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licere. Toute la fortune d’un marchand consiste à bien achalander sa boutique. C’est un terme du peuple, ou tout au plus de la conversation.

Achalander, est quelquefois neutre pass. & se met avec le pronom personnel. Cet homme commence à s’achalander. On le dit aussi en badinant, d’une personne qui a beaucoup d’intrigues : cette fille est fort achalandée.

Achalandé, ée. part. pass. & adj. ☞ Qui a des chalands. Il se dit également du marchand, & de la boutique. Un marchand achalandé, celui qui fait un grand débit. Une boutique achalandée, celle où il vient quantité de marchands pour acheter des marchandises.

ACHANACA est une plante des Indes, dont la feuille ressemble au chou ; mais elle est plus mince, & les côtes en sont plus tendres. Son fruit est gros comme un œuf, & de couleur jaune ; on le nomme Alfard : il croit au royaume de Mély ; on emploie sa décoction dans les maladies vénériennes. Voyez Thevet.

ACHAMECH. Terme de Chymie. Selon quelques Chymistes, c’est l’écume & les ordures de l’argent. Harr.

☞ ACHANAMASI. s. m. Terme de Relation. Nom de la quatrième prière que les Turcs font tous les jours, & qui se fait quand le soleil est couché. Quarta Turcarum precatio. Mahomet a ordonné de prier cinq fois en vingt-quatre heures : l’Achanamasi est la quatrième, ou la prière du soir. A. D. S. M.

☞ ACHAOVAN, ou ACHAOVA. s. m. Quelques personnes donnent ce nom à une plante semblable à la camomille, qu’ils appellent Achave, Achove, & quelquefois Alacuan. Cette plante est fort abondante en Egypte, sur-tout au Caire, dans un lieu appelé Sbéchie. Dict. de James.

ACHARNEMENT. s. m. Forte passion, emportement, attachement opiniâtre à quelque chose. Libido, propensio. Il se dit plus ordinairement en mauvaise part. Il a un furieux acharnement pour la débauche.

Acharnement, se dit encore de la fureur & de l’animosité avec laquelle on persécute quelqu’un. Insectatio vehemens, acerba. Ces deux Auteurs ont un furieux acharnement à se perdre mutuellement ; ils se déchirent par-tout.

Tous les dévots de cœur font aisés à connoître.
Jamais contre un pécheur ils n’ont d’acharnement ;
Ils attachent leur haine au péché seulement. Mol.

Arracher ce levain des fureurs parricides,
Qu’enfantent les esprits de nouveautés avides,
Dont les coups inhumains sont d’autant plus mortels,
Que leur acharnement croit servir les autels.

La Bastide.

ACHARNER, v. act. Donner aux bêtes le goût, l’appétit de la chair. Carnis famem, ou appetitum, excitare, irritare, ciere. On acharne les chiens, les oiseaux de proie à la curée. On dit aussi en Fauconnerie, acharner l’oiseau sur le tiroir, soit au poing avec le tiroir, qui est une aile de chapon ou de cocp-d’Inde ; ou en attachant le tiroir au leurre. Accipitres oblatâ escâ pascere. Il y a des oiseaux farouches qui ne s’acharnent jamais, & qui se laissent plutôt mourir de faim.

Acharner, animer. Irritare. On les a acharnés les uns contre les autres.

Acharner, se dit figurément en Morale avec le pronom personnel, pour dire, s’attacher avec fureur, avec opiniâtreté, à persécuter quelqu’un, à le blâmer. Acriter infectari. Ces deux plaideurs sont furieusement acharnés.

Il déchire l’Eglise il s’acharne contre elle ;
Et voulant s’affranchir des droits qu’elle a sur nous.
Il se les attribue & les prodigue à tous.

La Bastide.

Il signifie quelquefois s’adonner avec excès. Ferri immoderatiùs. Il est dangereux de s’acharner au jeu. Ce Docteur est si fort acharné à l’étude, qu’il se dessèche sur ses Livres. S. Evr. Ce mot est un composé, & dérive de chair.

Acharné, ée, part. & adj.

ACHART. s. m. Nom propre d’homme. Aicadrus. Saint Aicadres, que nous appelons plus communément S.


Achart, & que d’autres nomment encore S. Acaire, étoit issu d’une des meilleures maisons de Poitou, & fut second Abbé de Jumièges.

☞ ACHASSES. Nom propre d’une rivière de Languedoc, en France, Achassia, Achassius. Elle a sa source dans les montagnes, près de Viviers. Elle arrose le Vivarais, & au-dessous de Teil elle se jette dans le Rhône.

Acquisition ; traité par lequel on achète. Emptio. Il a fait aujourd’hui l’achat d’une terre à sa bienséance. Il a fait un mauvais achat. Il se prend aussi pour la chose achetée. Je veux vous montrer mon achat. Achat passe louage, est un proverbe tiré des Coutumes de Namur ; c’est-à-dire, que l’acheteur d’un héritage peut déposséder le conducteur, ou locataire, sauf à lui son recours contre son locateur. Ce mot vient du Latin adcaptare, ou adceptare. L’achat diffère de l’échange, en ce que dans l’achat on livre, ou on promet de livrer une chose pour un certain prix, & dans l’échange on donne une chose pour une autre, qui n’est pas de l’argent ; par exemple, du blé pour du vin, du bois pour du fer.

ACHATE. s. m. Achates. Nom d’un des compagnons d’Enée, son ami & son confident, qui, dans Virgile, ne le quitte presque jamais. C’est de-là que ce mot a passé dans notre Langue pour signifier un ami constant, un compagnon fidèle, un homme avec lequel on est toûjours.

Sans ce fidèle Achate il n’eût su faire un pas ;
L’un étoit le David, l’autre le Jonathas.

☞ ACHATES. s. m. Ancien nom de la rivière du Drillo en Sicile. Achates.

☞ ACHATOU. Village de l’isle de Chypre. Aphrodisium. Il est sur la côte septentrionale. C’étoit autrefois une ville célèbre consacrée à Vénus, que les Grecs appellent Aphrodite. Elle étoit à neuf milles de Salamine, entre Carpasium & Ceraunia.

☞ ACHAZIB. s. m. ACZIBA. Nom propre d’une ancienne ville de la Terre-Sainte. Elle étoit dans la tribu d’Aser. Saint Jérôme dit que dans la suite elle fut nommée Ecdippe, & il la place dans la Phénicie. Elle étoit près du lieu qui s’appelle aujourd’hui Sadderia, entre Ptolémaïde, & Tyr, ou entre Aete & Tyr.

☞ ACHBAATS. s. m. Terme de Relation. Officier dans les villes de Perse. C’est le Commandant du guet, qui a soin des prisons, & qui fait la ronde toutes les nuits. Dux Vigilum.

ACHE. s. f. ou bien API. s. m. Plante ombellifére dont les racines sont chevelues, fibreuses & blanchâtres ; les feuilles approchent de celles du persil ordinaire, mais sont plus amples, plus épaisses, & d’un autre vert ; les tiges sont branchues, médiocrement hautes, & portent à leurs extrémités des bouquets de fleurs disposées en parasol. Ses semences sont menues, arrondies, & cannelées sur le dos. Cette plante croît dans les marais & le long des ruisseaux ; transportée dans les jardins, d’âcre & d’amère qu’elle étoit, elle devient douce, & d’un âcre aromatique fort agréable. Le port de toute la plante change aussi par la culture ; c’est ce qui a trompé ceux qui ont cru que l’ache de marais & l’ache cultivée, étoient deux plantes différentes. On nomme en Latin l’ache de marais, ou ache simplement, Apium palustre ; & l’ache cultivée, ou api, & plus ordinairement céleri, Apium dulce, Celeri Italorum. L’ache est apéritive, diurétique, & bonne pour le scorbut. Ses deux espèces, la blanche & la jaune, dans l’extrémité de leur tige, forment un grand panache rempli de fleurs semblables à celles du lilas. Elles fleurissent dans le printemps, & sentent fort bon. La jaune a les racines rougeâtres, & en forme de glands. La blanche les a toutes blanches. Elle se plante de la profondeur de trois doigts à un demi-pied de distance. On la lève tous les trois ans pour en ôter le peuple. L’ache demande médiocrement le soleil, avec une terre grasse & humide. Quelques-uns distinguent quatre sortes d’ache. D’autres en comptent six. 1° L’ache de Macédoine, Apium Macedonicum, 2° L’ache de jardin, Apium hortense, qui est le persil ordinaire. 3° L’ache de montagne, Apium mon-


tanum.