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ACH ACH

ACHANACA est une plante des Indes, dont la feuille ressemble au chou ; mais elle est plus mince, & les côtes en sont plus tendres. Son fruit est gros comme un œuf, & de couleur jaune ; on le nomme Alfard : il croit au royaume de Mély ; on emploie sa décoction dans les maladies vénériennes. Voyez Thevet.

ACHAMECH. Terme de Chymie. Selon quelques Chymistes, c’est l’écume & les ordures de l’argent. Harr.

ACHARNEMENT. s. m. Forte passion, emportement, attachement opiniâtre à quelque chose. Libido, propensio. Il se dit plus ordinairement en mauvaise part. Il a un furieux acharnement pour la débauche.

Acharnement, se dit encore de la fureur & de l’animosité avec laquelle on persécute quelqu’un. Insectatio vehemens, acerba. Ces deux Auteurs ont un furieux acharnement à se perdre mutuellement ; ils se déchirent par-tout.

Tous les dévots de cœur font aisés à connoître.
Jamais contre un pécheur ils n’ont d’acharnement ;
Ils attachent leur haine au péché seulement. Mol.

Arracher ce levain des fureurs parricides,
Qu’enfantent les esprits de nouveautés avides,
Dont les coups inhumains sont d’autant plus mortels,
Que leur acharnement croit servir les autels.

La Bastide.

ACHARNER, v. act. Donner aux bêtes le goût, l’appétit de la chair. Carnis famem, ou appetitum, excitare, irritare, ciere. On acharne les chiens, les oiseaux de proie à la curée. On dit aussi en Fauconnerie, acharner l’oiseau sur le tiroir, soit au poing avec le tiroir, qui est une aile de chapon ou de cocp-d’Inde ; ou en attachant le tiroir au leurre. Accipitres oblatâ escâ pascere. Il y a des oiseaux farouches qui ne s’acharnent jamais, & qui se laissent plutôt mourir de faim.

Acharner, animer. Irritare. On les a acharnés les uns contre les autres.

Acharner, se dit figurément en Morale avec le pronom personnel, pour dire, s’attacher avec fureur, avec opiniâtreté, à persécuter quelqu’un, à le blâmer. Acriter infectari. Ces deux plaideurs sont furieusement acharnés.

Il déchire l’Eglise il s’acharne contre elle ;
Et voulant s’affranchir des droits qu’elle a sur nous.
Il se les attribue & les prodigue à tous.

La Bastide.

Il signifie quelquefois s’adonner avec excès. Ferri immoderatiùs. Il est dangereux de s’acharner au jeu. Ce Docteur est si fort acharné à l’étude, qu’il se dessèche sur ses Livres. S. Evr. Ce mot est un composé, & dérive de chair.

Acharné, ée, part. & adj.

ACHART. s. m. Nom propre d’homme. Aicadrus. Saint Aicadres, que nous appelons plus communément S. Achart, & que d’autres nomment encore S. Acaire, étoit issu d’une des meilleures maisons de Poitou, & fut second Abbé de Jumièges.

Acquisition ; traité par lequel on achète. Emptio. Il a fait aujourd’hui l’achat d’une terre à sa bienséance. Il a fait un mauvais achat. Il se prend aussi pour la chose achetée. Je veux vous montrer mon achat. Achat passe louage, est un proverbe tiré des Coutumes de Namur ; c’est-à-dire, que l’acheteur d’un héritage peut déposséder le conducteur, ou locataire, sauf à lui son recours contre son locateur. Ce mot vient du Latin adcaptare, ou adceptare. L’achat diffère de l’échange, en ce que dans l’achat on livre, ou on promet de livrer une chose pour un certain prix, & dans l’échange on donne une chose pour une autre, qui n’est pas de l’argent ; par exemple, du blé pour du vin, du bois pour du fer.

ACHATE. s. m. Achates. Nom propre d’un des compagnons d’Ænée, son ami & son confident, qui, dans Virgile, ne le quitte presque jamais. C’est de-là que ce mot a passé dans notre Langue pour signifier un ami constant, un compagnon fidèle, un homme avec lequel on est toujours.

Sans ce fidèle Achate il n’eût su faire un pas ;
L’un étoit le David, l’autre le Jonathas.


ACHE. s. f. ou bien API. s. m. Plante ombellifére dont les racines sont chevelues, fibreuses & blanchâtres ; les feuilles approchent de celles du persil ordinaire, mais sont plus amples, plus épaisses, & d’un autre vert ; les tiges sont branchues, médiocrement hautes, & portent à leurs extrémités des bouquets de fleurs disposées en parasol. Ses semences sont menues, arrondies, & cannelées sur le dos. Cette plante croît dans les marais & le long des ruisseaux ; transportée dans les jardins, d’âcre & d’amère qu’elle étoit, elle devient douce, & d’un âcre aromatique fort agréable. Le port de toute la plante change aussi par la culture ; c’est ce qui a trompé ceux qui ont cru que l’ache de marais & l’ache cultivée, étoient deux plantes différentes. On nomme en Latin l’ache de marais, ou ache simplement, Apium palustre ; & l’ache cultivée, ou api, & plus ordinairement céleri, Apium dulce, Celeri Italorum. L’ache est apéritive, diurétique, & bonne pour le scorbut. Ses deux espèces, la blanche & la jaune, dans l’extrémité de leur tige, forment un grand panache rempli de fleurs semblables à celles du lilas. Elles fleurissent dans le printemps, & sentent fort bon. La jaune a les racines rougeâtres, & en forme de glands. La blanche les a toutes blanches. Elle se plante de la profondeur de trois doigts à un demi-pied de distance. On la lève tous les trois ans pour en ôter le peuple. L’ache demande médiocrement le soleil, avec une terre grasse & humide. Quelques-uns distinguent quatre sortes d’ache. D’autres en comptent six. 1° L’ache de Macédoine, Apium Macedonicum, 2° L’ache de jardin, Apium hortense, qui est le persil ordinaire. 3° L’ache de montagne, {{lang|la|Apium montanum. 4° L’ache de marais, Apium palustre. D’autres ajoutent, 5° l’ache de Smyrne, Apium Smyrnicum, 6° celui qu’ils appellent Hipposclinum. Les Grecs en certains jeux donnoient une couronne d’ache au vainqueur. De-là vient que sur les médailles de Néron on trouve Isthmia dans une courone d’ache. Voyez Patin, Vaillant dans ses Colonies, & M. Spanheim, p. 314, de l’édit. de Londres.

ACHÉENNE. s. f. Achæa. C’est-à-dire, la triste, la désolée. C’est un surnom qu’on a donné, 1°. à Cérès, à cause de la douleur que lui causa l’enlèvement de Proserpine sa fille. Plutarque, dans son Livre sur Isis & Osiris, dit que les Bœotiens avoient un Temple de Cérès Achéenne. 2°. Aristote, L. de mirabil. dit que les Dauniens, ancien peuple d’Italie, avoient un Temple dédié à Pallas Achéenne.

Ce mot a deux origines différentes. Quand il se donne à Cérès, il vient du mot Grec ἄχος, qui signifie douleur. Mais quand il a été donné à Pallas par les Dauniens, je crois qu’il signifie, qui est venu d’Achaïe, & que ce n’est que le féminin d’Achéen. En effet, ce Temple des Dauniens étoit vraisemblablement bâti par Dioméde & les Achéens ; c’est-à-dire, les Grecs qui vinrent avec lui en Italie, puisqu’Aristote dit qu’on y conservoit les armes de ce Capitaine & de ses compagnons. Ils y déposerent apparemment une statue de Pallas qu’ils avoient apportée, & qui, ou parce qu’ils l’apportoient d’Achaïe, ou parce qu’elle fut mise là par des Achéens, fut surnommée Achéenne.

ACHEIROPOÊETE. adj. Pris substantivement. Nom Grec, formé de l’α privatif, de χεὶρ, la main, & de ποίητις, fait de ποιῶ, faire, signifie, qui n’est pas fait avec la main. On désigne par ce mot un portrait de Notre-Seigneur qui se voit à Rome dans l’église de S. Jean de Latran, & qui, à ce que l’on dit, ayant été ébauché par S. Luc, fut achevé par les Anges, & ne fut point fait de main d’homme.

ACHEM ou ACHIM. Achemum, Acemum. Nom d’une ville & d’un royaume qui occupe la partie septentrionale de l’île de Sumatra. Achem est le plus grand royaume de l’île de Sumatra, éloignée d’environ douze lieues de la terre ferme où est Malaca. Bouh. M. Corneille écrit dans un endroit Achen, & dans un autre Achen, & le P. Bouhours Achen. J’ai vû des relations qui écrivoient toujours de même.

ACHÉMENIDE. s. m. plus souvent au pl. Achœmenides. Achœmenides, Achœmenidæ. C’est un nom Patronimique, qui signifie, un homme descendu d’Achœmenes, père de Cambyse, & grand père d’un Cyrus, différent du grand Cyrus, homme de la famille royale de ces anciens Perses. Pline & Solin ont prétendu que c’étoit un nom de


Peuple.