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dans Méla, Liv. III, ch. 6 ; Tertullien. adv. Jud. ch. 7 ; S. Athanase, les Géographes Denys, v. 562 & suiv. & Etienne, & généralement toute l’antiquité.

On ne convient pas sur l’origine de ce nom, sur le tems que les Anglois le prirent, ni sur la raison qui le leur fit prendre. J’ai dit sur le mot Angleterre, que quelques Auteurs prétendent que le petit canton de terre qu’occupèrent d’abord les Saxons entre le Holstein & le Jutlan, s’appeloit Engleland, Angleterre, & que ces peuples portèrent ce nom dans l’île Britannique, & donnèrent à leur nouvelle conquête le nom de leur ancienne habitation. C’est le sentiment de Béde & de Krantzius, & ce sont ces Anglois-là que Béde appelle Anglois du milieu des tèrres, Middelengli ; Angli mediterranei. Goropius Bécanus prétend que le nom Anglois vient d’Angeln, qui signifie pêcher à la ligne, ou avec un hameçon, & qu’il leur fut donné, parce qu’ils étoient sur le bord de la mer, comme qui diroit pêcheurs. Il prétend néanmoins que ce ne fut pas seulement à cause de leur pêche, mais plus encore à cause de leurs rapines, qu’il leur fut donné.

Quelques-uns disent que vers le milieu du Ve siècle, six petits Souverains vinrent à divers tems de l’ancienne Saxe, menant avec soi chacun les peuples de sa Province, ou de sa Seigneurie, dont l’un étoit l’Anglois qui donna son nom à tous les autres, & qui abolit le nom général de Saxon. D’autres disent que sur la fin du Ve siècle, Hengiste, Prince Saxon, Roi de Kent, ayant fait la conquête de Londres, voulut que toute la Bretagne changeât de nom pour prendre le sien, & s’appelât Hengesteland, c’est à-dire, Terre d’Hengiste, d’où par corruption s’est formé England, Angleterre. D’autres soutiennent que ce ne fut qu’au commencement du IXe siècle qu’Ebert, Roi des Saxons Orientaux, ayant réüni les sept petits Royaumes que les Saxons avoient formez dans le midi de l’Isle Britannique, lui donna le nom d’Angleterre, comme nous avons dit à ce mot. Saxon le Grammairien prétend qu’il est dérivé du nom d’un Roi qu’avoient eu ces peuples, nommé Angul ; mais cet Auteur seul n’est pas un bon garant. Ce qui est seur en tout ceci, c’est qu’il y a eû un peuple dans la Germanie qui s’appeloit Anglois, Anglus. Nous le voyons dans Tacite, de morib. Germ. ch.40. Ce peuple fut un de ceux de de la partie méridionale de la Bretagne, & il y porta son nom. Tout le reste est conjecture ; mais il est très-vraisemblable qu’Egbert étoit Anglois, & Roi de ce peuple Anglois, & que par sa conquête ce peuple étant devenu le peuple dominant dans ce païs, son nom fut donné à tous les autres ; qu’ainsi ce n’est qu’au commencement du IXe siècle, que tous ces peuples, tant anciens Bretons que Saxons, portèrent le nom d’Anglois.

Berte, fille de Cherebert Roi de Paris, qui avoit épousé Ethelbert Roi de Kent, fut cause de la conversion des Anglois, par la protection qu’elle donna à saint Augustin. Cordem. S. Grégoire écrit à Brunehaut Reine de France : « Vous sçavez combien de choses miraculeuses Dieu a faites pour la conversion des Anglois, & vous devez en avoir bien de la joye, puisque vous avez la meilleure part à cet ouvrage. » Id. Matth. dans la vie de Louis XI, Liv. 5, dit que le Comte d’Armagnac regardoit la rencontre d’un Anglois comme un mauvais augure. De Roch.

Anglois, oise. adj. Anglus, Anglicus. Ercoubert fut le premier des Rois Anglois, qui ordonna par édit dans tout son Royaume, d’abattre les Idoles, & d’observer le jeûne du Carême. Fleur. Dreyden est le meilleur Poëte Anglois qui ait paru jusqu’ici. La Critique du théâtre Anglois par M. Coullier est un bon livre. Un livre anglois. Caton est une Tragédie Angloise. Un vaisseau Anglois, la flotte Angloise, un cheval Anglois ; mais on ne dit point un dogue Anglois, il faut dire un dogue d’Anglétèrre.

Anglois. s. m. Créancier fâcheux. Molestus creditor. La puissance redoutable des Anglois en France, & les ravages qu’ils y firent pendant les longues guerres entre Philippe de Valois, & Edouard III, pour la succession à la couronne, après la mort de Charles le Bel, donnèrent lieu à cette expression. Le peuple appela Anglois, tout créancier trop dur, & trop pressant. Marot s’en est servi dans ce sens. Pasquier atteste qu’on le disoit encore de son tems, & il apporte ces vers adressez au Roi François I.


Et aujourd’hui je fais solliciter
Tous mes Anglois, pour les restes parfaire,
Et le payement entier leur satisfaire.


C'est encore ce qui fait dire à Marot dans un rondeau qui commence par,


Un bien petit de près vous me pressez,

Et qu'il adresse à un homme à qui il devoit de l'argent.

Je ne vey onc Anglois de vostre taille.

On donne encore le nom d’Anglois à une espèce de pâtisserie qu’on fait avec des prunes simplement, sans les couper, ni peler.

L’ANGLOIS. s. m. La langue que l’on parle en Angleterre. Le Moine Augustin allant en Angleterre passa par Metz, où il fut reçu par Théodebert & Brunehaut d'une manière qui répondoit fort à l'attente de S. Grégoire. On lui permit de prendre des Prêtres François qui sçûssent l'Anglois, & le Latin, pour servir d'Interprètes. Cord. L’anglois est composé d’ancien breton, de latin, de saxon, ou allemand, & de françois. Wallis a fait une savante & judicieuse Dissertation sur la langue Angloise ; elle sert de Préface à son traité deloquela, & à la Grammaire Angloise : elle sert de Préface à son Traité de loqueta, & à sa Grammaire Angloise ; nous n'avons point de bonne Grammaire Angloise. Celle de Miege est la moins mauvaise ; celle de Wallis est utile à ceux qui sçavent déja l'Anglois, mais elle ne peut servir à l'apprendre.

l’Anglois. Terme de Fleuriste. Narcisse qui jette une petite fleur, un peu plus grande néanmoins que le narcisse de Narbonne. Il a le gaüdet jaune, & partout égal.

Angloise, s. f. Autre terme de Fleuriste. Tulippe d’un colombin rouge & blanc.

ANGLOSAXON, one. s. m. Anglasaxo. On se sert quelquefois de ce nom, pour signifier les peuples d’Allemagne, qui vinrent s’établir dans l’Isle Britannique, & les distinguer des naturels de l’Isle, ou Bretons, qui depuis la conquête des Anglois & Saxons, furent aussi appelez Anglois. Ce mot est composé d’Anglus, Anglois, & de Saxo, Saxon ; parceque ces conquérans de la Bretagne étoient partie Anglois, ou Angles, partie Saxons.

ANGLUICHURE. s. f. Espèce de baudrier qui sert aux veneurs à porter un cor de chasse.

ANGOBERT. s. m. Sorte de poirier & de poire. L’Angobert est une poire à cuire, grosse, & qui fait une compote de belle couleur. Elle a la chair douce & un peu ferme, & se garde assez avant dans l’hyver. La Quint. Elles durent jusqu'au mois de Mai. Id. L’Angobert est une assez grosse poire, longue, colorée d'un côté ; le bois de l'arbre tire extrêmement à celui du beurré, & la poire n'y ressemble pas mal. Id.

ANGOISSE. s. f. Vieux mot qui signifie douleur violente. Angor, agritudo. Il s'est pris les doigts dans les fentes de cette porte, il en a senti beaucoup d’angoisse. Il se dit plus communément des afflictions de l'esprit. Il a senti de cruelles angoisses en apprenant la mort de son fils. Les songes le faisoient rire dans les angoisses de la mort. Voit. Leur salut est en danger dans cette tèrre de tribulation & d’angoisse. Pat. J'ai sçû vos peines & vos angoisses, qui marquent si bien le zéle dont vous êtes embrasé. Du Bois.

Ce mot vient du latin angustia. Icquez fait venir le mot François angoisse, & l’italien angoscia, des langues Septentrionales. Il remarque qu’en vieux saxon, anglumian veut dire, faire de la peine, angere ; angsum, triste, inquiet, tristis, sollicitus ; qu’en allemand angst veut dire, anxiété, angoisse d’esprit, anxietas, animi angustia ; que dans la langue des Cimbres, c’est-à-dire, dans la langue qu’on parloit dans une partie de la basse Allemagne, angor veut dire, douleur, chagrin, dolor, mœror ; angissi, angoisse, angustia ; angra, faire de la peine, angere ; angrast, avoir du chagrin, tristari.

Poires d’ Angoisse, sont des poires de mauvais goût, qui prennent à la gorge, que Menage dit avoir ainsi été nommées dans un village qui est en Limousn du même nom, où elles furent trouvées en l’an 1094. Pirum anginam premens, pirum angossiacum.

Poire d’ Angoisse, est aussi une espece de cadenas qui s’ouvre par un ressort, & que les voleurs mettent dans la bouche d’une personne pour l’empêcher de crier au secours, ou pour la forcer à donner son argent.

On dit aussi au figuré, on lui a bien fait avaler des poires d’Angoisse ; pour dire, qu’on lui a dit des choses fâcheuses dont il n'a osé se plaindre.

ANGOISSELS. adj. Ce mot ne se dit plus ; il signifioit angoisseux.

ANGON. s. m. Jaculum, Spiculum. Espèce de javelot dont se servoient les anciens François. L’angon se dardoit de loin : le fer de ce javelot ressembloit à une fleur de lys. Le Gendre. Une opinion sur les armes de nos Rois, est que ce ne sont véritablement ni les lys de marais, ni de jardin, mais le fer de l’angon, ou javelot des anciens François. La piéce du milieu étoit droite, pointue & tranchante ; les deux autres qui l’accompagnoient étoient renversées en croissant : une clavette lioit ces pièces, ce qui faisoit ce qu’on dit, le pied de la fleur de lys. Id.

ANGOULÊME. Inculisma, Engolisma, Ecolesina, Æquolesina, Aquilimensis, Ratiastum. Ville Épiscopale de France, capitale de l’Angoumois, avec le titre de duché. Les deux Historiens d’Angoulême, Corlieu & Maichin, l’écrivent toujours par un A. La ville d’Angoulême n’a pas toujours été appelée d’un même


nom ;