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AFF AFF


Ce mot est dérivé d’affinitas, voisinage. Ceux-là sont proprement appellés affines, dont les limites se touchent.

AFFINOIR. s. m. C’est un terme de Cordier, qui signifie une espèce de seran dont les broches sont petites & serrées, au travers desquelles on fait passer le lin, le chanvre, pour les affiner. Pecten, echinus. Prenez cet affinoir, & affinez ce chanvre. Faites passer par l’affinoir.

AFFIQUET. s. m. Petit bois percé & proprement tourné, qui sert à tenir les aiguilles à tricoter. Les femmes le mettent à la ceinture.

AFFIQUETS. s. m. plur. On entend par-là tous les petits ornemens que les Dames portent pour se parer, & pour relever leur beauté ; comme sont les bracelets, les colliers, & toutes les autres choses qui regardent particulièrement la coiffure. Mundus, comptus muliebris. On ne se sert de ce mot qu’en raillant, & il n’a le plus souvent cours que dans le style familier & comique. Ablancourt a pourtant dit : Les femmes n’apportent rien en mariage aux Allemands ; au contraire elles reçoivent d’eux, non pas des parures, ni des affiquets ; mais une couple de bœufs, un cheval enharnaché, le bouclier, la lance & l’épée. En général toutes les parures, vaines, superflues, affectées, s’appellent par raillerie, & même par mépris, Affiquets. Que voulez vous faire de tous ces affiquets-là ? Nicod dérive ce mot Ab affigendo, parce que les affiquets se fichent particulièrement sur la tête. On disoit autrefois affiguets.

Vous avez de riches manteaux,
Vous avez de belles cornettes,
Vous faites d’affiquets nouveaux
Toujours d’inutiles emplettes.
Mais de jeunesse, Iris, d’embonpoint, & d’attraits,
N’en ferez-vous jamais ? Coulange.

☞ Marbeuf a dit dans son Ode sur les coquillages :

Qu’un autre cherche sur ces bords
Les perles, ces parfaits trésors
Pour qui la nacre est desirée,
Moi j’y cherche les avortons,
Les badinages de Nérée,
Et les affiquets des tritons.

AFFIRMANT, ante. adj. Terme de Logique. Affirmans. Il y a des propositions universelles affirmantes. ☞ On dit plus ordinairement affirmative.

AFFIRMATIF, ive. adj. Qui affirme. Vous soutenez que cela est ainsi d’une manière si affirmative, d’un ton si affirmatif, qu’il faut vous en croire. On ne doit rien proposer d’un certain air affirmatif, qui témoigne qu’on ne doute pas de ce qu’on avance, & qu’on ne veut pas même en douter. Nicol. Oui est une particule affirmative.

Affirmatif. s. m. Affirmativus. Terme de l’Inquisition Romaine. C’est le nom que donne le S. Office aux hérétiques qui avouent qu’ils sont dans les erreurs dont on les accuse, & qui, dans les interrogatoires, soutiennent ces erreurs avec opiniâtreté.

Affirmative, est aussi quelquefois substantif, & signifie opinion, proposition par laquelle on affirme. Affirmantis, afferentis opinio. L’affirmative & la négative de la plûpart des opinions, ont chacune leur probabilité. Pasc. L’affirmative paroît la plus probable. Roh. Prendre l’affirmative pour quelqu’un, c’est se déclarer pour lui. Il prend toujours l’affirmative contre moi ; c’est-à-dire, il est toujours contraire à mes sentimens.

AFFIRMATION. s. f. Témoignage qu’on donne qu’une chose est vraie. Affirmatio. Ce mot qui vient du Latin n’est guère en usage que dans le Barreau.

Affirmation en Justice. C’est le serment qu’on prête, & l’assurance qu’on donne de la vérité de quelque fait : ce qui se passe en présence du Juge, lequel fait lever la main, & jurer que la chose affirmée est véritable. On distingue deux sortes d’affirmation, l’une en matière civile, l’autre en matière criminelle. On prétend qu’en matière criminelle l’affirmation se peut diviser ; ensorte que dans la déposition du criminel l’on prenne ce qui fait contre lui, & l’on rejette ce qui tend à sa décharge. Mais en matière ci-


vile, lorsque l’affirmation est volontaire, & faite en conséquence d’un serment déféré à l’une des parties, l’on ne peut point la diviser, sur tout si elle contient des choses connexes, & il faut ou l’accepter toute entière, ou la répudier de même. L’affirmation, par exemple, de celui qui déclare avoir reçu, & restitué un dépôt, doit être prise dans son entier, & l’on ne peut l’accepter pour la réception du dépôt, & la rejetter pour la restitution.

Affirmation. Terme de bureaux, qui se dit de l’écrit qu’un comptable met à la tête de son compte pour le certifier véritable. Selon l’usage des bureaux l’affirmation se met au haut de la première page du compte, & dans la marge en forme d’apostille. Ce terme se dit aussi du serment que fait un comptable, lorsqu’il présente son compte à la Chambre des Comptes en personne, & qu’il affirme que toutes les parties en sont véritables.

Affirmation, est aussi un terme de Logique, opposé à négation, qui signifie l’expression par laquelle une proposition affirme, & dit d’une chose, qu’elle est. Cette proposition contient une affirmation, celle-là une négation. Il est de la nature de l’affirmation, de porter l’esprit à cela. Port-R.

AFFIRMATIONS, au pluriel, se dit en parlant du Greffe des affirmations. Tabularium forense affirmationum. Par l’Ordonnance de 1667, il y a un office de Greffe établi au Parlement pour recevoir, & donner les actes des affirmations des voyages, & du séjour de ceux qui viennent pour faire juger leur procès. Ces actes des affirmations servent au plaideur qui gagne son procès, pour faire taxer ses voyages.

AFFIRMATIVEMENT. adv. D’une manière affirmative. Affirmatè. Il m’a soutenu cela affirmativement & positivement. On dit dans l’Ecole, quand on propose une question, je répons affirmativement ; pour dire que la chose est ainsi.

AFFIRMER, v. act. Soutenir qu’une chose est véritable. Affirmare. On dit qu’une proposition affirme, quand elle tend à établir une vérité positive, & qu’une chose est. L’esprit en concevant deux choses, affirme de l’une, quelle est l’autre, ou au contraire. Roh. Ils affirment que le monde a été composé d’atomes. Bern.

Affirmer, en Justice, c’est se purger par serment, lever la main devant le Juge, qu’une chose est véritable. Jurejurando affirmare. Il a été déchargé de la demande qu’on lui faisoit, en affirmant qu’il avoit payé. Il faut qu’un compte qu’on présente soit affirmé véritable pardevant le Juge ; qu’on affirme la vérité d’une dette, quand on en a obtenu la collocation.

Affirmé, ée, part.

AFFISTOLER. v. a. Terme de dérision, bas & populaire ; pour dire ajuster. Le voilà joliment affistolé.

AFFISTOLEUR. s. m. Ce mot veut dire rapporteur, selon Coquillart. Voyez Borel. Il n’est plus du tout en usage.

AFFLEURER. v. a. Terme d’Architecture. Réduire deux corps saillans l’un sur l’autre à une même surface ; comme une trape au niveau du plancher. Æquare ad libellam.

Affleurer. Terme de Méchanique. Toucher, joindre de fort près. Proximè adaptari. L’avantage de cette roue sur l’autre, est d’avoir un peu plus de simplicité dans sa construction ; mais elle a aussi beaucoup plus de frottement, parce que l’auge doit affleurer assez exactement les côtés, sinon il se fait beaucoup de perte d’eau. Des Billettes. Acad. 1699, Mém. 185.

AFFLICTION. s. f. Peine du corps, ou de l’esprit. Dolor, mœror, ægritudo. Les Elus sont éprouvés dans l’affliction. Les discours étudiés de ces consolateurs sans douleur irrite plus l’affliction qu’ils ne l’adoucissent. M. Scud. Le sage dit que toutes les choses de ce monde ne sont que vanité, & affliction d’esprit. Il reçut une sensible affliction de la mort de son ami. Ablanc. Je trouverai la paix dans mon affliction la plus amère. Port-R. Il n’y a qu’une affliction qui dure ; c’est celle qui vient de la perte des biens. La Bruy. Jamais affliction n’a été ni si piquante, ni si vive. P. de Cl. Il y a des femmes qui ont la triste & fatigante vanité de se rendre célèbres, par la montre d’une inconsolable affliction. Rochef. L’homme doit être dégoûté & lassé de la vie par les douleurs, & par les afflictions. Abad. L’affliction est un tribut que l’homme sage doit payer sans honte à la nature ; & rien en cela ne


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