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ne. Ces effets, qui dépendent de leur âcreté, ont tellement surpris nos anciens, que la plûpart craignoient de toucher ces Plantes, & ont donné par-là occasion à tant de superstitions, & à des précautions ridicules pour les cueillir, ou pour les faire accompagner de leurs contrepoisons. La seconde n’est pas moins âcre que les deux autres ; ses racines cependant sont employées dans les fièvres malignes. On doit user de la poudre mêlée avec d’autres cordiaux ; même la dose en doit être médiocre, de crainte qu’elle n’irrite trop. Ses racines entrent aussi dans des orviétans, & autres compositions alexipharmaques.

On dit que son nom vient d’acone, ville de Bithynie, aux environs de laquelle il croît en abondance, quoique pourtant il croisse par-tout ailleurs, & surtout dans les montagnes de Trente. D’autres disent que ce nom vient d’ἀκόνη qui signifie chez les Grecs un rocher dénué de terre où l’aconit croît volontiers. Ou l’appelle aussi μυοκτονος, parce qu’il tue les rats par sa seule odeur, comme dit Pline. Les Poëtes feignent que cette herbe a été engendrée de l’écume que le chien Cerbère jeta, lorsque Hercule le tira des enfers par force : ce qui fait qu’on en trouve quantité auprès d’Héraclée de Pont, où est la caverne par où Hercule descendit. Les Anciens n’ont pas laissé de le faire servir de médecine contre la piqûre du scorpion, lequel s’amortit dès-lors qu’il touche l’aconit ; & qui au contraire en touchant l’ellébore reprend sa première vigueur, L’Aconit ne fait pas mourir, quand il trouve quelque autre poison dans le corps, parce qu’alors il le combat. La marque de ce poison est de faire venir les larmes aux yeux, de causer une grande pesanteur d’estomac, & de faire enfler le corps. Théophraste dit qu’on le prépare, ensorte qu’il fait mourir seulement au bout d’un an ou de deux. Les flèches trempées dans son jus font des plaies mortelles. Les Indiens emploient avec succès contre les fièvres l’aconit corrigé dans l’urine de vache. Lettr. ed.

ACONSUIVRE. verb. act. Il veut dire, Atteindre, selon Nicod. Pertingere, pervenire, attingere.

ACONTIAS. s. masc. Espèce de serpent, qui a un peu plus d’un pouce de grosseur. Il est long de trois pieds. Sa tête est fort grosse & cendrée. Le reste du corps est d’une couleur fort obscure, excepté le ventre qui ne l’est pas tout-à-fait tant. Quelques-uns l’appellent Cenchrias, à cause qu’il tire sur la couleur du millet. Il y en a beaucoup en Calabre & en Sicile, où on l’appelle Saettone, parce qu’il s’élance sur un homme comme un trait. C’est pourquoi on l’appelle aussi Javelot : & c’est la même raison qui l’a fait nommer par les Grecs Acontias, du mot ἀκόντιον, qui signifie flèche, trait, javelot. Lucain, en parlant de cette sorte de serpens, les appelle volucres jaculos.

Acontias, est encore une espèce de comète dont la tête est quelquefois ronde, & quelquefois oblongue & grosse, & dont la queue est déliée, mais fort longue. Harr.

ACOPUM. s. m. Terme de Pharmacie. Selon quelques Auteurs, c’est une fomentation composée de drogues chaudes & émollientes, propre à diminuer le sentiment de la lassitude contractée par un travail excessif, ou par un exercice violent. Harr. Ce mot vient de l’α privatif, & de κόπος, labor, peine, travail.

ACORDE. Voyez Accorde.

AÇORES, ou AZORES. Açores, ou Azores, Cassiterides. Îles de l’Océan atlantique, qu’on nomme aussi Tercères, ou Flamandes. Elles sont entre les côtes d’Espagne & celles de Canada, & appartiennent aux Portugais. Elles ne sont habitées, selon Roterus, que depuis l’an 1439. Il n’y en avoit que sept d’abord comprises sous ce nom : aujourd’hui on en compte neuf, qui sont, Tercère, S. Michel, Ste. Marie, S. Georges, Pico, Fayals, Gratiosa, avec Floreo & Corvo, qui ont été découvertes les dernières. On les appelle Acores, du nom Espagnol & Portugais açor, qui signifie un faucon, ou un épervier, ou un autour, parce qu’on y en trouve beaucoup ; Tercères, du nom de la plus considérable ; Flamandes ; parce que ce fut un Flamand qui les découvrir le premier ; Cassitérides, ou Cattitérides, parce qu’on suppose que ce sont celles auxquelles Ptolomée & Pline ont donné ce nom. C’est dans Tercère la principale des Açores, qu’Alphonse Henri Roi de Portugal, fut envoyé en 1669, lorsqu’il fut déclaré incapable de gouverner. Voyez la description qu’en ont fait Louis de Tercera, Linschot, & l’Auteur anonyme de l’Histor. Orb. terr. Geogr. & Civil. & l’Hist. de la Comp. de Jes. T. v. L. 21.

ACORUS. s. m. Plante médicinale. Plusieurs anciens Médecins ont confondu l’Acorus, avec le Calamus aromaticus, quoique ce soient deux plantes d’un caractère différent. Il y a deux Acorus, l’un vrai, dont il s’agit ici ; & l’autre faux, qu’on nomme Flambe de marais. Le caractère particulier qui distin-


gue l’Acorus vrai de la Flambe & du Calamus, c’est qu’il sort du milieu environ de quelques-unes de ses feuilles une masse longue & grosse comme le petit doigt, semblable au Macropiper, ou poivre long. Cette masse est composée d’une infinité de petites fleurs, dont le pistil devient un fruit à quatre ou à cinq faces. Ces fleurs & ces fruits sont si étroitement unis, & rangés avec tant d’ordre, qu’on diroit que c’est un ouvrage à la Mosaïque. Ses feuilles, quoique semblables à celles de la Flambe de marais, sont beaucoup plus étroites, & donnent une odeur agréable, lorsqu’elles sont froissées. Ses racines ont aussi une bonne odeur, sont de couleur rougeâtre, genouillées, tracent & se replient comme celles de la Flambe. On emploie ses racines en Pharmacie ; elles entrent dans la composition de la Thériaque ; les parfumeurs s’en servent dans leurs parfums. Cette plante vient au bord des ruisseaux & des chaussées en Flandres.

ACOTER. Voyez Accoter.

Acoté. Voyez Accoté.

ACOTOIR. s. m. Ce qui sert d’appui, de soutien à quelque chose. Fultura, fulmentum. Je suis si las, que je cherche un accotoir. Il est bas, hors de la conversation. En particulier, c’est un morceau de bois plat, attaché dans les confessionnaux, ou dans les chaises à porteurs, pour servir d’appui.

ACOTEPOT. s. m. Petite pièce de fer, courbée en demi-cercle, qu’on met au pied d’un pot, ou d’un coquemar, pour empêcher qu’il ne tombe. Fulcrum. D’autres disent Appuiepot.

ACOUSTIQUE. adj. Terme de Médecine qui se dit des médicamens propres pour remédier aux incommodités de l’ouie. Ἀκοὴ, est un mot Grec, qui signifie, ouie. Il se dit encore des instrumens, dont ceux qui sont incommodés de la difficulté d’entendre, se servent pour y suppléer. On le dit généralement de tous les instrumens qui servent à augmenter le son. Cornet Acoustique. M. Moock Anglois, dit dans la Préface de sa Micrographie, qu’il n’est point impossible d’entendre d’une stade ; c’est-à-dire la huitième partie d’un mille, un petit murmure qu’une personne feroit entre ses dents ; qu’il sait un moyen par lequel il est aisé d’entendre quelqu’un parler au travers d’une muraille de trois pieds d’épaisseur, & que par le secours d’un fil d’archal bandé, le son peut être porté à une distance très-considérable presque dans un instant. Le Ch. 5. du I. Vol. des Transactions Philosophiques parle sur la fin, des sons, & de quelques instrumens Acoustiques. Voyez p. 593 & suiv.

Acoustique, se dit aussi du nerf qui va s’insérer dans l’oreille, qu’on appelle nerf Acoustique & du conduit externe de l’oreille, qui se nomme, le conduit acoustique.

ACOUTI. s. m. Petit animal des îles de l’Amérique. Son poil est roux, & assez rude. Les habitans dressent des chiens pour chasser ces animaux, qui se retirent dans le creux des arbres. On les apprivoise, & on les accoutume à marcher sur les pattes de derrière, & à manger avec celles de devant à la manière des singes. Il a le corps, l’agilité, & les dents d’un lièvre ; mais il a la tête approchante de celle d’un rat, & les oreilles courtes & arrondies. Les jambes de derrière n’ont point de poil, & ont six ongles, celles de devant n’en ont que quatre. La femelle porte deux ou trois fois l’année. Quand elle est près de mettre bas, elle fait un petit lit d’herbe, ou de mousse, sous un buisson, & y fait les Petits, qui ne sont jamais plus de deux. Là elle les alaite deux ou trois jours, puis elle les transporte, comme les chattes font leurs petits, dans des creux d’arbres, où elles les nourrit, jusqu’à ce qu’ils soient en état de se pourvoir d’eux-mêmes. Le Père du Tertre écrit Acouty ; M. de Poinci Agouty. Voyez ce mot.

ACQ.

ACQS. Aquæ Augustæ, Aquæ Tarbellicæ, Tasta, Tarbellio, Vibio, ville épiscopale de Gascogne. Voyez Dax. C’est ainsi qu’on l’appelle communément.

AcQUERAUX. s. m. pl. Instrumens dont on se servoit autrefois pour jeter des pierres.

AcQUÉREUR. s. m. Emptor, partor. Il ne se dit que de celui qui acquiert des biens immeubles. C’est celui qui a acheté, échangé, prescrit ou reçu en payement un immeuble, ou bien à qui quelque chose est échu à quelque titre que ce soit, comme de donation, de legs, ou autrement. C’est celui qui a acquis une chose par un titre translatif de propriété. L’acquéreur évincé a recours contre son vendeur pour la restitution du prix de la chose. Quand l’acquéreur paye de ses deniers les créanciers de son vendeur, il n’est pas nécessaire de stipuler la subrogation, elle se fait de plein droit. L’acquéreur ne peut ôter les armes de l’Eglise dont le vendeur est fondateur. Un acquéreur de bonne foi prescrit


par