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Ils aborderent en des pays inconnus. Vaug. Il signifie, Arriver en foule. Les présens abordent chez moi de toutes parts. Ablanc. Il signifie encore, Entrer, parvenir. Nous ne pûmes aborder de la place, parce que toutes les avenues étoient gardées. Il fut impossible d’aborder jusqu’à l’autel à cause de la foule du Peuple.

Aborder, signifie aussi, Venir à bord d’un vaisseau. On a contraint ce vaisseau ennemi de mettre pavillon bas, & d’aborder. Accedere. On dit de deux vaisseaux qui s’approchant en droiture, s’enferrent par leurs éperons, qu’ils s’abordent de franc étable. On dit, Aborder au port, sur les rivières : mais en termes de marine, quand on veut dire gagner le rivage, on ne dit pas aborder, mais mouiller, toucher, rendre le bord.

Aborder, v. act. signifie, attaquer l’ennemi hardiment, tant par mer, que par terre. Aggredi, invadere. Les vaisseaux dans les batailles tâchent toujours d’empêcher qu’on ne les aborde. Ce bataillon aborda les ennemis avec une contenance ferme.

On dit aussi, qu’On n’oseroit, ou qu’on ne peut aborder un lieu, à cause de la situation, ou de quelque autre obstacle qui le rend inaccessible, soit des voleurs, ou des bêtes farouches. Quand ce dogue est lâché, on n’oseroit aborder de la basse-cour.

Aborder, signifie aussi, Approcher quelqu’un pour lui parler. Adire aliquem, congredi cum aliquo. Ce Ministre est si honnête qu’on l’aborde facilement. Il l’aborda avec ce compliment : Les Grands doivent soulager le respect & la timidité de ceux qui n’osent les aborder. M. Esp.

Aborder la remise. Terme de Fauconnerie, qui se dit lorsque la perdrix poussée par l’oiseau a gagné quelque buisson : alors on aborde la remise sous le vent, afin que les chiens sentent mieux la perdrix cachée dans le buisson.

Abordé, ée, part. & adj. Appulsus.

ABORENER. v. a. Ce mot se trouve dans le Roman de la Rose, pour dire, Abhorrer : il vient d’abhorrere. Borel.

ABORIGINES, ou ABORIGÈNES. s. m. & pl. Il y a quatre principales opinions sur l’origine de ce peuple, qui feront connoître en même temps celle du nom. 1°. Aurelius Victor les appelle Aborigènes, comme si l’on disoit Abeorigenes, vagabonds, de ab & erro. J’erre çà & là : & il prétend que ce sont des Scythes, qui vinrent demeurer dans cette partie de l’Italie : Festus est aussi de ce sentiment. S. Jérôme dit qu’ils ont été appelés Aborigenes, parce qu’ils n’avoient point d’origine, de ab & origo, origine ; c’est-à-dire, parce qu’ils étoient originaires du pays, & non point d’une Colonie venue de nouveau, ou, comme dit Denis d’Halicarnasse qui rapporte ce sentiment, mais sans l’embrasser, διὰ τὸ γενέσεως τοῖς μετ´ αὐτοὺς ἄρξαι, parce qu’ils furent les chefs de la postérité qui habita ce pays. Virgile semble être de ce sentiment. Æneid. Lib. VIII. v. 177.

Saturnusque Senex Janique Bifrontis Imago,
Vestibulo adstabant, aliique ab origine Reges.

Car Servius remarque, que ab origine Reges, est mis pour Ab originum Reges. & Pline, Liv. IV dit qu’on appelle les Tyriens Aborigines Gadium, les Aborigines de Cadix, parce qu’ils en étoient les fondateurs. 3°. Denis d’Halicarnasse croit qu’ils sont appelés Aborigines ; Ἀϐοριγῖνες de ce qu’ils habitoient les montagnes, comme qui diroit Ἀπὸ ὄρεσι à Montibus. Virgile semble favoriser ce sentiment. Æneid. Lib. VIII. v. 321. v. 177.

Is genus indocile ac dispersum, Montibus altis
Composuit, legesque dedit.

D’autres, dit Danet, en suivant la même opinion, le dérivent de ab, pere, & de ori, caverne, ou lieu creux. L’origine est Hébraïque, mais il falloit dire, har, ouhor, Montagne, pere des montagnes : fils des montagnes, בני הרים seroit plus dans le génie de la Langue Hébraïque.

Quelques Auteurs prétendent que Cham, qui étoit le Saturne des Egyptiens, ayant ramassé divers peuples errans, les conduisit en Italie. Tite-Live & Denis d’Halicarnasse assûrent que les Aborigines vinrent d’Arcadie sous la con-


duite d’Œnotrus, fils de Lycaon : Genebrard prétend que ce sont des Phéniciens, ou Chananéens chassés par Josué. Outre les Auteurs que je viens de citer, voyez Suidas, & les Notes de Portus. Jean Picard dans la Celtopædie, Liv. V, prétend que les Aborigines étoient une Colonie Gauloise. Il se fonde non-seulement sur Caton & Solin, mais encore sur Timagène, fameux historien Grec, dont Suidas nous a conservé le témoignage, & sur Ammien Marcellin, qui dit, que les Aborigines parurent d’abord dans les Gaules. Danet & Maty écrivent Aborigènes, mais M. Corneille écrit Aborigines.

☞ ABORNEMENT, abournement, abonnement, abonnage. Termes synonymes, se prennent aussi pour une convention qui se fait dans quelques coutumes, entre le Seigneur & les vassaux, par laquelle les droits féodaux sont fixés & arrêtés à une certaine somme.

ABORNER, v. act. Terme de Géométrie. Donner des bornes à une terre. Limites ponere, statuere.

ABORTIF, ive, adj. Qui est venu avant terme, ou qui ne peut pas acquérir la perfection, ni la maturité. Abortivus. Il ne se dit guère que des plantes qui ont des fruits abortifs. On le dit pourtant d’un Enfant en cette phrase de l’Ecriture : Il vaudroit mieux être abortif. Et on s’en sert aussi souvent en Médecine. Ce mot vient du Latin aboriri, qui signifie, Venir avant le temps.

Abortif, ive, adj. se dit quelquefois activement de ce qui a la vertu de produire l’avortement. Abortum faciens, producens. Des remédes abortifs. Les remédes les plus abortifs de leur nature.

☞ ABOSI. s. m. Nom propre d’une ville de l’isle de Niphon, au Japon. Abosia, ou Abosium. Elle est dans la principauté de Farima, sur la côte, vis-à-vis l’isle Awad. Abosi est une ville défendue par quatre forts. Elle a un grand magazin Impérial, & est gouvernée au nom de l’empereur du Japon, par un Bugio qui y réside ; un Intendant de l’empereur s’y tient aussi, pour recevoir les revenus de ce Monarque, & en avoir soin. Koempfer, L. V. p. 183. La carte de Koempfer la met environ au 163e degré de longitude, & au 33e de latitude nord.

ABOUCHEMENT, s. m. Entretien de bouche, de vive voix, conférence. Collocutio. L’abouchement des Grands Princes à été souvent nuisible à leurs Etats. On a plutôt terminé une affaire par un abouchement d’une demie heure, qu’en trois mois de négociation par lettres.

Abouchement, Terme d’Anatomie. La rencontre & l’union de deux vaisseaux, des veines & des artères. Venarum, arteriarum concursus.

ABOUCHER, v. act. Aborder quelqu’un, lui parler tête à tête, conférer avec lui bouche à bouche. Colloqui. On ne peut aboucher cet homme là, tant il a d’affaires. Il signifie aussi, Faire conférer une personne avec un autre. Je les ai abouchés, & ils ont terminé leurs affaires. On le dit plus volontiers avec le pronom personnel. Il faut que ces chefs de Parti s’abouchent ensemble. Les Rois de France & d’Espagne se sont abouchés pour la Paix des Pyrenées en 1659.

Aboucher, se dit aussi dans les Arts, des tuyaux qui entrent l’un dans l’autre, qui se touchent, qui se communiquent. Tubum cum tubo jungere. On le dit particulièrement en Médecine des veines & des artères, & autres vaisseaux qui ont de la communication, dont les orifices se touchent. Confluere, conjungi.

☞ ABOUCHOUCHOU. s. m. Sorte de drap de l’espèce de ceux qui s’envoient au Levant par la voie de Marseille. C’est un drap de laine qui se fabrique en Languedoc, en Dauphiné & en Provence.

ABOUEMENT, ou plutôt BOUEMENT, s. m. Terme de Menuiserie. On appelle assemblage d’abouement, celui où la plus grande partie de la pièce est quarrée, & la moindre partie à onglet.

ABOUGRI, ou plutôt RABOUGRI. Terme dont on se sert dans les forêts, pour signifier des bois de mauvaise venue, dont le tronc est court, raboteux, plein de nœuds, & qui ne poussent guère de branches. Arbor retorrida, perusta, scabra. Le bois abougri n’est point propre pour les ouvrages, & est sujet au recépage.

☞ ABOUNA. s. m. C’est le nom que l’on donne à l’Evêque d’Ethiopie. L’Abouna Jacobite fut rappelé. Mém. des Miss. du Lev. T. IV. p. 284.


ABOUQUEMENT