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tile, qui est enfermée dans le centre de notre terre, ayant forcé & rompu les croûtes qui la couvrent, l’aura fait devenir Soleil ; si les Livres de Mr Descartes subsistoient dans quelque autre tourbillon, où il y eût des hommes, ne regarderoient-ils pas comme des fables tout ce qu’il dit de notre Monde ? Voyage du Monde de Descartes. ☞ Ce mot n’est point dans le Dictionnaire de l’Académie Françoise. Il est rude, & ne peut s’employer que dans le style dogmatique, où tous les termes expressifs sont bons.

ABSOUDRE, v. act. Décharger d’une accusation, de la peine d’un crime. Remettre un crime commis. J’absous, tu absout, nous absolvons, vous absolvez, ils absolvent. Imparf. j’absolvois. Fut. j’absoudrai. Subj. que j’absolve. Part. act. absolvant. Part. passif, absous. Absolvere. Absoudre un Pénitent, lui remettre ses péchés dans le Tribunal de la Confession. Dans le doute il est plus expédient d’absoudre un criminel, que de condamner un innocent. Court. On l’a absous à pur & à plein. On dit aussi dans le discours familier, en parlant d’un défunt, que Dieu absolve, c’est-à-dire, à qui Dieu fasse miséricorde.

☞ Ce mot vient d’absolvere, d’où l’on a fait absoulre, absouldre, absoudre.

ABSOUS, oute. part. & adj. Affranchi, ou déchargé de crime. Absolutus, Quand on est absous de la coulpe du péché, il reste encore communément à satisfaire à la peine qu’il mérite.

Absous, se dit aussi en matière civile. Un défendeur conclut toujours à être renvoyé quitte & absous de la demande qu’on lui a faite.

ABSOUTE, s. f. Absolution publique & solemnelle qui se donne au Peuple. Absolution. L’Evêque en fait la cérémonie le Jeudi Saint, ou le Mercredi au soir dans les Cathédrales. L’absoute se fait aussi par les Curés dans les Paroisses le jour de Pâques.

☞ On donne aussi ce nom au discours qui se fait pour préparer le peuple à l’absolution générale, qui se nomme Absoute.

ABSTÊME, s. m. Terme dogmatique. Qui ne boit point de vin. Abstemius. Pline dit vini abstemius, L. XXII. Et Apulée a fait Invinius. On s’en sert en Théologie, pour parler de ceux qui dans la Communion ne pourroient prendre les espèces du vin, à cause de l’aversion naturelle qu’ils ont pour cette liqueur. Mr de Meaux s’est servi de l’éxemple des abstêmes, pour défendre le retranchement de la Coupe. Les Dames Romaines dans les premiers temps étoient abstêmes ; & afin qu’on pût s’appercevoir si elles buvoient du vin, les Loix de la Civilité Romaine étoit qu’elles donnassent le baiser à leurs Parens, quand elles les abordoient. Plin. l. 22. c. 24. Aulu-Gelle l. 10. c. 22. ☞ On a vû un célébre abstême dans les commencemens du Christianisme, ce fut Apollonius de Thyane. Eméric, fils de saint Etienne roi de Hongrie, fut abstême ; mais peut-être plûtôt par mortification que par aversion pour le vin. Nous avons vû dans le dernier siécle le fameux jurisconsulte Tiraqueau, & le célébre Voiture qui ont été de véritables abstêmes. Les Journalistes de Trévoux faisant parler un Caloyer du mont Athos à un missionnaire : Comment, lui dit le Caloyer, trouver des missionnaires qui soient aussi abstêmes & aussi grands jeûneurs que nos Grecs ?

Ce mot est formé de la préposition abs, & tementum, ancien mot, qui signifioit du vin. Cependant à l’endroit de Pline que nous avons cité, & dans Horace L. 1. Ep. 12. abstemius semble être pris pour un homme qui s’abstient de quelque boisson, ou même de quelque mets que ce soit.

ABSTENIR, v. n. Qui ne se dit qu’avec le pronom personnel. Se défendre l’usage, se contenir à l’égard de quelque chose, se priver de quelque plaisir. Abstinere, temperare. Conjuguez, je m’abstiens ; je m’abstenois ; je m’abstins ; je me suis abstenu ; je m’abstiendrai ; je m’abstiendrois, &c. Ils sentent, à chaque péché qu’ils commettent, un avertissement intérieur de s’en abstenir. Pasc. Il faut se garder, & s’abstenir de se mettre en colère. Ils disoient qu’Auguste s’étoit abstenu de la qualité de Dictateur. Ablanc. Il faut s’abstenir du vin pendant la fièvre. Les Chrétiens ne s’abstenoient de viande pendant leurs jeûnes, que pour mortifier les sens. Du Pin. Les Juifs étoient


obligés de s’abstenir de leurs femmes pendant certains temps. Il ne se peut abstenir de jouer, de parler. Il faut s’abstenir de manger des choses défendues par la Loi. S’abstenir de certaines expressions. Peliss. On le dit quelquefois absolument. Il est plus aisé de s’abstenir que de se contenir.

Abstenir, se dit aussi en matière de récusation de Juges ; & quand la Cour la trouve bien fondée, elle dit pour adoucir l’expression, que le Juge s’abstiendra, c’est-à-dire, de rapporter le proces, ou d’y opiner.

☞ ABSTENIR. v. p. Se dit aussi d’un héritier en ligne collatérale, qui déclare par acte passé au greffe, ou pardevant notaires, qu’ils s’abstient & n’entend point prendre la qualité d’héritier du défunt.

☞ ABSTERGENT. s. m. Terme de Médecine, qui se dit comme Absorbant, émolliant, &c. Abstersif, détersif, qui a la vertu de nettoyer. Abstergens. Les abstergens sont les remédes dont on se sert pour nettoyer la peau, ou les parties superficielles d’un corps des ordures qui s’y sont amassées, & qui bouchent les pores. Harris.

☞ ABSTERSION. s. f. Terme de Médecine, qui exprime l’action des abstergens sur les corps. Abstersio : l’action d’absterger. En ce sens il se prend activement. Il se prend aussi passivement, & alors c’est, dit Mr Harris, l’effet produit par les abstergens, & en général tout nettoiement, si l’on peut parler ainsi.

ABSTINENCE, s. f. Vertu morale par laquelle on s’abstient de certaines choses, en vertu d’un précepte moral, ou d’une institution cerémonielle. Abstinentia. C’est une espèce de la tempérance, & elle se confond quelquefois avec la sobriété. Le grand jeûne, dit S. Augustin, est l’abstinence des vices. Les Athlètes, pour se rendre plus robustes, vivoient dans une abstinence générale de tous les plaisirs. Dac. L’Eglise a enjoint aux Ecclésiastiques l’abstinence des femmes : elle a marqué aussi certains jours de jeûne, & d’abstinence. Il se dit aussi de la simple modération dans l’usage des alimens. On fait des abstinences par un pur régime de vivre, comme de vin, de salines, &c. La diète & l’abstinence sont nécessaires, pour rétablir l’estomac affoibli par la débauche.

Abstinence, signifie quelquefois une simple privation de manger de la chair. Abstinentia carnium. L’abstinence des viandes assaisonnée de dévotion, & accompagnée de la prière, est un des moyens les plus efficaces pour avancer notre sanctification. Boss. L’Eglise ordonne simplement l’abstinence le jour de Saint Marc, & non pas le jeûne. Les Mercredis sont des jours d’abstinence, chez plusieurs Religieux. Les dévots font aussi des abstinences, & des macérations volontaires.

ABSTINENT, ente, adj. Tempérant à l’égard du boire & du manger. Sobrius. Les Peuples du Midi sont plus abstinens que ceux du Septentrion.

Abstinent, s. m. Nom qu’on donna à certains Hérétiques qui s’éleverent dans les Gaules & en Espagne au 3e. siècle, pendant la persécution de Dioclétien & de Maximien, parce qu’ils blâmoient le mariage. Les Abstinens étoient les mêmes que les Hiéraclites, selon Baronius ; & selon d’autres c’étoient des Encratites, nom Grec qui signifie la même chose à peu-près qu’Abstinent. Quoi qu’il en soit, tout le monde convient que les Abstinens étoient une branche des Gnostiques & des Manichéens. Ils faisoient aussi profession de ne point manger de viande, comme étant de soi mauvaise, & ayant été créée par Satan. Voyez Philastrius hær. 83. Ces Hérétiques furent nommés Abstinens, à cause qu’ils s’abstenoient de l’usage du vin & de plusieurs viandes. God.

ABSTERGER, v. Act. Abstergere. Ce mot vient du Latin. Terme de Médecine & de Chirurgie. Purger, nettoyer une plaie, ou ulcère, c’est la nettoyer d’une quantité de pus. Cela se fait par le moyen des amers, comme l’aloës, la myrrhe, & les herbes vulnéraires, qui absorbent un acide lequel ronge les fibres, & tuent de petits vers qui se forment dans les ulcères, & les rendent difficiles à se sécher.

ABSTERSIF, ive, adj. Qui purge & nettoie. Smegmaticus, smecticus. Médicament, purgation abstersive. Smegma.

ABSTRACT, acte. Terme de Philosophie. Il est un peu barbare en François. Ce qu’on détache par la pensée de toute autre chose, afin d’en avoir une connoissance sim-


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