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x PREFACE.


qu’il ne manquera pas de faire, si elles sont vraies, & qu’il ne pouroit s’empêcher de désapprouver, si elles étoient trop favorables, ou peu sinceres. Il y a pourtant certains Articles sur lesquels il n’est pas tout-à-fait indifférent de se taire ; c’est à ceux-là que nous allons nous borner.

La première Edition du Dictionnaire de Trevoux fut reçûe si favorablement en France, & dans les Pays étrangers au commencement de ce siècle, & debitée si promtement, que l’on ne fût pas longtemps sans en souhaiter, & sans en demander une autre. On crut qu’il ne falloit pas rassasier si-tôt cette faim ; qu’il étoit bon de la laisser croître ; qu’en donnant plus de temps aux Lecteurs pour faire leurs réflexions sur ce Livre, leur jugement seroit plus sûr, & qu’on verroit mieux ce qu’il y manquoit, & ce qu’il y avoit à ajoûter ou à corriger, soit pour la matière, soit pour la forme ; que profitant ensuite du goût constant du Public, on seroit plus en état de donner à l’Ouvrage toute la perfection, dont il est capable, ou du moins d’en approcher.

Dans la suite, quand on a cru qu’il étoit temps de penser à une seconde Edition, (celle de 1721.) tant de personnes habiles s’y sont intéressées, & l’ont fait si efficacement, qu’après la rapidité avec laquelle la première Edition fut enlevée, rien ne fait plus d’honneur à ce Livre, & ne montre mieux combien on l’estime, que le zèle avec lequel on s’est porté à le corriger & à contribuer à le rendre plus accompli.

On a reçû de tous côtés des corrections, des additions, des avis, des remarques.

Le premier soin a été de rassembler tous ces Mémoires, de les examiner avec exactitude, & d’y étudier le goût du Public. On a eu le plaisir de voir qu’il s’accordoit parfaitement avec le plan qu’on avoit suivi dans la première Edition ; & que les Critiques même qu’on en faisoit, étoient un éloge du bon goût & des vûes excellentes du Prince, qui en avoit prescrit & tracé le dessein, & sous les auspices duquel on n’avoit fait que l’exécuter. Car si l’on y a trouvé quelque chose à redire, c’est que ce dessein n’a pas été rempli dans toute l’étendue que S. A. S. l’avoit conçû : on demandoit tous les termes des Arts, même inusités : tous ceux des plus vieilles coutumes avec des exemples : tous les noms des Ordres, tant réguliers que séculiers & militaires : tous ceux des Astres & des Etoiles, dont l’Astronomie se sert, fussent-ils tirés du Latin, du Grec ou de l’Arabe : ceux de l’Astrologie judiciaire : ceux des Factions, des Sectes, des Religions, des Divinités fabuleuses, de tous les Peuples : leurs cérémonies, leurs rites, leurs sacrifices, leurs fêtes sacrées, civiles, ou politiques ; leurs combats & leurs jeux ; leurs mois, leurs cycles, les noms des jeux, & les termes dont on se sert en les jouant : les noms des animaux, & des plantes, même étrangeres, quelque barbares qu’ils soient ; & généralement tous les termes de relations : les noms de certains Livres fameux ; ceux des places & des lieux publics ; les noms propres d’hommes, leurs diminutifs, & tous les changemens que le peuple y fait dans l’usage ordinaire : enfin, outre les termes généraux de Géographie, tous les noms propres de Royaumes, de Provinces, de Contrées, de Villes & autres lieux ; & une infinité d’autres choses qu’on a jugé qui manquoient à la première Edition, & dont il seroit trop long de faire ici le dénombrement.

Quelque disposé que l’on fût à se conformer aux desirs des gens habiles, qui donnoient ces avis, on n’a pas cru les devoir toujours suivre aveuglément & sans examen. On a déliberé quelque temps sur plus d’un article, & en particulier sur les deux derniers, qui regardent les noms propres d’hommes & de lieux ; mais enfin on s’est rendu au parti qui nous étoit proposé, parce qu’on a cru le voir appuyé de raisons sans replique.

En effet, bien que nous ayons plusieurs Dictionnaires, où ces deux espèces de noms ne se trouvent point, il en est pourtant un plus grand nombre encore en toutes Langues, si vous en exceptez peut-être le Grec, dans lesquels on a donné place, au moins en partie, à ces sortes de mots. Robert Estienne, qui les avoit exclus des premières Editions de son Trésor de la Langue Latine, en a fait entrer plusieurs dans l’Edition de Lyon, la plus ample & la plus estimée de ce grand Ouvrage. Quant aux Dictionnaires des Langues modernes, il en est peu où les noms propres, sur-tout de lieu, n’aient été mis ; pourquoi donc manqueroient-ils dans celui-ci ? blâmeroit-on dans ce livre