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ordinairement pour peser les pierres précieuses. Il est d’abord divisé en quatre grains : chacun de ces grains se divise en demi-quitale, en quart de quitale, en huitième de quitale, en seizième de quitale ; & c’est avec ces divisions que les Marchands & Joailliers peuvent donner précisément la juste valeur aux pierres précieuses, & aux perles.

☞ ABASOURDIR. v. a. Etourdir, consterner, jetter dans l’abattement.

Et comme il est le maître, & qu'il a du crédit,
D'une seule menace il nous abasourdit.

Com. des Fables d'Esope.

Danet, dans son Dictionnaire François & Latin, dit qu’Abalourdir ou Abasourdir est un vieux verbe, d'usage seulement parmi le menu peuple. Cela peut être vrai pour le premier, mais non pas pour Abasourdir, dont les honnêtes gens même se servent quelquefois en conversation.

ABASSE, ou ABASCE. s. m. & f. Abassus, Abascius. Habitant de l’Abassie. Les esclaves Abasses sont recherchés en Turquie, à cause de leur industrie & de leur beauté. Les Abasses enferment leurs morts dans un tronc d’arbre creusé, dont ils leur font une bière, qu’ils attachent ensuite aux plus hautes branches d’un grand arbre.

ABASSI, ou ABASSIS. s. m. C'est une monnoie d’argent qui est ronde, & qui a cours en Perse & en Orient, qui vaut un peu plus de dix-huit sous six deniers. Il faudroit écrire Abbassi, parce que ce mot vient d’Abbas, nom de deux Rois de Perse, au nom desquels cette monnoie a été frappée. En leur montrant un Abassi, qui est une monnoie d’argent de la valeur de deux réales de Castille, ils firent espérer une récompense à ceux qui leur voudroient servir de guide. Wicqefort.

ABASSIE, ABASSINIE, ABASSINS. Voyez Abissinie.

ABASSIE. s. f. Abassa. Pays de la Géorgie prise en général. Il a la Mingrélie au levant, la Circassie noire au nord & au couchant, la Mer-noire au midi. Quelques Géographes la confondent avec l’Avogasie ; d’autres les distinguent & mettent l’Abassie au levant, & l’Avogasie au couchant.

☞ ABASSIE, ou ABASCIE. s. f. Nom prpre d'une rivière de la Mingrélie, en Asie, Abascia. On prétend que c’est le Glaucus des Anciens. Elle se décharge dans le Fasso ou le Phâse.

☞ ABAT-CHAUVÉE. s. f. On nomme ainsi en Poitou, dans l’Angoumois, dans la Saintonge, dans la Marche & dans le Limosin, une sorte de laine de moindre qualité, à-peu-près semblable à ce qu’on appelle des Paignons & des Plares. Lana vilis, parvi pretii.

ABAT-JOUR. s. m. Terme d’Architecture, Spiraculum, espèce de fenêtre en forme de grand soupirail, dont l’embrasement de l’appui est en talus, pour recevoir le jour d’en-haut. Il sert à éclairer les offices & les étages souterrains. Les Marchands ont d’ordinaire un abat-jour dans leurs magasins : la lumière sombre qui entre par-là, fait mieux sortir le lustre de leurs étoffes. On appelle aussi abat-jour, la fermeture en glacis d’un vitrail d’Eglise ou de dôme, qui se fait pour en raccorder ou réunir la décoration intérieure & extérieure.

Ce mot est composé du verbe abattre, & du nom jour, & signifie une chose qui abat, c’est-à-dire, qui diminue, qui affoiblit le jour ou la lumière, ou qui le fait descendre du haut en bas. On fait aussi des abat-jours en appliquant aux fenêtres ordinaires des planches de bois, qui joignant la fenêtre & la fermant par en-bas, & s’en éloignant par en-haut, font que le jour n’entre que de ce côté-là.

Abat-jour. Terme de Botanique. Spiraculum. Les Botanistes se servent de ce terme d’Architecture, pour exprimer certaines ouvertures qui sont placées sous le chapiteau du fruit de quelques espèces de pavots. Tournef. Elem. Bot.

ABAT-VENT. s. m. est la charpente qui se met dans les ouvertures des clochers, qui est ordinairement couverte d’ardoise, qui sert à abattre le vent, & qui n’empêche pas que le son de la cloche n’agite l’air de dehors, & ne se fasse entendre au loin : au contraire il envoie en bas le son des cloches, qui autrement se dissiperoit en l’air.


Ce mot est composé du verbe abattre, & du mot vent. Pour le verbe abattre, il est formé de à bas, comme qui diroit à bas mettre. En bas vient du Grec βαθὐς qui signifie profond, bas.

Abat-vent. s. m. On appelle ainsi dans les Sucreries, une espèce d’appentis qui couvre chaque fourneau des Ateliers. Quidquid arcendi venti causâ consiruitur.

ABATAGE. s. m. Cæsura, cæsuræ sumptus, impensæ, signifie entre les Marchands de bois, la peine & les frais pour abattre les bois qui sont sur pied. C’est à l’acheteur à payer l’abatage.

ABATANT. s. m. Terme de Marchand de draps : espèce de dessus de table qu’on éleve au fond d’une boutique & à chaque bout des magasins, & qui s’éleve ou s’abat, selon le jour que l’on veut donner au lieu où l’on vend la marchandise.

ABATARDIR, v. a. Depravare, corrumpere. Corrompre, gâter, altérer la nature de quelque chose, la faire déchoir de son premier état, la faire dégénérer. Il ne se dit qu’au figuré. La misère & l’esclavage ont abâtardi le courage des Grecs. La trop grande avidité des richesses a abâtardi les mœurs.

On le dit de même avec le pronom personnel, & il signifie, Dégénérer, s’avilir, se corrompre. Degenerare, depravari. Toutes les bonnes choses s’abâtardissent avec le temps. Les plantes d’Orient qu’on apporte en Europe s’abâtardissent, & perdent beaucoup de leur bonté. Cette maison s’est abâtardie dans l’oisiveté ; elle ne produit plus de grands hommes. La vertu Romaine s’abâtardit si fort, qu’elle ne put résister à la force des Barbares.

Abatardi, ie. part. pass. & adj. Corruptus, vitiatus.

ABATARDISSEMENT. s. m. Altération d’une chose, diminution de valeur, de mérite, de bonnes qualités. Corruptio, depravatio. Les délices d’un pays causent l’abâtardissement du courage des peuples. Ils sont tombés dans un honteux abâtardissement. Nic.

ABATÉE. En termes de Marine se dit du mouvement d'un Vaisseau en pane, qui arrive de lui-même jusqu'à un certain point, après quoi il revient au vent.

ABATEIS. Vieux mot qui signifioit autrefois Forêt, Sylva. Il est hors d’usage.

☞ ABATELLEMENT. s. m. Terme usité parmi les François dans les Echelles du Levant. Il signifie une sentence de Consul, portant interdiction de tout Commerce contre les Marchands & Négocians de la nation, qui désavouent leurs marchés, ou qui refusent de payer leurs dettes. Consulare judicium inter mercatores. Dict. de Commerce.

ABÂTER, nom d'un des trois chevaux qui tirent le char de Pluton, selon Bocace : il signifie noir. Le second s'appelle Metheus, obscur, & le troisième Nonius, tiède.

☞ ABATON. s. m. Nom d’un édifice à Rhodes, dans lequel il étoit défendu d’entrer. Après qu’Artémise eut surpris cette ville, elle y fit élever un trophée avec deux statues de bronze, dont l’une représentoit cette Reine, & l’autre la ville de Rhodes. Les Rhodiens voyoient avec indignation ce trophée honteux à leur nation : mais comme leur Religion les empêchoit de toucher à ces trophées, qui étoient pour eux des choses sacrées, ils s’aviserent, pour en ôter du moins la vue, de bâtir autour ce haut édifice, qu’ils appellerent Abaton, & dont l’entrée étoit défendue à toutes sortes de personnes, suivant l’étymologie, ἆϐατος, qui signifie où l’on ne va point.

ABATOS. Abatos. Île de l’Égypte, dans le Palus de Memphis. On y conservoit le sépulchre d’Osiris ; & Lucain dit, L. X. qu’elle étoit vénérable par son antiquité ; le lin & le papyrus y croissent. Ce nom signifie inaccessible, & vient de l’α privatif, & de βαίνω, je vais.

Il y a eu encore au-delà de l’Egypte & de l’Éthiopie un lieu ou plutôt un rocher de ce nom, dont Sénéque parle, Nat. Quest. L. 4. c. 6.

ABATTEMENT. s. m. Foiblesse, manque de force. Defectio virium. Ce malade est dans un grand abattement ; les forces lui manquent. Il n'est guère en usage au propre.

Abattement, se dit figurément en Morale. Infractio animi. Cet homme est dans un grand abattement d'esprit depuis le renversement de sa fortune.


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