sont également disposées dans les quatre cantons de l’Écu qu’elles laissent vuide.

ACCOMPLIR, v. act. Faire entièrement, mettre une chose en un état où il n'y ait plus rien à desirer ; lui donner sa perfection. Perficere. Notre Seigneur a accompli toutes les prophéties ; il a fait tout ce qu'elles avoient prédit. Cet


I iij Officier