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Advenir, Tèrme de Palais, Assignation, ou Acte qu’on signifie à une Procurent de partie adverse, pour se trouver à l’audience pour venir plaider. In jus vocation denuntiatio vadimonii. Il y a avenir précis à ce jour pour plaider. On ne peut pas obtenir un défaut qu’on n’aye un avenir en main.

A l’Avenir, façon de parler advèrbiale, qui signifie, désormais. Vous en userez à l’avenir comme il vous plaira. Ne faites plus cela à l’avenir. Acad. Fr.

AdVENT. s. m. Le tems qui précède la fête de Noël. Il dure quatre semaines. Le premier dimanche de l’Avent est un dimanche de la première classe. Les Religieux & les personnes de piété jeûnent l’Avent comme le Carême. On ne marie point durant l’Avent sans dispense. Dans les premiers siècles de l’Eglise on jeûnoit pendant l’Avent trois fois la semaine, le lundi, le mercredi & le vendredi. Il est parlé de ce jeûne dans le neuvième Canon du Concile de Mâcon, tenu en 581. Mais il étoit en usage dès auparavant dans l’Eglise romaine, & même dans l’Eglise de France, où l’on prétend que Rupert, Evêque de Tours, l’introduisit. Quelques-uns croient que le Concile de Mâcon ne le prescrit qu’aux Clercs. Ensuite on jeûna tous les jours. Ce jeûne commençoit depuis la fête de S. Martin ; c’est pour cela qu’on l’appeloit le Carême de S. Matin. Les Capitulaires de Charlemagne nous apprennent aussi qu’on faisoit dans le IXe siècle un jeûne de quarante jours avant Noël. Les Clercs y ayant été obligés, comme nous l’avons dit, les personnes pieuses entre les laïques les imitèrent. La coutume s’en introduisit, & l’usage & la pratique en firent une loi. Cependant Amalarius témoigne dans le IXe siècle que cette pratique ne regardoit que les personnes pieuses. En 1270, Urbain V, au commencement de son pontificat, en fit une loi pour les Clercs de la cour romaine. L’Avent n’a pas toujours commencé au même temps. Dans l’office ambrosien il y a six dimanches de l’Avent, & le premier est celui qui suit la fête de S. Martin. S. Grégoire, dans son Sacramentaire, met cinq dimanches, qu’il appelle dimanches d’avant Noël, & qui sont comme les dimanches de l’Avent ; & l’on trouve que l’Avent est quelquefois appelé simplement Carême, Quadragesima, comme dans la vie de S. Dominique l’Enquirassé. On appelle aujourd’hui première semaine de l’Avent, celle par où l’Avent commence, & qui des quatre qui le composent est la plus éloignée de la fête de Noël. Nous apprenons d’Alamarius & de S. Grégoire, dans son Sacramentaire, qu’autrefois c’étoit tout le contraire, & que l’on appeloit première semaine de l’Avent, celle qui est la plus près de la fête de Noël, & qu’on appelle aujourd’hui la dernière. Aujourd’hui, dans toute l’Eglise romaine, l’Avent n’a que quatre dimanches, & le premier est le dimanche le plus proche de la S. André. Dans l’Eglise grecque il commence le 14 Novembre ; ce qui revient à l’ancienne pratique de le commencer à la S. Martin. Voyez AVENT.

On dit, Prêcher l’Avent. Cet Abbé a l’Avent de la Cour ; c’est-à-dire, il est nommé pour prêcher pendant l’Avent. Les Marguilliers de S. Paul ont donné leur Avent à ce Prédicateur ; c’est-à-dire, ils l’ont choisi pour prêcher pendant l’Avent dans leur Paroisse.

Et déja l’on diroit, que pour l’Avent prochain
Le Roi le doit exprès mander à. S. Germain. De Villiers.

Advent, signifie aussi les Sermons qu’un Prédicateur prêche pendant l’Avent, & le Livre qui contient ces Sermons, soit manuscrits, soit imprimés. l’Avent d’un tel Prédicateur est beau ; mais son Carême ne l’est pas tant. Cet Abbé vient de chez Dadure acheter un Avent pour prêcher l’année prochaine. Il y a deux Avents de ce Prédicateur imprimés. L’Avent du P. Bourdaloue, imprimé chez Rigaud, m’a coûté tant. L’Avent du P. Texier est intitulé, L’Impie malheureux : celui de Biroat, La condamnation du Monde. C’étoit assez la coutume au commencement du dernier siècle de faire tous les Sermons de l’Avent sous une seule idée, telle que les deux que l’on vient d’indiquer ; de les rapporter tous à cette idée, de sorte qu’ils fissent un corps de Sermons suivis & tendans tous au même but. Cette coutume a passé.

ADVENTIF, ive. adj. Adventitius. Terme de Jurisprudence. se dit des biens qui arrivent à quelqu’un, soit comme un présent de la fortune ; soit par succession collatérale ; soit par la libéralité d’un étranger. Bona adventitia. Ce mot est opposé à profectitia, qui signifioit les biens qui proviennent du père directement. Ce mari a été condamné à restituer aux héritiers de sa femme, non seulement ses deniers dotaux ; mais aussi ses biens adventifs, qui lui étoient échus par succession collatérale. Il y en a qui écrivent aventice.

AdVENU, eU, part. pass. du vèrbe Avenir. Quod evenit, contigit. Il faut attendre que le cas soit avenu avant que de faire cette demande. On dit au Palais : Il fauc regarder cette procédure comme non fàite & non avenuë.


AdVENUE, s. f. Passage pour aborder en quelque maison, en quelque Ville. Aditus, introïtus. Les Archers ont occupé toutes les avenues de la maison pour prendre ce criminel. La Cavalerie se saisit de toutes les avenues d’une Place pour la bloquer ; elle occupe, elle bouche tous les passages. Le Général s’est emparé de toutes les avenues, & les a fait fermer par des retranchemens.

Advenue, est aussi une allée d’arbres plantés en étroite ligne, qui conduit à une maison de plaisance. Aditus ductis arboribus ad lineam consitus. Les avenues de Versailles, de Vincennes, &c. Voilà de belles avenues d’ormes. Il y a devant ce chateau une grande avenue de noyers. Liger.

AdVENTURE, AVENTURE, ou AVANTURE, s. f. Evénement, accident ; chose qui arrive inopinément. Eventus, casus, fortuna. Les Chiromanciens, les Bohémiens disent la bonne aventure : on croit sottement qu’ils prédisent ce qui doit arriver. Il m’est arrivé aujourd’hui une aventure que je n’attendois pas. Il m’a raconté ses aventures amoureuses. Ce Roman est plein d’aventures bien bizarres, & bien burlesques. Cette Belle peut aisément me dire ma bonne aventure, puisqu’elle me la peut faire. Chev.

Adventure, signifie simplement un événement, une action, un amas de plusieurs circonstances, & l’épithète qu’on joint à aventure détermine plus en particulier sa signification. On dit également bien, plaisante aventure, fâcheuse aventure. Malherbe a dit :

Les ridicules aventures D’un amoureux en cheveux gris.

Le même dit ailleurs :

O ! que pour avoir part en si belle aventure,
Je me souhaiterois la fortune d’Eson,
Qui vieil comme je suis, revint contre nature
En sa jeune saison.

Adventure, se dit aussi de ces accidens surprenans & extraordinaires, qui sont souvent de pures imaginations, ou des entreprises hasardeuses, comme sont celles des Romans de Chevalerie. Il y a des gens qui sont sujets à trouver des aventures : & certains esprits Romanesques qui courent après les aventures. Dom Quichote a voulu imiter les anciens Paladins, qui alloient chercher les aventures. L’Amadis est tout plein d’aventures perilleuses, surprenantes, enchantées. On dit aussi, C’est une femme à aventure, lorsqu’elle a fait parler d’elle par ses galanteries.

On sait de cent beautés les tristes aventures ;
Et l’Empire amoureux est tout plein de parjures.
M. de la Suze.

Une aventure galante ne le touche point, à moins qu’elle ne soit assaisonnée de danger, & de crainte. S. Evr. La triste aventure d’un agneau injustement dévoré par un loup est un exemple instructif que la fable propose. Le Bos. Les bilieux, dont l’amitié est ardente & emportée, font bien du bruit dans les fâcheuses aventures de leurs amis. M. Esp. Les aventures naissent sous les pas des Heros. S. Evr. Les aventures de Belfégor sont plaisamment imaginées, & il y a beaucoup d’art. S. Evr. Les Portugais sont si superstitieux, qu’ils couvrent toutes les images de leur chambre avant que d’achever une aventure amoureuse. Inq. de Goa. Il arrive souvent qu’à la lecture d’un Roman, les filles se passionnent pour des intrigues, & des aventures chimériques. Fenel.

Adventure, signifie aussi, Un événement qui est au pouvoir du hasard, & de la fortune. Je suis préparé à toute sorte d’aventure. Cet homme attend pour se marier quelque bonne aventure, c’est-à-dire, qu’il trouve par hasard quelque bon parti. Prendre sur soi l’aventure d’une affaire : c’est se résoudre à tout ce qui en peut arriver.

On dit en ce sens, Mettre de l’argent à la grosse aventure, pour dire, le mettre à profit sur le négoce de mer, & sur la quille du vaisseau, où on risque le naufrage, & la prise des Corsaires. Le bureau des assurances répond de la grosse aventure.

A l’Aventure, D’aventure, & Par aventure, sont des phrases adverbiales ; pour dire, par hasard, Fortè, fortuito. Errer à l’aventure, c’est marcher sans dessein, & sans savoir où l’on veut aller. C’est être imprudent, que de mettre tout à l’aventure, de faire tout à l’aventure ; c’est-à-dire, sans réflexion. Chacun a la liberté de dire à l’aventure tout ce qu’il pense. Pasc. Combien a-t-on vû de Ministres étourdis gouverner les Etats à l’aventure ? Balz. La plupart des gens n’ont point de principes & vivent à l’aventure. La Bruy. Un baiser bien souvent se donne à l’aventure. La Sabl. Si d’aventure, ou par aventure il arrivoit ; c’est-à-dire, si le hasard vouloit que cela arrivât. Ces deux derniers sont du style badin & burlesque. Réfl.

On appelle aussi, Mal d’aventure, une apostume qui vient au bout


Tome I. K ij des