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à croire que personne y eût jamais ajoûté foi, si l’on ne savoit d’ailleurs de quels excès l’esprit humain est capable, lorsqu’il s’abandonne à la superstition & à l’amour des nouveautés en fait de Religion.

Abracadabra, étoit une inscription qui servoit de caractère pour guérir plusieurs maladies, & chasser les Démons. L’Auteur de ce caractère superstitieux vivoit sous l’Empereur Adrien. Il reconnoissoit pour Dieu souverain Abracax, ou Abraxas, duquel dépendoient plusieurs autres Dieux, & sept Anges qui présidoient aux sept Cieux. Il leur attribuoit 365. vertus, autant que de jours en l’an, & débitoit d’autres pareilles rêveries. S. Jérôme, dans son Commentaire sur le chap. 3. du Prophète Amos, écrit que le Dieu ΑΒῬΑΞΑΣ est le même que les Payens adoroient sous le nom Mitra ; & l’on trouve aussi des pierres gravées, où la figure d’un Lion couronné de rayon a pour inscription ϺΙΘΡΑΚ ou ΜΙΘΡΑΞ. On trouve chez les curieux plusieurs pierreries, sur lesquelles est inscrit ce nom Abracax. C’étoient les Gnostiques, les Basilidiens, & les Carpocratiens qui faisoient graver ces pierres, qui avoient des figures fort singulières, & qui représentoient quelquefois des Anubis, des têtes de Lions, de Dragons, &c. Les Anciens qui en ont parlé sont S. Irenée, Liv. 1. Ch. 24. de la dernière édition, Tertullien de Praescript. Ch. 46. S. Epiphane haer. 24. num. 7. & 8. S. Jérôme à l’endroit que j’ai cité, Théodoret, haer. & fabul. Liv. 1. Ch. 4. S. Augustin haeres. 4. S. Jean Damascène haer. 24. Tous ces Pères n’attribuent la fable du Dieu qu’à Basilides, & aux Basilidiens. Parmi les Modernes Macarius & Chiflet ont fait des traités sur cet. Baronius, Gassendi, Du Gange, le Père Hardouin dans une Dissertation particulière, le P. Mont-faucon Palaeogr. L. II. Ch. 8. Feuardent, & le P. Massuet dans leurs Notes sur S. Irenée, en font aussi mention,

Le mot qu’on a écrit ici, Abracax, doit être écrit en caractères Grecs, ΑΒῬΑΞΑΣ, parce qu’outre que ceux qui l’ont autrefois inventé parloient la Langue Grecque, on n’y trouvera pas le nombre de 365. si on l’écrit en Latin : cette faute, qui est dans la plupart des livres, vient de ce que la Lettre Grecque Sigma a la figure d’un C. Latin dans les anciennes inscriptions. Si donc on veut l’exprimer en Latin, il faut écrire Abrasax, & en lettres Grecques courantes, ou ordinaires, ἀβρασαξ. Au reste, Baronius a eu raison de soutenir dans l’Appendix de son second Tome des Annales Ecclésiastiques qu’il falloit lire ΑΒΡΑΣΑΞ, & non pas ΑΒΡΑΞΑΣ. Car dans tous les Pères Grecs qui en parlent ; c’est-à-dire, S. Epiphane, Théodoret, S. Jean Damascène, on lit Ἀβρασὰξ. Il n’y a que dans les Latins qu’on trouve Abraxas, & Abraxan, à l’accusatif. Il est vrai que dans S. Irenée on lit Ἀβραξὰς ; mais nous n’avons qu’en Latin le chapitre où il en parle, & si Ἀβραξὰς y est écrit en Grec, c’est aux Copistes Latins, ou aux Editeurs qu’il faut l’attribuer. Or il est très-facile qu’on ait transporté le Ξ & le Σ. Il paroît même, surtout par S. Jérôme, que c’est l’usage qui avoit fait la transposition. Pour les pierres, je n’en ai point vu qui eussent Ἀβραξὰς. S’il en est, comme on le dit, je ne doute point que ce ne soit ou un mauvais usage que l’ignorance avoit introduit, ou une faute de Graveur. C’est ainsi que l’on trouve Μϑραξ au lieu de Μϑραϰ..

☞ ABRACALAN. C’est un terme Cabalistique, auquel les Juifs attribuent la même vertu qu’à Abracadabra. Selden nous apprend, en parlant de Diis Syriis, que ces deux mots sont des noms d’une Déesse Syrienne. Ainsi le charme suppose apparemment une invocation de cette ancienne divinité. Dict. de James.

☞ ABRACONIS. Ville de la grande Arménie. Abraconium. Elle se trouve sur la rivière d’Alingeac.

ABRAHAM. s. m. Abraham, Abrahamus. Nom propre d’un saint Patriarche fils de Tharé, ou comme l’on prononce en Hébreu, Tharahh, & pere d’Isaac, aïeul de Jacob, & par lui pere de tous les Hébreux, qui sont souvent appelés les enfans, c’est-à-dire, les descendans d’Abraham. Dieu tira Abraham de la Chaldée, & le conduisit dans la terre de Chanaan, où il entra à l’âge de 75 ans. Ce Patriarche s’appeloit d’abord Abram, qui signifie Pater excelsus. Après les promesses que Dieu lui fit d’une postérité nombreuse, il lui changea son nom en


ajoutant un ה hé, au milieu, le nommant Abraham. Les Rabbins trouvent de grands mystères dans ce hé, ה, ajouté. Nos Interprètes expliquent ce mot en plusieurs manières. Les uns disent que אברהם, Abraham, est la même chose que אב המון, Pere de multitude ; c’est-à-dire d’une nation grande & nombreuse. D’autres disent que c’est אביר המון, Multitude forte, puissante. D’autres croient qu’il est composé de trois mots אב רב & אמון, ce qui signifie Pere d’une grande multitude. D’autres enfin, que c’est une contraction du premier nom de ce Patriarche אברם, Abram, & המון, amon, d’où l’on a dit אברהם c’est-à-dire, Pater excelsus multitudinis ; Pere Haut, c’est-à-dire, glorieux d’une multitude, ou d’une nation nombreuse. La foi d’Abraham est célébre dans l’Ecriture. Dans le même style un enfant d’Abraham est quelquefois un homme fidèle, plein de foi, qui imite la foi d’Abraham. Les Arabes disent Ebrahim, & les Turcs Ibrahim.

ABRAHAMIEN, enne, ou ABRAHAMITE. s. m. & f. Abrahamianus, Abrahamita. Nom de Secte. Les Abrahamites nommés par les Arabes Ibrahimiah, du nom de leur Auteur Ibrahim ou Abraham, parurent sur la fin du second siècle de l’hégire, & au commencement du neuvième de Jesus-Christ, sous l’Empire de Nicéphore en Orient, & de Charlemagne en Occident : ce fut dans Antioche, sa patrie, qu’Ibrahim renouvella la Secte des Paulianistes. Cyriaque, alors Patriarche d’Antioche, lui résista puissamment. D’Herb.

ABRAHAMITES, sont aussi des Moines Catholiques du IXe siècle, qui souffrirent le martyre pour le culte des images sous Théophile, ainsi qu’on le peut voir dans le Continuateur de Constantin Porphyrogénéte, L. III. C. II. & dans Cedrenus.

ABRAME. s. m. Nom d’homme. Abramius. Sozom. L. II C. 16. M. Chappel. 4. Fév.

ABRAMEZ. subst. m. Nom d’homme. Abraames. CHAPP. 14. Fév.

☞ ABRAN. Nom d’une ville ancienne de la Tribu d’Aser, dans la Galilée supérieure, aux confins de la Tribu de Nephtali. Jos. XIX. 28. C’est la même qu’Helba ; on l’appelle aussi Acran & Achran. Samson la confond sans raison avec Elmélech.

☞ ABRANTES. Nom propre d’une ville de Portugal. Abrantus. Elle est dans l’Estramadure de Portugal, sur le Tage, entre Portalègre & Leiria.

☞ ABRASION. s. f. Abrasio. Castelli rend ce mot par Ulcération superficielle des parties membraneuses, avec déperdition de substance par petits fragmens. Ainsi l’on dit, qu’il y a abrasion dans les intestins, lorsque la membrane interne est exulcérée, & qu’il s’en détache de petites parcelles qui sont expulsées avec les excrémens. Dict. de James.

☞ ABRAXAS. s. m. Pierres précieuses, sur lesquelles on gravoit des caractères hiéroglyphiques, & qu’on portoit en façon d’amulètes et de charmes. Certains Chrétiens hérétiques, & natifs d’Egypte, qui avoient mêlé un grand nombre de superstitions païennes avec le Christianisme, sont les premiers qui aient fait universellement connoître ces sortes de pierres. Aux Abraxas ont succédé, dans les derniers temps, les Talismans, espèce de charmes, auxquels on attribue la même efficace, & qui sont aujourd’hui en grand credit dans les pays Mahométans, à cause qu’on y a mêlé, comme aux Abraxas, les rêveries de l’Astrologie judiciaire. Essai sur les Hiéroglyph.

Abraxas. Divinité qui fut imaginée par des Sectaires au commencement du second siècle de l’Église : c’étoit, selon eux, un Dieu souverain, duquel dépendoient plusieurs autres Dieux, qui présidoient aux cieux, & auxquels ils attribuoient 365 vertus, une pour chaque jour de l’année. On le représentoit quelquefois sous la figure d’Anubis ou d’un lion. On croit que cet Abraxas est le Mithra des Perses.

☞ Les lettres du nom de ce Dieu, prises arithmétiquement, égalent le nombre des jours qui composent l’année. De-là vient que saint Jérôme croyoit qu’Abraxas étoit le même que le Mithra des Perses ; c’est-à-dire, le soleil. Voici les lettres de ce mot rangées en forme d’Addition. Voyez S. Irènée, L. I. C. 23.


Tome I E a