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tagnes s’appelle Nébo, & l’autre Phasga, ou Phisga. Montez sur cette montagne d’Abarim, & considérez de-là la terre que je dois donner aux enfans d’Israël. Sacy. Nomb. XXVII. 12.

Ce nom est purement Hébreu, & vient du Verbe עבר, abhar, passer ; d’où se fait עבר, ebher, passage, & au plurier עברים, Abharim, les passages. A la manière dont les Septante ont traduit au Livre des Nomb. Ch. XXVII. v. 12. Ἁνάβηθι εἰς τὸ ὄρος τὸ ἐν τῷ πέραν το‍υ ὄρο‍υς ναβάν ; ou comme d’autres exemplaires portent : ἐν τῷ πέραν το‍ῦ Ἰορδάνο‍ῦ ; il semble que les Interprètes aient crû que ce nom avoit été donné à ces montagnes, ou parce qu’elles étoient au-delà de la montagne Nébo, ou parce qu’elles étoient au-delà du Jourdain. Ni l’un ni l’autre ne paroît vrai. Le premier sur-tout ne paroît pas soutenable, puisque Nébo, qu’ils appellent Ναβαν, ou Ναβάο‍υ, étoit une de ces montagnes. Maty prétend qu’elles ont eu ce nom de ce que les Israëlites allant prendre possession de la Terre-promise, passerent par ces montagnes ; mais il semble certain qu’elles ont eu ce nom avant le passage des Israëlites. La véritable raison de cette dénomination, si je puis parler ainsi, est que ces montagnes étoient vis-à-vis d’un gué du Jourdain, & que dans les cols de ces montagnes, étoit le grand chemin qui y aboutissoit, & par lequel on passoit de l’Orient dans la terre de Chanaan. Il est encore moins raisonnable de chercher dans le Syriac une étymologie à ce nom, & de dire que dans cette langue il signifie froment : car outre que c’est en Hébreu & non en Syriac, que ces montagnes sont nommées Abarim, c’est que froment en Syriac n’est point abhar ni abher, mais ועברא, abhourro, qui assurément n’auroit point au plurier Abarim.

ABARIME, ou ABARIMON. s. Abarimon. Grande vallée que forme le mont Imaüs dans la Scythie. Pline. L. II. C. 2.

ABARO. Abarum. Bourg, ou petite ville de Syrie, située dans l’anti-Liban, apparemment dans un col ou passage de cette montagne ; car c’est la signification de ce nom en Syriac & en Arabe. Voyez ce que nous avons dit sur Abarim.

ABASSE, ou ABASCE. s. m. & f. Abassus, Abascius. Habitant de l’Abassie. Les esclaves Abasses sont recherchés en Turquie, à cause de leur industrie & de leur beauté. Les Abasses enferment leurs morts dans un tronc d’arbre creusé, dont ils leur font une bière, qu’ils attachent ensuite aux plus hautes branches d’un grand Arbre.

ABASSI, ou ABASSIS. subst. m. C'est une monnoie d’argent qui est ronde, & qui a cours en Perse & en Orient, qui vaut un peu plus de dix-huit sous six deniers. Il faudroit écrire Abbassi, parce que ce mot vient d’Abbas, nom de deux Rois de Perse, au nom desquels cette monnoie a été frappée. En leur montrant un Abassi, qui est une monnoie d’argent de la valeur de deux réales de Castille, ils firent espérer une récompense à ceux qui leur voudroient servir de guide. Wicqefort.

ABASSIE, ABASSINIE, ABASSINS. V. Abissinie.

ABASSIE. s. f. Abassa. Pays de la Géorgie prise en général. Il a la Mingrélie au levant, la Circassie noire au nord & au couchant, la Mer-noire au midi. Quelques Géographes la confondent avec l’Avogasie ; d’autres les distinguent & mettent l’Abassie au levant, & l’Avogasie au couchant.

ABASTER, nom d'un des trois chevaux qui tirent le char de Pluton, selon Bocace : il signifie noir. Le second s'appelle METHEUS, obscur, & le troisième NONIUS, tiède.

ABATAGE. s. m. Cæsura, cæsuræ sumptus, impensæ, signifie entre les Marchands de bois, la peine & les frais pour abattre les bois qui sont sur pied. C’est à l’acheteur à payer l’abatage.

ABATANT. s. m. Terme de Marchand de draps : espèce de dessus de table qu’on éleve au fond d’une boutique & à chaque bout des magasins, & qui s’éleve ou s’abat, selon le jour que l’on veut donner au lieu où l’on vend la marchandise.

ABATARDIR, v. a. Depravare, corrumpere. Corrompre, gâter, altérer la nature de quelque chose, la faire déchoir de son premier état, la faire dégénérer. Il ne se dit qu’au figuré. La misère & l’esclavage ont abâtardi le courage des Grecs. La trop grande avidité des richesses a abâtardi les mœurs.

Il ne se dit guère qu'avec le pronom personnel, & il signifie, Dégénérer, s’avilir, se corrompre. Degenerare, depravari. Toutes les bonnes choses s’abâtardissent avec le temps. Les plantes d’Orient qu’on apporte en Europe s’abâtardissent, & perdent beaucoup de leur bonté. Cette maison s’est abâtardie dans l’oisiveté ; elle ne produit plus de grands hommes. La vertu Romaine s’abâtardit si fort, qu’elle ne put résister à la force des Barbares.

Abatardi, ie. part. pass. & adj. Corruptus, vitiatus.

ABATARDISSEMENT. s. m. diminution de valeur, de mérite, de bonnes qualités. Corruptio, depravatio. Les délices d’un pays causent l’abâtardissement du courage des peuples. Ils sont tombés dans un honteux abâtardissement. Nic.

ABATÉE. En termes de Marine se dit du mouvement d'un Vaisseau en pane, qui arrive de lui-même jusqu'à un certain point,


après quoi il revient au vent.

ABATEIS. Vieux mot qui signifioit autrefois Forêt, Sylva. Il est hors d’usage.

ABATEMENT. s. m. Foiblesse, manque de force. Defectio virium. Ce malade est dans un grand abatement ; les forces lui manquent. Il n'est guère en usage au propre.

Abatement, se dit figurément en Morale. Infractio animi. Cet homme est dans un grand abatement d'esprit depuis le renversement de sa fortune.

En termes de Blason on appelle en Angleterre abattement, ou abatement d’honneur, une marque accidentelle ajoutée à l’Ecu, pour faire connoître une diminution de dignité, ou une marque d’honneur supprimée dans l’Ecu, en punition de quelque faute ou de quelque action diffammante. Cela se fait, ou en ajoutant quelque marque de diminution, ou en renversant tout l’Ecu. Harris.

ABATEUR. s. m. Qui abat, qui fait tomber. Eversor. Ce Bucheron est un grand abateur de bois. Acad. Fr. Ce qui se dit encore dans le figuré & populairement de celui qui vante ses prouesses, ou qui se glorifie de faire beaucoup de choses au-dessus de ses forces. Cet homme est un grand abateur de bois, ou de quilles..

Les vents d'automne sont de grands abateurs de fruits. La Quint.

ABATIS. s. m. Démolition, renversement, ruine. Eversio, demolitio. Il y a eu un grand abatis de maisons par le tremblement de terre. Il y a plusieurs abatis de pierres dans cette carrière. Les carriers appellent ainsi la pierre qu'ils ont détachée, soit celle qui est bonne pour bâtir, soit celle de rebut. Il fut fait un grand abatis de bois en cette forêt par la tempête. Dejectus arborum.

Abatis, signifie, en termes de Vénerie, le chemin que se font les jeunes loups, lorsqu’en allant souvent au lieu où ils ont été nourris, ils abatent l’herbe. Luporum trames, vestigia.

Abatis, se dit aussi d'une grande tuerie de bêtes. Cædes pecorum.. Ce Chasseur a fait un grand abatis de gibier. Ce Boucher fait un grand abatis de bestiaux tous les ans. On dit aussi en cuisine, faire des potages d’abatis d'agneau, d’abatis de poulets d'Inde, &c. pour dire qu'on les fait avec des bouts d'ailes, foies, & autres menues parties & issues de ces volailles. Les Bouchers appellent abatis, les cuirs, graisses, tripes, & autres menues choses des bêtes qu'ils ont tuées.

Les Réglemens de Police portent, que les Tueries, ou Abatis des Bouchers seront hors les villes. De la Marre. En cet endroit, il semble signifier le lieu où un Boucher tue ses bestiaux.

ABATOS. Abatos. Île de l’Égypte, dans le Palus de Memphis. On y conservoit le sépulchre d’Osiris ; & Lucain dit, L. X. qu’elle étoit vénérable par son antiquité ; le lin & le papyrus y croissent. Ce nom signifie inaccessible, & vient de l’α privatif, & de βαίνω, je vais.

Il y a eu encore au-delà de l’Egypte & de l’Éthiopie un lieu ou plutôt un rocher de ce nom, dont Sénéque parle, Nat. Quest. L. 4. c. 6.

ABATRE. v. act. Renverser, démolir, faire tomber, coucher par terre. Diruere, evertere. J'abats, tu abats, il abat, &c. Abatre une maison pour la rebâtir. Ce Lutteur a abatu son homme sous lui. Ce Chasseur abat bien du gibier. On abat les noix avec la gaule. On dit qu'il abattit avec sa baguette la tête des pavots. Ablan. Les Moissonneurs ont abatu trois arpens de blé aujourd'hui. Les Bouchers disent abatre le cuir d'un bœuf, pour l'écorcher. Les ennemis en se retirant ont abatu le Château & les fortifications de la Place. Il lui abatit l'épaule d'un coup de hache. Ablanc. Saint Pierre abatit l’oreille de Malchus. Un habile Oculiste a abatu la cataracte qui me couvroit l'œil. Il signifie quelquefois, affoiblir, débiliter. Son corps est atténué & abatu par la vieillesse. S. Evrem. On dit aussi que le café abat les fumées du vin, les vapeurs, pour dire, les rabaisse, les dissipe. On dit aussi que la chaleur, le vent, la poussière s' abatent, pour dire, cessent, tombent, diminuent. On dit qu'un cheval est sujet à s’abatre, pour dire à broncher, à tomber. On dit au jeu du Trictrac, abatre du bois, pour dire, abatre des Dames, afin de caser. Nicod dérive ce mot de à bas, adverbe local, composé de à & de bas. Il pourroit paroître plus ancien. On lit dans la Loi Salique, tit. 45. Si quis hominem de barco abattiderit ; c'est-à-dire, Si quelqu'un abat ou fait tomber un homme de dessus un arbre. On lit aussi dans les mêmes Loix, tit. 38. Battiderit. Ainsi les François avoient déja fait battere, ou battidere, & abbatere, du Latin batuere, dans le même sens que nous disons, battre, & abattre ; & c'est de là que ces deux noms nous sont venus, selon Chifflet, dans son Glossarium Salicum, p. 125. & 135.

Abatre, en termes de Marine, signifie Dériver, s’écarter de la vraie route. Declinare, deerrare. Ce qui se fait par la force des courans ou des marées, ou par les erreurs du


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