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☞ ABAVI, ABAVO ou ABAVUM. s. m. Grand arbre qui croît en Éthiopie, & qui porte un fruit semblable à la citrouille.

☞ ABAUNAS. Voyez Actamar.

☞ ABAWI. s. m. Nom que les Éthiopiens donnent au Nil.

☞ ABAYER, ou ESBAYER. Vieux verbe. Écouter avec empressement, avec étonnement.

ABAZÉE. Voyez Sabazie.

ABB.

☞ ABBA, ou ABBA-DAL-CURIA. Nom propre d’une Île d’Afrique, dans la mer de Nubie, entre Socotora & le cap de Guardasui. Abba.

ABBASSIDE. s. m. Abbassidus, Abbassida, ex Abbassi familiâ. C’est le nom d’une famille qui a donné plusieurs Califes aux Arabes. Elle est ainsi nommée d’Abbas, oncle de Mahomet, duquel ils descendoient. Ce fut la centième année de l’Hégire, que Mahomet, arrière-petit-fils d’Abbas, commença à publier ses prétentions sur le Califat. La Maison des Abbassides a donné trente-sept Califes à l’Egypte, depuis l’an 132 de l’Hégire, jusqu’en l’an 656, pendant le cours de 523 années Arabiques, ou lunaires, deux mois & 23 jours. Voyez Herbelot.

ABBATIAL, ale. adj. Abbatialis. Qui appartient à l'Abbé. Logis abbatial. Dignité abbatiale. Mense abbatiale. Messes Abbatiales : ce sont celles que les Abbés doivent célébrer.

ABBAYE. s. f. Abbatia. Monastère érigé en Prélature, ou Maison de Religieux ou de Religieuses, régie par un Abbé ou par une Abbesse. Les Abbayes sont d’ancienne fondation, comme les Abbayes de Cluny, de saint Denis, de sainte Geneviève, &c. Il y a des Abbayes en Commende ; d’autres Abbayes régulières ou en regle ; d’autres qui sont sécularisées, possédées par des Chanoines séculiers. Les Abbayes sont des Bénéfices consistoriaux ; il n’y a que le Roi qui y nomme.

Abbaye, se prend quelquefois pour un composé des Religieux & de l’Abbé. Voilà une Abbaye bien réglée, où l’Abbé vit comme un simple Moine.

Abbaye, se prend quelquefois simplement pour la Maison & le Couvent. C’est par rapport à l’Architecture, un logement joint à un Couvent, & habité par un Abbé. Dans une Abbaye de fondation Royale, il s’appelle le Palais Abbatial. Vign. Voilà une Abbaye bien bâtie, une Abbaye qui tombe en ruines. Il se dit aussi dans ces phrases & autres semblables, non-seulement pour le Palais Abbatial, mais pour tous les bâtimens, tant de l’Abbé que des Moines.

Abbaye, se prend aussi pour un Bénéfice, & pour le revenu dont jouissent les Abbés. Il a obtenu pour son fils une Abbaye de dix mille livres de rente. Henri de Coilli ayant été élu Archevêque d’York en 1141, Innocent II ne voulut point qu’il fût Archevêque, s’il ne renonçoit à l’Abbaye. Fleury.

Quoiqu’il y ait eu autrefois des laïcs qui ont joui du revenu des Abbayes, on ne doit pas pour cela leur donner le nom d’Abbé ; car ç’a été dans des temps de désordre & de nécessité, que les Princes donnerent ces Abbayes à des Seigneurs de leur Cour, pour soutenir les dépenses de la guerre. Charles-Martel est le premier qui l’ait fait.

Toutes les Abbayes de France, à la réserve de celles qui sont Chefs d’Ordre, comme Cluny, Cîteaux, &c. sont à la nomination du Roi. On doit joindre à celles-là les quatre filles de Cîteaux, qui sont saint Edme de Pontigny, la Ferté, Clairvaux & Morimont, qui ont aussi conservé le droit d’élection. Il y a outre cela cinq Abbayes qu'on nomme de Chezal-Benoît, qui sont à l'élection de l'Ordre de saint Benoît, tous les trois ans, par une longue possession. Ces Abbayes sont Chezal-Benoît en Berry, saint Sulpice de Bourges, saint Alire de Clermont, saint Vincent du Mans, & saint Martin de Séez. On a souvent agité la question, si cette possession exclut le Roi de son droit de nomination à ces Abbayes, & cette question n'est pas encore aujourd'hui vuidée. Les Moines Bénédictins qui ont


eu de puissans Patrons dans le Conseil du Roi, jouissent encore aujourd'hui paisiblement de leur droit d'élection.

Comme le Roi n’a son droit de nomination qu’en vertu du Concordat fait entre Léon X. & François I. il y a eu quelques difficultés sur les Abbayes de Filles, parce qu’elles ne sont point comprises dans le Concordat. Il y a même un Article de l’Ordonnance d’Orléans, qui porte que les Abbesses seront élues par les Religieuses des Monastères, & même qu’elles ne seront que triennales. Mais cette Ordonnance n’a point été exécutée. Le Roi nomme également aux Abbayes de filles & à celles d’hommes. Il a cependant toujours eu des disputes sur les Abbayes de l’Ordre de sainte Claire, qu’on prétend être à l’élection triennale des Religieuses. Et de fait, je ne sçais s'il y en a de cet Ordre auxquelles le Roi nomme ; mais il est sûr qu'il y en a auxquelles il ne nomme point, & où les Religieuses élisent leur Abbesse tous les trois ans.

On dit proverbialement, Pour un Moine l’Abbaye ne faut pas ; pour dire, que faute d’une personne qui ne se trouve pas dans une assemblée, on ne laisse pas de se réjouir, ou d’exécuter ce qui a été résolu.

ABBÉ. Ce nom, dans sa première origine, qui est Hébraïque, signifie Pere. Car les Hébreux appellent Pere en leur langue, Ab ; d’où les Chaldéens & les Syriens ont fait Abba, & de Abba, les Grecs ont formé ἀββας, que les Latins ont conservé ; & c’est de là qu’est venu le nom d’Abbé en notre langue. Saint Marc & saint Paul ont gardé le mot Syriac ou Chaldaïque Abba, pour dire Pere, parce qu’il étoit alors commun dans les Synagogues & dans les premières Assemblées des Chrétiens ; mais ils l’ont interprété en ajoutant le mot Pere. C’est pourquoi Abba Pater, au ch. 14. de saint Marc, v. 36. ne signifie pas Mon Pere, mon Pere, comme il y a dans la version de Mons, & dans celle des Jésuites de Paris. Il est mieux de traduire avec le Pere Amelotte, Abba, mon Pere ; ou plutôt avec M. Simon, Abba, c’est-à-dire, mon Pere. Tel est le sentiment de M. Simon, & de quelques autres Interpretes avant lui, comme Emmanuel Sa, Béze & Lightfoot. Leur raison est qu’il y a dans le Grec Ἀββἆ ὀ πατερ, & non pas ὦ πάτερ. Mais d’autres Interpretes, non moins habiles, tels que sont Mariada, Luc de Bruges, Cornelius à Lapide, Grotius, Louis Capell, &c. prétendent que cette répétition marque l’affection & la ferveur avec laquelle Jesus-Christ prioit. L’Interprete Syriac a été dans ce sentiment, quand il a traduit אבא אבי, Pere ! mon Pere ! lui qui n’avoit pas besoin d’interpréter, ou d’expliquer le mot Syriac Abba. Très-vraisemblablement c’étoit aussi la pensée de l’Interprete Arabe, lorsqu’au lieu de יא, dont il s’est servi en S. Matthieu, Chapitre XXVI, vers. 39 ; & en S. Luc, Chap. XXII, vers. 42, où il n’y a que Pater, ou Pater mi ; en S. Marc, où il y a Abba Pater, il a employé איהא, interjection plus forte & plus propre à faire sentir avec combien d’ardeur & d’empressement J. C. prioit. La version Éthiopienne suppose aussi que J. C. dit ces mots ; car elle traduit Wajaba, Aba waabouy. Et il dit, Pere ! & Mon Pere ! D’ailleurs, dans les explications ou interprétations des mots, l’Ecriture met toujours ὁ ἐστί, ou bien ὁ ἐστί, μεσθερμηνευόμενον ; c’est-à dire, ou ce qui s’interpréte ; & non pas simplement comme ici. Voyez Math. I. 23. Marc, V. 41. XV. 22, 34. Jean, I. 39, 42, 43. IX. 7. Act. IV. 36. IX. 36. Après tout, dans une version je mettrois, Abba, mon Pere ! Déterminer si c’est là l’explication ou non, c’est le fait du Commentateur, & non du Traducteur. Quoique ces deux mots Abba, Pere, soient la même chose, tant dans saint Marc que dans saint Paul au Ch. VIII, de l’Epître aux Rom. vers. 15 ; & au Chap. IV, de l’Epître aux Galates, vers. 6 ; il n’y a cependant point de pléonasme dans cette expression. Les Evangélistes & les Apôtres ont conservé dans leurs Ecrits plusieurs mots Syriacs qui étoient en usage ; & comme ils écrivoient en Grec, ils ont en même temps ajouté l’interprétation de ces mots en langue Grecque. C’est sur ce pied-là qu’au Chap. XIII des Actes des Apôtres, vers. 8, où il y a dans notre Vulgate, conformément à l’original Grec, Elymas magus, Mess. de P. R. & le P. Amelotte ont fort bien traduit, Elymas, c’est-à-dire, le Magicien. Ces autres paroles qui suivent immédiatement après (car c’est ce que signifie Elymas) confirment ce qu’on vient de dire, touchant la signification de


Abba