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ABR — ABR ABS


son écorce est grise & assez unie ; ses feuilles sont longues de six à sept pouces, en maniére d’ellipse, un peu pointues par un bout, d’un très-beau verd, & un peu plus épaisses qu’une piéce de douze sols. Ses branches sont grandes & fort garnies de feuilles ; de maniére qu’il fait un ombrage charmant. Cet arbre est mâle & femelle ; le mâle ne rapporte que des fleurs, le femelle rapporte beaucoup. Quand on ne trouve qu’un noyau dans un fruit, on est sûr qu’en le plantant il produira un arbre femelle.

ABRIER. v. a. Vieux mot qui signifioit, Protéger, défendre, mettre à l’abri, couvrir. Defendere, operire. Mézerai l’a employé. Je dis au Comte qu’il n’oubliât de rejeter ma robe sur son lit, en manière qu’elle les abriât tous deux. Montaigne. Il seroit à souhaiter que ce mot pût revivre. Les Jardiniers s’en servent, pour dire Mettre une couche, une fleur à l’abri du vent. ☞ Abri est encore en usage. Pourquoi perdre Abrier, qui en vient naturellement, & dont le son est très-agréable ? M. Coste, note 10, sur le premier liv. des Essais de Montaigne.

ABRITÉ, ÉE. part. pass. & adj. Terme de Jardinage. Qui est à l’abri. Les fruits gélent souvent, parce qu’ils ne sont pas bien abrités.

ABRIÉVER. v. n. Ce mot n’est plus en usage. Dans le Roman de Perceval il veut dire arriver. Advenire.

☞ ABRIVENT. s. m. C’est tout ce qui nous garantit du vent. Quod à vento defendit. On fut obligé de prendre la paille des paillasses, pour faire des abrivents aux soldats qui n’étoient jamais relevés du chemin couvert. M. de Feuquières.

ABROGATION, s. f. Action par laquelle on annulle, ou on change une loi ; on supprime une coutume. Abrogatio. L'abrogation de la Pragmatique Sanction s’est faite par le Concordat entre François I. & Léon X. en 1516.

ABROGER, v. act. Casser, annuller, mettre hors d’usage. Abrogare. Il ne se dit guère que des Loix & Coutumes. Les anciennes Ordonnances sont abrogées par les nouvelles. Les coutumes s'abrogent par un usage contraire pendant un long espace de temps. Ce Prince entreprit d’abroger les Priviléges de la Nation.

Abrogé, ée, part. pass. & adj. Abrogatus. Les Loix abrogées n’ont plus de force.

☞ ABROHANI. s. m. ou MALLE-MOLLE. s. f. Sorte de coton qu’on apporte de Bengale, aussi-bien que de plusieurs autres parties des Indes orientales. C’est une espèce de mousseline blanche, dont la pièce a seize aunes de long, sur sept ou huit de large.

☞ ABROHLOS. s. m. & pl. Petite isle & rochers qui se trouvent vers les côtes du Brésil. Ce mot en Portugais signifie la même chose que Abréojos en Espagnol, Ouvre les yeux. Ces écueils s’étendent plus de cinquante lieues entre l’isle de Fernando-Noronha, & la Capitanie de Rio-Grande.

☞ Il y a encore d’autres rochers de même nom sur la côte de la Capitanie de Porto-Peguro.

ABROLLES, s. m. C’est un nom de rochers qui s’étendent l’espace de 50. lieues dans la mer du Bresil, vers la Capitainie du Rio-grande. Nos François ont formé ce nom sur celui que les Portugais ont donné à ces écueils, Abrolhos, composé de arbrar, ouvrir, & olhos les yeux. Ces rochers sont très-dangereux, & il faut bien y prendre garde pour les éviter.

☞ ABROTANOÏDE. s. f. Plante pierreuse, maritime, haute presque d’un pied, belle, fort rameuse, ressemblante à l’Aurone femelle, d’où est venu son nom d’Abrotanoïde, quasi similis abrotano. Elle croît sur les rochers.

ABROTONE. s. f. Abrotonum. Lucain, L. IX. v. 920, a dit aussi Abrotonus, m. Herbe, ou plante fibreuse & odoriférante. Elle ne peut supporter le froid, & vient mieux dans une terre maigre & sèche. Il y en a de deux sortes, mâle & femelle. La femelle se dit en Latin, Abrotonum fœmina, ou Santolina ; selon quelques Auteurs, Cupressus, Cyprès. Elle est toujours verdoyante, selon Théophraste. Elle étoit d’un grand usage dans la Médecine ; ce qui a fait dire à Horace, Abrotonum ægro non audet, nisi qui didicit, dare, &c. On dit aussi par corruption, Brotanne pour Abrotone ; mais ces deux termes sont peu usités


dans la Botanique, & ne se trouvent que dans d’anciennes & mauvaises traductions de Livres de plantes. Il faut dire Aurone. Voyez ce mot.

ABROUTI, adj. Bois abroutis, rabougris, ou rabourgis ; ce sont des bois malfaits, parce que, dit-on, les brouts ou bourgeons ont été mangés ou broutés par les bestiaux. Noel. Mémorial. alphabétique.

☞ ABRUCKBANIA, APRAGBANIA. s. f. Nom propre d’une ville de Transylvanie. Autariarum. Elle est sur la rivière d’Ompay, au-dessus de la ville d’Albe-Julie.

ABRUS. Voyez Pois de Bedeau.

ABRUTIR. v. a. rendre bête, stupide. Stupidum acbruti similem facere. Le vin l’a tellement abruti, qu’il est insupportable. On le dit aussi avec le pronom personnel. Les esprits foibles s’abrutissent dans la solitude. Vaug.

ABRUTISSEMENT, s. m. Stupidité grossière. État de celui qui vit en bête. Stupor. Quand un vieux pécheur est tombé dans l’abrutissement, il ne s’en peut retirer sans une spéciale grace de Dieu.

ABRUZZE. s. f. Aprutium. C’est une des quatre parties générales du Royaume de Naples. Elle a au nord le golfe de Venise, au levant la Capitanate, avec la principauté ultérieure ; la terre de Labour au midi, avec l’État Ecclésiastique qui la borne aussi au couchant. L’Abruzze se divise en citérieure, ultérieure, & Comté de Molisse. Elle occupe une partie du pays des anciens Samnites. Le mot François s’est formé de l’Italien Abruzzo, & celui-ci du Latin Aprutium.

ABS.

☞ ABSCÉDER, ABCÉDER. v. n. Terme de Chirurgie. Se tourner en abscès, former un abscès. Abire in abscessum, abscessum generare. Cette tumeur venant à abscéder. S. Yves. Je n’ai trouvé ce mot que dans cet auteur : je doute qu’il soit en usage. Lorsque les abscès sont petits, ils proviennent d’un orgeolet qui abscéde entre le cartilage & la peau qui le couvre. S. Yves. Il fait aussi ce verbe pronominatif, & dit s’abscéder. La tumeur s’étoit abscédée. S. Yves. Il paroît par ces passages qu’un bon oculiste n’est pas pour cela un bon grammairien. On trouve dans le Chirurgien Dentiste : Tumeur disposée à s’abscéder. Tom. I. p. 201. Je ne voudrois point me servir de ce mot, que je ne le visse dans d’autres auteurs.

Abscédé, Abcédé, ée, part. pass. & adj. Terme de Chirurgie. Pourri, tourné en abscès, converti en abscès. In vomicam versus, a, um. Putrefactus. Tout le lobe gauche du cerveau étoit abscédé. Acad. d. S. 1700. Hist. p. 44. Il y a des exemples de personnes dont le foie s’est trouvé squirreux ou abscédé, & qui cependant n’ont jamais été exposées à la jaunisse. Demours. Acad. d’Ed. I. p. 378.

ABCÈS, s. m. Tumeur contre nature, qui tend à corruption. Amas d’humeurs, ou de sang, qui se forme dans une partie interne du corps. Abcessus, vomica. Le peuple l’appelle Apostume. Cet homme est mort d’un abcès qu’il avoit dans le ventre. Un abcès qui perce ou suppure en dehors est capable de guérison. Voyez Tumeur & Aposthème. Quand un serin est attaqué d’un abcès qui se forme sur le croupion, vous le prenez dans vos mains, & avec une pointe de ciseaux bien fins, vous lui coupez adroitement la moitié de ce bouton blanc, puis en faites sortir le pus en le pressant un peu avec le doigt, & y mettez aussi-tôt dessus la plaie un petit grain de sel fondu dans la bouche, & cela fera sécher entièrement le mal. Si vous vous appercevez que votre serin souffre un peu, par ce que le sel le cuit, vous pourrez une heure après, ou environ, mettre sur son mal un petit morceau de sucre fondu avec la salive ; cela adoucira l’acreté du sel, & achevera de sécher la plaie. Hervieux.

☞ ABSCISSE. s. f. Terme de Géométrie & d’Analyse. Abscissa. C’est dans les sections coniques, & dans toute autre courbe quelconque, une partie de l’axe comprise entre le point où commence la courbe, appelée vertex, ou tout autre point fixe que l’on voudra, & une Ordonnée. Quelques Géomètres l’appellent Flèche, sagitta ; & d’autres, Axe intercepté, ou Diamètre intercepté. Aujourd’hui nos Géomètres en France disent toujours abs-


cisse