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Peuple. Ils se sont trompés ; c’est un nom de famille. Xerxès dit dans Hérodote, Livre vii. Chap. ii. qu’il est fils de Darius, fils d’Hystaspe, fils d’Arsames, fils d’Ariamnes, fils de Theispes Cyrus, fils de Cambyse, fils d’Achœmenes. C’est de là qu’on appelle les Rois Perses Achœmenidas, ainsi que le dit Hérodote, Liv. i. Ch. cxxv. Les Poëtes étendent encore la signification de ce nom ; & comme ils appellent Æneadæ, & Romulidæ, les Romains en général, ils appellent de même les Perses Achœmenides, & ils disent Achœmenien ; pour dire Persan.

ACHEMENT. s. m. Terme de Blason, se dit des lambrequins découpés ou chaperons, qui enveloppent le calque & l’écu. Fluentes circa scutum & galeam laciniæ. Ils font découpés d’étoffe & ornés de perles, & de broderie ; parce qu’en vieux François on appeloit achêmes toutes sortes d’ornemens, & particulièrement ceux des femmes ; comme coiffes, guimpes, atours, chaînes, anneaux, &c.

ACHEMINEMENT. s. m. Il ne se dit point dans le propre. Disposition à une chose, préparation qui en fait espérer le succès. Gradus, via. Le mépris des grandeurs de ce monde est un acheminement à la perfection. Le gain de la bataille fait un acheminement à la paix. Sar. Un premier pas si heureux fut un acheminement à une plus grande fortune. M. Scud.

ACHEMINER, v. act. Qui ne se dit au propre qu’avec le pronom personnel, Se mettre en chemin. In viam se dare, contendere, tendere, pergere. Iter instituere, intendere. Ces Voyageurs se sont enfin acheminés. Il s’achemina vers la Cappadoce. Vaug. Il s’achemina par les déserts, pour surprendre l’ennemi à l’improviste. Ablanc. Les Croisés s’acheminoient gais & gaillards à l’entreprise de la guerre sainte, comme assurés d’acquerir le Paradis. Pasq.

Acheminer, se dit figurément en Morale, des desseins, des affaires, des entreprises, pour dire, les avancer, les mettre en bon train pour l’exécution. Perducere, administrare, gerere, procurare. Une vive foi achemine les Chrétiens à la gloire éternelle. Cet Avocat a fort bien acheminé cet affaire, il l’a mise en train de réussir. Le Roi n’a point fait de conquête qu’il n’ait méditée auparavant, & où il ne se soit acheminé comme par degrés.

Acheminé, ée. part. pass. & adj. Viam, ingressusus.

On appelle en termes de Manège, un cheval acheminé, celui qui est accoutumé à aller droit devant lui, qui connoit la bride, & répond aux éperons ; qui est dégourdi, & rompu. Aptus, idoneus. Ces mots se tirent du primitif chemin.

ACHENOIS, oise. s. m. & f. Qui est d’Achem. M. Corneille, dans l’endroit où il écrit Achin, dit Achinois ; mais le P. Bouhours, dans la Vie de S. François Xavier, dit Achénois. Le P. Prémare Jésuite, dans une relation fort ingénieuse & fort bien écrite, qui parut en 1701, dit aussi Achénois. On n’eut point d’autres nouvelles à Malaca de l’armée des Achénois, que celles qu’elle y apporta elle-même. Bouh. Les Achénois sont fort superstitieux à l’égard de se laver & de se purifier pour leurs souillures, ce qui fait qu’ils aiment à demeurer auprès de quelque ruisseau. T. Corn.

ACHERNER. Terme d’Astronomie. C’est le nom d’une étoile fixe de la première grandeur dans Eridanus, & dont la longitude est de 10 d. 31. min. & la latitude de 56. d.

ACHÉRON. s. m. Acheron, Acheros. C’est le nom de plusieurs fleuves. On en met un dans l’Epire, nommé aujourd’hui Verlichi nigro, ou Vanas, que Ptolomée appelle Acheron, & Tite-Live Acheros. Strabon en met un dans l’Epire, contrée du Péloponèse, & un autre dans le pays des Brutiens en Italie ; c’est-à-dire, dans la Calabre, que Barrius, dans sa Calabre, prétend être celui qu’on nomme aujourd’hui Campaniano. Il se déchargeoit dans la mer à Butrinto dans le Sinus Ambracius, Auguste ayant conduit une Colonie à Butrinto, fit un pont de mille pieds de long sur l’embouchure de l’Achéron. Tout le monde admiroit cet ouvrage, dit Pline, Liv. iv. C. i. Nous en avons une médaille. August. Butr. La tête d’Auguste nue : au revers P. Pompon. Un pont, Voyez M. Vaillant, Méd. des Emper. T. I. p. 19. Strabon met un autre fleuve Achéron en Bithynie, proche d’Héraclée, &c. Mais le plus fameux de ce nom est celui que les Poëtes comptent parmi les fleuves de l’enfer : si cependant il est différent de l’Achéron de l’Epire, car on prétend que les anciens ont mis l’enfer en Epire, parce que les premiers Epirotes travail-


loient aux mines qu’ils trouvèrent dans leur pays, & y faisoient périr beaucoup d’esclaves.

Achéron, est aussi quelquefois un Dieu qui nâquit de Cérès dans l’île de Crète, & qui ne pouvant soutenir la lumière du jour, se retira aux enfers, & y devint un fleuve infernal, Voyez Bocace, L. 3. de la Généal. des Dieux, C. 4. Rudbecks, qui dans son Atlantique, attribue à la Suéde tout ce que les anciens ont dit de quelque pays que ce soit, prétend que l’Achéron, l’enfer, les champs élisées, sont la Suéde, & soutient que la manière dont on rendoit anciennement la justice parmi les peuples du septentrion, est l’original d’après lequel les Poëtes ont tiré toutes les descriptions qu’ils ont données de la justice infernale ou des procédures de Minos, d’Æaque, & de Rhadamante. Hofman dérive ce mot Achéron de l’Hébreu אחרון, qui signifie dernier, ce qui est après, ce qui est éloigné. D’autres le tirent du Grec, c’est-à-dire, de l’α privatif, & de χαίρω, se réjouir, ou bien de ἄχος douleur, tristesse, & ρεω, je coule ; comme qui diroit, un fleuve qui roule des larmes & des pleurs. Les Poëtes prennent figurément l’Achéron pour tout l’Enfer.

ACHETER. v. act. Acquérir quelque chose à prix d’argent dont on convient. Emere. Il a acheté une terre, & l’a bien payée : il l’a achetée à beaux deniers comptans. Il a acheté les droits de cette succession. Il a acheté beaucoup d’étoffes à crédit. J’achèterois cela au poids de l’or, pour dire, chèrement. Il est permis par le Droit civil, d’acheter l’espérance. De Roch. Voyez ESPÉRANCE. Celui qui achete des Charges publiques, se met dans une nécessité de vendre en détail ce qu’il a acquis en gros. C’est ce que disoit autrefois l’Empereur Sévère. De Roch.

Dès que l’impression fait éclore un Poëte,
Il est esclave-né de quiconque l’achete. Boil.

On dit aussi, acheter des bans ; pour dire, obtenir la dispense de les publier. Quelques-uns dérivent ce mot de acceptare, parce que le consentement de l’acheteur est ce qui rend parfait le contrat de vente. Ménage & du Cange veulent qu’il vienne de accaptare, qui se trouve dans les Capitulaires, & signifie petere & acquirere. D’autres le dérivent de l’Italien cattare & accattare. Les Picards disent encore acater.

Acheter, se dit figurément en Morale, pour marquer les difficultés qu’il a fallu lever, les obstacles qu’il a fallu surmonter, les peines qu’il a fallu essuyer pour obtenir une chose. Redimere carè. Il m’a fait acheter bien cher la grâce que je demandois. Carè vendidit. Prenez garde d’acheter un bien imaginaire, aux dépens d’un vrai bien. Je n’achete point si cher des espérances. Dac. Les hommes sont tellement amoureux de la liberté, qu’ils l’achètent au prix de la vie. Dur. Ce partisan enrichi par les concussions, a acheté de la naissance, & un nom. La Bruy.

On dit proverbialement en parlant du vin, Qui bon l’achète, bon le boit.

Acheté, ée. part. Emptus, a.

ACHETEUR. s. m. Celui qui acheté. Emptor. C’est l’acheteur d’une maison qui paye les droits seigneuriaux dans la Coutume de Paris. C’est une espèce de revenu, que de n’être pas grand acheteur. Dur. Cette femme est une grande acheteuse ; c’est-à-dire, qu’elle a la passion d’acheter tout ce qu’elle voit. On appelle aussi un acheteur de droits litigieux, celui qui achète des procès, des prétentions. On dit en proverbe, qu’il y a plus de fous acheteurs que de fous vendeurs.

ACHETIVER. v. Vieux mot, qui veut dire, captiver. Captivum facere.

ACHÉVEMENT. s. m. Fin d’un ouvrage ; la perfection qu’on donne à une chose. Conduite d’une chose jusqu’à son dernier période. Perfectio, consummatio. Nous ne verrons pas l’achévement du Louvre. On ne peut contraindre à payer avant l’achevement du terme, avant qu’il soit échu. Dans les ouvrages de l’Art, c’est le travail, & l’achevement que l’on considère. Boil.

Achévement. Terme de Poëtique. C’est dans le poëme épique le dernier passage de l’agitation & du trouble, au repos & à la tranquillité. Il y a de la différence entre le dénouement & l’achévement. L’achévement est un point &


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