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voquoient quand ils entreprenoient quelque chose importante. D’autres prétendent qu’elles ont pris leur nom du mont Agon, qui fut depuis le mont Quirinal, sur lequel se faisoit la solennité. Agonalia. On varie sur l’étymologie de ce mot. Les uns disent qu’il vient d’une cérémonie qui s’observoit dans le sacrifice qu’on faisoit en ce jour. Le Sacrificateur tenant le couteau nu, & prêt à frapper la victime, qui étoit un bélier, crioit, Agon, ferai-je ? C’est le sentiment d’Ovide, Fast. L. I. v. 319. D’autres rapportent l’origine de ce nom au mont Quirinal, sur lequel se faisoit ce sacrifice, & qui s’appeloit Agon. D’autres enfin, comme on le voit dans Ovide au même Liv. v. 329. croyoient que ce mot étoit grec, & qu’il venoit d’ἀγών, qui signifie combat, jeu public & sacré, parce qu’anciennement il y avoit ce jour-là un combat de chars.

Agonale. Agonalis. Est aussi un adjectif, ou une épithète qui se donne aux Saliens, ou Prêtres que Numa Pompilius consacra au Dieu Mars, surnommé Gradivus, & qu’on appeloit aussi Palatins, ou Quirinaux. Les Saliens Agonales étoient au nombre de douze. Il semble que l’analogie demanderoit qu’on dît les Saliens Agonaux, plutôt qu’Agonales ; cependant les Dictionnaires mettent Agonales. Au reste, ces Dictionnaires se trompent, lorsqu’ils en font un substantif. Je ne crois pas qu’on dise Agonales tout seul, comme on ne dit point Palatins, ou Quirinaux seuls ; mais Saliens Palatins, Saliens Quirinaux, Saliens Agonales, ou Agonaux. Agonales Salii. Rosinus, Liv. III des Antiq. Rom. ch. 33. les appelle Agonenses Salii. On donnoit aussi cette épithète au mont Quirinal, qu’on appelle quelquefois le mont Agonale, mons Agonalis ; autre preuve qu’Agonale est adjectif. Le Cirque Agonale étoit où est aujourd’hui la place Navone.

AGONE. s. m. Agon. Nom qu’on donnoit au Sacrificateur qui frappoit la victime. Avant que de donner le coup, il demandoit au peuple, Agon, pour Agone ? le ferai-je ? C’est-à-dire, frapperai-je ? C’est de-là qu’est venu ce nom.

AGONIE. s. f. Extrémité de la maladie, où la nature fait son dernier effort contre le mal qui menace de mort. On ne le dit qu’en parlant de l’homme. Extremæ morientis angustiæ, extrema corporis animique colluctatio. Ce malade a été trente heures à l’agonie. Ce mot vient du grec ἀγών, certamen. Il n’y a pas un plus grand combat que celui de la mort contre la vie.

Agonie, se dit figurément en Morale, d’une grande peine d’esprit, des grandes inquiétudes, ou des grandes angoisses. Angor. Cette nouvelle a mis son esprit dans une mortelle agonie. La vie des pauvres esclaves est une longue mort, ou une agonie continuelle. Pasc. Ils allerent à la montagne des Oliviers, après qu’il eut souffert une rude agonie, il fut pris pour être exposé à tous les opprobres.

Agonie, se dit aussi dans le style enjoué, des tourmens que l’amour fait souffrir. Philis me met à l’agonie.

AGONISANT, ante. adj. Qui est à l’agonie. Moriens, Agens animam. La Confrairie des Agonisans a été instituée par les Pères Augustins, sous le nom de S. Nicolas de Tolentin.

AGONISER. v. act. Souffrir l’Agonie, être à l’Agonie. Cum morte ultimùm colluctari. On dit proverbialement, il se débat comme l’ame d’un Sergent qui agonise.

AGONISTIQUE. s. m. & f. Agonisticus. C'est le nom que Donat imposoit à ceux de sa secte qu'il envoyoit prêcher sa Doctrine dans les lieux voisins & dans les Foires, ainsi que le témoigne Optat de Milève Liv. III. c. 4.

Pour la même raison on les appella Circuitores, Circelliones, Catropitae, Coropitae ; & à Rome surtout Montenses, Montagnards, parce qu'ils tenoient leurs assemblées sur les montagnes. Apparemment que Donat les appelloit Agonistiques, du mot ἀγών, combat, parce que c'étoit comme des troupes qu'il envoyoit combattre, & faire des conquêtes. Ou bien, à ce que prétend M. Du Pin dans ses Notes sur Optat, parce qu'ils combattoient contre ceux qui vouloient défendre leurs biens contre leurs violences. Car ils en exercerent beaucoup sous la conduite d'Axide & de Fasir, qu'ils appelloient les Chefs, ou les Capitaines des Saints.

AGONIUS. s. m. Nom propre du Dieu qui présidoit aux affaires, aux entreprises. Les Fêtes qui se nommoient Agonales étoient, selon quelques-uns, les fêtes de ce Dieu. On appeloit aussi adjectivement, Agonius, ou Agonalis dies, le jour auquel on sacrifioit une victime Agonale, ou au Dieu Agonius. Ce mot semble venir du verbe ago, j’agis. Voyez Agonales.

AGONOTHÈTE. s. m. Agonotheta. Titre d’un Magistrat qu’on choisissoit chez les Grecs, pour présider aux jeux sacrés : il en faisoit la dépense, il déclaroit aussi vainqueurs ceux qui l’avoient mérité, & il leur distribuoit les prix proposés dans ces jeux. Agonothète vient du grec Ἀγωνοθέτης, composé du grec Ἀγών, combat, jeu sacré, & de θετῆς, celui qui pose, qui ordonne, qui règle. On donne encore dans les colléges le nom d’Agono-


thète à celui qui fait la dépense des prix qu’on distribue aux écoliers. Agonothète perpétuel est celui qui a fondé les prix. Ex munificentia Regis Christianissimi Agonothetæ perpetui, &c. Ce terme, en cette signification, est un terme de Collége, & peu François : on s’en sert encore parmi les Antiquaires, aussi-bien que de Athlothète. Dans la basse latinité on trouve quelquefois Agomotheta, & Agomitheta, pour Lutteur, celui qui combat ; mais c’est une impropriété manifeste, comme l’a remarqué Bollandus, Févr. T. I p. 200. & p. 891.

AGONYCLITE. s. m. & f Agoniclites, Agonoclita. Celui ou celle qui ne fléchit jamais le genouil. Ce mot est formé de l’α privatif, de γόνυ, le genouil, & ϰλίνω, j’incline, je fléchis. On donna ce nom dans le VIIe siècle, à certains hérétiques qui ne se mettoient jamais à genoux, & faisoient toutes leurs prières debout. S. Jean Dam. hérés. 91.

AGORANOME. s. m. Magistrat d’Athènes. Agoranomus. Il étoit préposé pour maintenir l’ordre & la police, afin que tout ce qui se débitoit au marché, fût vendu sans fraude, & avec poids & mesure. Cette Magistrature étoit à peu-près la même chose que celle des Ediles Curules chez les Romains. Ce nom est formé de deux mots grecs, Ἀγωρὰ, marché, & νέμειν, distribuer. Aristote distingue deux sortes de Magistrats ; les Agoranomes, qui avoient l’intendance sur les marchés ; & les Astynomes, Ἀστυνόμοι, qui avoient le soin des édifices.

AGORÉE. adj. m. & f. Agoræus, a. Du grec Ἀγωραῖος formé du mot Agora ἀγωρὰ, qui signifie, marché, place publique. On donnoit cette épithète aux Dieux, dont les Statuës étoient dans les places publiques. Minerve Agorée étoit en vénération chez les Lacédémoniens.

AGOUTY. s. m. C'est un animal des Antilles. Il est de couleur brune, tirant sur le noir. Il a le poil rude, clair, & une petite queuë sans poil. Il a deux dents en la machoire d'enhaut, et autant en celle d'en bas. Il tient son manger entre ses deux pattes de devant, comme l'Ecureüil. Il jette un cri, comme s'il disoit distinctement Coüyé. On le poursuit avec des chiens, parce que sa chair, quoiqu'elle sente un peu le sauvagin, est estimée de plusieurs, autant que celle du lapin. Quand il est chassé, il se retire dans le creux des arbres, d'où on le fait sortir avec la fumée, après qu'il a crié étrangement. Si on le prend jeune, il s'apprivoise aisément. Lorsqu'on le met en colère le poil de dessus son dos s'hérisse, & il frappe la terre de ses pattes de derrière ; comme font les lapins. Il est aussi de même grosseur ; mais ses oreilles sont courtes & rondes, & ses dents tranchantes comme un rasoir. Lonvillers. Voyez ACOUTI. Le P. Du Tertre écrit ainsi dans son Histoire des Antilles.

AGR.

Agra. Agra. Ville du Mogol. Mrs. de l’Académie des Sciences lui donnent pour longitude 101°. 0’. & pour latitude 28°. 30’.

AGRAFE. subst. fém. Petit crochet servant à attacher des habits, ou quelque autre chose, & qu’on fait quelquefois passer dans un anneau qui lui répond, qu’on appelle porte. Fibula. Cette montre a une agrafe d’argent ; une agrafe de diamans.

Agrafe, en Architecture, est un crampon, ou morceau de fer à crochet, qui sert a retenir les pierres, & les marbres.

Agrafer, est un aussi un terme de Vannier. C’est un osier tortillé qui tient le bord d’une hotte.

Quelques-uns dérivent ce mot de l’hébreu garaph, qui signifie, Fortiter deprehendit. D’autres le dérivent de griphium, parce que l’agrafe est crochue comme une griffe. On dit encore en quelques lieux, Agrappe ; & les Italiens disent, Agrapare ; pour dire, Agrafer. Les Anciens l’appeloient Fermail.

AGRAFFER. v. a. Attacher avec une agrafe, avec une épingle, ou autre chose. Fibulâ subnectere, astringere, substringere. Agraffer sa jupe. Agraffez ces rubans à cette tapisserie. Selon le P. Labbe, agraffer a été supposé pour agriffer, la lettre a donnant plus d’emphase au mot.

s’Agrafer, signifie aussi, Se prendre, s’attacher à ce qu’on trouve. Apprehendere, Arripere. Un homme qui se noye, s’agrafe à tout ce qu’il peut.

Agraffé, ée. part. adj. Subnexus, astrictus, substrictus fibulâ.

AGRAIRE. adj. f. Terme de Jurisprudence. C’est le nom qui fut donné à une loi que publia Spurius Cassius, pour le partage des terres prises sur les ennemis : c'étoit vers l'&n de Rome 168. Agraria. On trouve dans le Digeste deux autres loix agraires : l'une de César, & l'autre de Nerva : mais elles ne regardent que less limites des champs, & n'ont aucun rapport avec celle de Spurius Cassius. Cicéron, pendant son Consulat, s’opposa à la loi Agraire, que Rullus, tribun du peuple, vouloit faire passer. Voyez ses harangues, De lege Agraria contra Rullum. Il faut cependant remarquer que ce mot Agraire n'est point le nom particulier d'une loi ; mais un nom générique de toutes les loix faites pour le par-