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ADU ADY — ADZ AEC


de lune qui ne soit horizontale à l’égard de quelque endroit de la terre ; savoir, à l’égard de celui qui a pour lors les deux astres dans son horizon : dans l’année 1703, l’éclipse de lune du 3 Janvier a été horizontale, & celle du 23 Décembre le fut encore d’une manière plus remarquable à Paris & dans bien d’autres endroits.

ADULTÉRER. v. n. Commettre le crime d’adultère. Adulterari, Adulterare. Ces deux personnes ont plusieurs fois adultéré ensemble. Celui qui convoite la femme d’autrui, a déjà adultéré dans son cœur. Aucun de nos Traducteurs, que je sache, n’a traduit ainsi en S. Matthieu Ch. V. v. 28. Tous, même les Anciens, Olivetan, Le Febvre, dans la Bible d’Anvers, Genève, les Docteurs de Louvain, Mons, le P. Bouhours, M. Simon, ont mis, Il a déja commis l’adultère en son cœur. Ce mot n’est guère en usage.

ADULTÉRESSE. Femme adultère. C’est un mot dont s’est servi Bayle dans la deuxième édition de son Dictionnaire, Rotterdam, 1702. T. I. p. 144, col.2, lig. 6. Il est fâcheux que ce mot ne soit pas françois, & que nous n’ayons qu’adultère pour signifier tout à la fois & le crime d’infidélité conjugale, & le mari & la femme qui le commettent. Les Latins, qui ont un mot pour chacune de ces choses, sont bien mieux partagés que nous de côté-là.

ADULTÉRIN, ine. adj. Fils ou fille qui sont nés d’un adultère. Terme de droit dont on ne se sert guère que dans le barreau. Nothus, Notha. Les bâtards adultérins sont incapables de bénéfices. Les enfans adultérins sont plus odieux que ceux qui sont nés de personnes libres. Le Droit Romain leur refusoit même le nom d’enfans naturels, comme si la nature les désavoüoit.

ADVOATEUR. s. m. Advocator. Terme de Coutume. On appelle en certains pays, Advoateur, celui qui trouvant des bestiaux en dommage sur ses terres, les appelle, les prend, les avoue comme s’ils étoient à lui.

ADVOCASSER. Voyez Avocasser.

ADVOCASSERIE. Voyez Avocasserie.

ADVOCAT. s. m. On écrit & l’on prononce aujourd’hui, Avocat. Ce mot vient du participe latin Advocatus, Appellé, Appellé au secours. Un Avocat est un homme qu’un plaideur appelle à son secours, pour défendre sa cause & son droit.

ADVOLER. v. n. Ce mot qui signifie, aller vîte pour se rendre en quelque lieu, est vieux, & tout-à-fait hors d’usage. Advolare. Mézerai s’en est servi : Mais lui étant advolé à Paris. Il faut dire, Etant accouru.

ADVOUATEUR. s. m. Terme de Coutume. C’est celui qui avoüe, & reconnoît que son bétail a été pris en dommage. Rac.

ADVOUÉ. Voyez Avoué.

ADVOUER. Voyez Avouer.

ADVOUERIE. Voyez Avouérie.

ADURÉ, ée. part & adj. Vieux mot, qui veut dire, Endurci au travail, comme si l’on disoit, Qui est devenu dur. Duratus, induratus.

ADUSTE. adj. m. & f. Terme de Médecine, qui ne se dit que du sang & des humeurs, quand elles sont brûlées par une trop grande chaleur naturelle. Adustus. Un tempérament aduste. La mélancholie est une bile noire, & aduste. Un sang est aduste, lorsqu’à raison d’une chaleur extraordinaire, les plus subtiles parties étant séparées, les plus grossières restent chargées de lie, & toutes noires, comme si elles étoient brûlées. Harris. Il est mieux dans l’usage ordinaire de dire, un sang brûlé.

On le trouve au figuré. Tetricus, Austerus. C’est la bile qui domine dans l’humeur de ce Magistrat, & cette humeur aduste imprime sur son front une négative perpétuelle. Balz. Cet exemple ne doit pas être imité.

ADUSTION. s. f. Terme de Médecine. État de ce qui est brûlé. Ustio, Adustio. Ce mot ne se dit ainsi que le précédent, qu’en parlant du corps humain. Sa maladie est causée par une adustion d’humeurs.

ADY.

ADY. s. m. Le Palmier de l’isle de Saint Thomas. C’est un très-grand arbre, excédant en hauteur le pin ; son tronc est fort, droit, nud, partant seul de sa racine, d’un bois clair & léger. Il est plein de suc. Ses feuilles ressemblent à celles du Palmier qui porte le coco. Son sommet est orné d’une multitude de branches. Si l’on coupe ces


branches, ou si l’on fait une ouverture au tronc, il en sort des larmes ou un suc, que les Indiens ne manquent pas de recevoir dans des vases. Il leur tient lieu de vin. Cette liqueur enivre aisément. Dict. de James.

ADZ.

ADZEL. Bourgade de Livonie. Adzelia. Elle est dans la contrée de Lettonie, sur la rivière de Teydéra, au-dessous de la ville de Walmes.

Æ.

Æ. Diphtongue. On l’a bannie de tous les mots qui viennent du latin. On écrit César, l’Enéide, Egyptien avec un E simple. Æ n’est point, à proprement parler, une diphtongue en François, Si ce n’est une diphtongue d’écriture. Car pour le son que forme ce double caractère, il est très simple, & ne diffère point du son de la voyelle. Voyez au mot Diphtongue. Cependant, parce qu’on s’obstine encore à retenir l’Æ, sur-tout dans les mots purement latins, l’on en mettra encore quelques-uns avec cette diphtongue.

Æ. s. m. Vieux mot venant d’ætas, dont il garde la seule diphtongue æ. Âge, vie. Poësie de Thibaut, Roi de Nav.

ÆA.

ÆACÉES. s. f. pl. Æacæa. Fêtes & jeux, ou combats solennels qui se célébroient à Ægine en l’honneur d’Æaque, ou Æacus, d’où ils avoient pris leur nom, & qui avoit un temple à Ægine.

ÆAQUE. s.m. Æacus. C’étoit chez les anciens le nom d’un des trois Juges des enfers. Æaque fut fils de Jupiter & d’Europe, ou selon d’autres, d’Ægine. Strabon dit qu’il régna dans Œnopie. Quelques-uns croient qu’il faut lire Œnonem, au lieu d’Œnopiam. Il donna à cette île le nom de sa mère Ægine. La peste ayant emporté tous les hommes de l’île, il pria Jupiter de changer des fourmis qu’il avoit vues, en hommes ; de-là les Mirmidons. Il eut d’Eudéide, Télamon & Pelée, & Phocus de Psamathe. Il étoit d’une équité si grande & si reconnue, que dans les enfers Pluton le fit Juge des morts avec Minos & Rhadamante.

ÆC.

ÆCHMALOTARQUE. s. m. & f. Æchmalotarcha. Ce nom est Grec, & vient de αἰχμαλωτὸς, & de αἰχμή ; le premier formé de αἰχμή, une pointe, une pique, & de ἀλίσχω, ou ἀλόω, je prens, signifie un homme pris par les armes, ou, comme nous disons, pris à la pointe de l’épée, ou de la pique, & le second ἄρχη marque un chef. Ainsi Æchmalotarque, signifie chef des Captifs. Les Juifs, qui ne voulurent point suivre Zorobabel, ni retourner à Jérusalem avec lui, créerent un Æchmalotarque pour les gouverner. Mais c’est une erreur grossière de dire que Æchmalotarque est le nom que ces Juifs donnerent à celui qu’ils choisirent pour leur chef, proche de Babylone ; car ces Juifs ne parloient pas grec, mais hébreu, ou chaldéen. Ils appelerent ce chef qu’ils se donnerent, ראש גלות, ou Rosch gula, chef de la captivité, ainsi qu’ils le nomment encore, comme on le peut voir dans les Rabbins, & en particulier dans le Sepher Juhhasin, fol. 122, p. 2, & dans l’Itinéraire de Benjamin, p. 71, 72, & 81. Origène, qui écrivoit en Grec, a nommé ce chef de la captivité, ἀιχμαλωτάρχης. Au reste, je suis persuadé que les Juifs n’attendirent point au retour de la captivité à se donner des Æchmalotarques. Les Rois de Babylone leur laisserent beaucoup de liberté, comme il paroît par ce que Jérémie leur dit, Ch. XXIX. ℣ 5 & 6, & selon la coutume des Rois d’Orient, dont Hérodote nous rend témoignage. L’histoire de Susane en est une preuve évidente ; & les deux vieillards qui la condamnerent étoient les Æchmalotarques de cette année-là. Les Juifs disent que les Æchmalotarques ne peuvent être pris que de la tribu de Juda ; qu’ils commandent à tous les Israélites, de quelque tribu qu’ils soient ; qu’on les installe avec beaucoup de cérémonies, & qu’on leur rend de grands honneurs, que l’on trouvera décrits dans le Sepher


Juhhasin