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5 A. AB. ABA. 6

bien prendre la chose. A ne point mentir. Il a aussi la même signification de pour devant quelques substantifs, comme, Prendre Dieu à témoin, Prendre quelqu’un à partie.

A se met encore devant l’Infinitif des Verbes, avec un nom substantif, & signifie quelquefois ce que l’on doit observer. C’est une chose à taire : & quelquefois il désigne à quoi une chose est propre, ou à quoi elle est destinée : Bois à brûler : Cela est bon à manger.

A se met devant les noms, comme préposition, & signifie vers, ou du côté de. Je me tournai à trois ou quatre Chevaux-Legers. Bussy.

A est quelquefois préposition, mais rarement. Il est à la ville, aux champs. Cela est à la mode.

On dit aller à Rome, quand on fait le voyage de Rome. Mais quand on est à Rome, il faut dire aller dans Rome. Les Ambassadeurs vont dans Rome avec un grand équipage. Bouh. Quand il s’agit d’une simple demeure ou fixe, ou passagere, on dit à Paris : mais s’il s’agit d’autre chose, il vaut mieux dire dans Paris. Il s’est fait un meurtre dans Londres. On dit, aller à la Chine, aller au Japon, au Péloponèse, au Pérou, au Brésil, au Mexique, à la Caroline, & ainsi de la plupart des contrées de l’Amérique, contre la règle commune, qui veut qu’aux verbes de mouvement on mette en devant les noms de Province, ou de Royaume, qui sont le terme de mouvement, & à devant les noms de villes ou de petit lieu. Bouh. Cependant les François établis à la Chine & dans les Indes Orientales disent plus communément en Chine qu’à la Chine. Je n’ai pû trouver l’occasion de passer en Chine. Il y a quatre ans que je suis en Chine. Je ne prétends pas que cet usage doive prévaloir à celui qui est établi en France, de dire à la Chine, & non pas en Chine : j’avertis seulement d’un fait certain, sur lequel on fera telle réflexion qu’on jugera à propos. Quelques Grammairiens ont prétendu que A est le plus souvent adverbe, non seulement de temps & de lieu, comme, il vint à une heure imprévûe aborder à terre ; mais encore qu’il se joint à presque toutes les phrases adverbiales. Malheur à nous si nous consacrons ces victimes purifiées à la hâte, & sur le point de recevoir le coup mortel. Flech. Être à couvert, Vivre à discrétion, &c. Car si on y prend garde de près, disent ces Auteurs, la plupart des exemples qu’on donne de son usage pour marquer la préposition, se réduisent à l’article du datif. Mais ce sentiment est faux, & contraire à ce que l’on a établi ci-dessus touchant l’usage de l’a dans la déclinaison des noms. Dans tous les exemples qu’on vient de rapporter ici, il est vrai que la phrase entière est une phrase adverbiale, c’est-à-dire, une manière de parler, qui équivaut à un adverbe ; mais il n’est pas vrai que l’a qui en fait partie soit un adverbe : c’est une véritable préposition. La preuve en est claire, tout adverbe signifie quelque chose tout seul, par lui-même, & indépendamment de ce qui précède ou de ce qui suit, au lieu que dans ces phrases l’a ne signifie rien de lui-même, & s’il n’est joint à ce qui suit, comme toutes les autres prépositions.

A est souvent une particule indéclinable, ou préposition, qui sert à la composition de plusieurs mots, & qui augmente, diminue, ou change leur signification. Quand elle s’y joint, quelques Ecrivains redoublent la consonne ; comme Addonner, Affaire, Attrouper : d’autres retranchent cette seconde consonne comme étant inutile & superflue.

Il seroit difficile de déterminer tous les différens usages de la préposition ou de la particule à. On les remarquera dans la suite : il s’en présentera des exemples presqu’à toutes les pages.

A est la marque de la Monnoie de Paris. A est dans le Calendrier Romain la première des sept lettres qu’on nomme dominicales, comme elle étoit dans l’ancien Calendrier, avant l’établissement du Christianisme, la première des huit lettres nundinales. Un grand A au revers des Médailles est la marque de la Monnoie d’Argos.

L’A a servi à quelques devises. Un A avec ce mot Latin, Ordine potior ; c’est-à-dire, le premier en ordre pour marquer, dit l’Abbé Picinelli, que la Foi & le service de Dieu, qui s’est appellé Alpha & Omega, sont les choses du monde les plus précieuses, & qui doivent passer avant tout le reste. Un Italien, à la mort de sa femme, prit pour devise un A & un C, avec ces mots Neutra juvabitni l’un, ni l’autre ne servira ; peut-être, dit l’Abbé Ferro, dans son Théatre de Devises, pour marquer que la puissance humaine ne pouvoit rien là.

A A. C’est le nom de plusieurs petites rivières ; les unes dans les Pays-Bas, d’autres en Westphalie, d’autres en Suisse, en Allemagne, en Livonie. Ce nom a été donné à toutes ces rivières, à cause de sa signification. Originairement il est Grec ; Ἄα, dans Hésichius, signifie Amas d’eau. D’Ἄα s’est fait Ἄϰα, en ajoutant un ϰ, de même que de σπέος s’est formé specus. De Ἄϰα est venu le nom Latin aqua, d’où s’est formé en François d’abord aque, & ensuite Aigue, qui nous restent encore l’un & l’autre dans quelques noms propres de lieux, comme Aegs ville de Gascogne, Aigues-belles, Aigues-caudes, Aigues-mortes, Aigues-perses, &c. De là enfin est descendu le nom eau en usage aujourd’hui ; en retranchant le ϰ, comme il avoit été ajouté d’abord.

A A A Les Chymistes se servent de ce signe pour signifier, Amalgamer, Amalgamation, & Amalgame. Voy. Amalgamer.

A subst. C’est le nom d’une petite rivière de France, qui a sa source proche de Fontaines en Sologne, & qu’on appelle A parce qu’assez près de sa source, elle forme une petite Isse qui a la figure d’un A. On l’appelle aussi Connon & Baignon.

A A. subst. C’est le nom de plusieurs rivières. Il y a apparence que c’est le nom général ou appellatif, qu’on a fait nom particulier & propre ; car, selon la remarque d’Icquez, ea en vieux Saxon veut dire eau  ; & aa en langue Islandoise veut dire rivière.

A A, ou A A S. subst. autrement fontaine des Arquebuzades. C’est une source d’eau vive dans le Bearn, laquelle est excellente pour la guérison des coups de feu. Davity.

AAHUS. Aahusum. Ville de l’Évêché de Munster. Ce nom vient d’Aa, petite rivière de Westphalie, sur laquelle cette ville est située, & de Haus, qui en Allemand signifie maison. Cette ville apparemment a commencé par quelques maisons bâties sur l’Aa.

AAR, ou AHR. s. Aara, Abrinca. Rivière d’Allemagne, qui a sa source dans l’Eiffel, traverse une partie du Diocèse de Cologne & du Duché de Juliers, & se décharge dans le Rhin, près de Lintz. Maty, 1712.

AAR, Arula ou Arola & non pas Arosa, comme on a imprimé dans Maty 1712. Grande rivière qui traverse toute la Suisse, depuis les confins du Valais jusqu’à la Suabe. Elle a sa source proche de celle du Rhin, au mont de la Fourche. Id.

Ce nom pourroit être un ancien nom Celtique, qui viendroit de l’Hébreu נהר, Naar, qui signifie fleuve. C’étoit assez la coutume des anciens peuples d’appeller leurs rivières simplement du nom de fleuve. Ainsi Nilus, le Nil, vient de נהל  ; & souvent le Nil & l’Euphrate, dans l’Ecriture sont désignés par le nom appellatif נהל, near, fleuve.

Il y a aussi une île de Dannemarck dépendante de celle de Funen, qui porte le nom d’Aar, Corn.

AARBRER. v. n. Terme ancien qui n’est pas aujourd’hui en usage. Ce mot se trouve dans le Roman de Perceval, & veut dire se cabrer. Efferre se, erigere se, pectus arrigere.

AaRON. s. m. Aaron. Nom propre qu’il faut prononcer comme s’il n’y avoit qu’un A. C’étoit le frere de Moyse ; Il signifie Montagne, à ce que l’on croit communément, ou plutôt Montagnard. D’autres l’interprétent Enseignant, ou Concevant. Conception seroit mieux. C’est l’étymologie la plus vraisemblable.

AB. ABA.

AB. s. m. Cinquième mois des Hébreux, qui répond à notre mois de Juillet.

Ab, en Langue Syriaque, le dernier mois de l’Été. C’est le même nom & le même mois que celui dont il est parlé dans l’article précédent. Il ne faut pas confondre ce mois avec un autre nommé Abib, qui répond à notre mois de Mars. Celui-ci étoit un mois des anciens Hébreux, & se trouve dans l’Écriture, au lieu que Ab ne se trouve que dans le Thalmud & dans les Rabbins.

ABA. Aba ou Abæ ? C’est le nom d’une ville de la Phocide que les Abantes y bâtirent, & qu’ils nommerent du nom d’Abas leur Chef, sous la conduite duquel ils étoient sortis de Thrace. Quelques-uns disent que c’est cette Aba, & non pas Abée, qui fut ruinée par Xerxès. Je ne sçai sur quoi fondé M. Corneille l’appelle Abée.

Étienne le Géographe met encore une autre Aba dans la Carie, & Ptolomée, une autre dans l’Arabie, au 86e degré 30 minutes de longitude, & au 30e de latitude.

Étienne place encore une ville de ce nom dans l’Italie. Ptolomée la nomme Ἤβα par un changement ordinaire dans le dialecte Ionien, qui met l’η à la place de l’a long.

C’est aussi le nom d’une montagne d’Arménie, d’où sortent l’Euphrate & l’Araxe, & qui fait partie du Mont Taurus. Les Géorgiens l’appellent Caicol.

ABA, ou Anba, Pere, titre que les Églises Syriaques, Cophtes & Éthiopiennes donnent à leurs Évêques. Au reste, il faut dire Abba, & non pas Aba, & la preuve en est le synonime Anba ; car ceux qui savent le Syriaque n’ignorent pas que le nun n’est mis là qu’à la place d’un dagesch, ou de l’un des deux beth, BB.

ABACHER. s. m. & nom propre d’homme. Abbacyrus. Ce nom est moitié Syriac & moitié Grec, composé d’Aba, Pere, Abbé, & du nom propre Grec, & signifie l’Abbé Cyrus. On n’en fait qu’un mot. Abbacyrus, dont les Cophtes ont fait S. Abacher, & les Italiens, S. Appassara. Chastel. 5. Janv.


Tome I. A ij ABACO