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dans l’Epigastre, Epigastrium, les Hypocondres, le droit & le gauche, & le nombril. Il est terminé en haut par le cartilago ensiformis, à droite & à gauche par les fausses côtes, en-bas par les vertèbres des reins, par les os du Coxendix, l’os pubis & l’os sacrum. Il a dix muscles, dont il est couvert, & qui servent à expulser les excrémens, & l’urine, & le fœtus dans les femmes. Nous rapporterons leurs noms propres chacun à leur place. Selon M. Dionis, l’Abdomen est la partie antérieure du ventre, laquelle se divise en trois régions, dont la supérieure s’appelle épigastrique ; la moyenne, (celle du milieu) ombilicale ; & l’inférieure, hypogastrique. La première commence au cartilage xiphoïde, & finit deux travers de doigt au-dessus de l’ombilic ; la seconde commence où finit la première, & se termine environ deux travers de doigt au-dessous de l’ombilic ; & la dernière descend jusqu’à l’os pubis. Chacune de ces trois régions se divise encore en trois parties, une moyenne, & deux latérales. La partie moyenne de la région épigastrique est appelée épigastre ; & les latérales, hypocondres, dont l’un est à droite, & l’autre à gauche. La partie moyenne de la région ombilicale se nomme ombilic, ou nombril ; ses parties latérales sont les deux lombes. Le milieu de la région hypogastrique s’appelle hypogastre : ses côtés sont les îles ou les flancs. Il se dit quelquefois, mais improprement, des parties contenues dans le bas-ventre. Les Grecs l’appellent επιγάστριον & les Arabes mirach.

ABDUCTEUR. adj. m. Abductor.C’est une épithète que les Médecins donnent au quatrième muscle des yeux, qui les fait mouvoir en dehors, & regarder de côté pour marque de mépris & de dédain : c’est pourquoi on l’appelle aussi orgueilleux, & indignabundus, ou dédaigneux, fastidiosus. On le dit aussi des muscles du pouce, & d’autres parties du corps qui se peuvent mouvoir en dehors. ☞ L’Abducteur est le troisième muscle de l’index. Il prend son origine de la partie externe & moyenne de l’os du coude, & passant sous le ligament annulaire, il va s’insérer à la partie latérale & externe des os du doigt indice, qu’il tire en dehors vers les trois autres doigts. Dionis. Ce mot vient du Latin abduco, qui signifie Emmener.

☞ ABDUCTION, s. f. Abductio. Terme d’Anatomie. Le mouvement d’abduction, dans les muscles du pouce, est celui qui fait que les doigts s’éloignent du pouce. Dionis. Et dans les muscles des yeux, le mouvement d’abduction est celui qui éloigne la vûe, ou l’œil du nez, & fait regarder par-dessus l’épaule.


ABE.

ABÉATES. s. m. Abeatæ. Habitans de la ville d’Abée. Corn. Ce sont les Habitans de la ville d’Abée du Péloponèse. Ceux d’Abée de Phocide s’appellent Abantes.

ABÉE. Abea. Ville du Détroit Messénien, ou Mansertin, près de Phares, dans le Péloponèse. Elle fut ainsi appelée, dit Pausanias, d’Abdas, fils de Lyncée & d’Hypermnestre. Quelques Auteurs la confondent avec Ira, l’une des sept villes qu’Agamemnon offre à Achiles. Iliad. IX. Il y avoit un temple fameux où Apollon rendoit des Oracles ; les troupes de Xerxès le brûlerent. Il y eut aussi dans la Phocide une ville de ce nom bâtie par les Abantes.

ABEILLE. s. f. Insecte volant, grosse mouche qui a un aiguillon fort piquant, & qui fait le miel & la cire. Apis.

Comme on voit au printemps la diligente abeille,
Qui du butin des fleurs va composer son miel. Boil.

Swammerdam en fait la description, aussi-bien que des bourdons appellés fuci. A l’égard des abeilles qui font le miel, qu’il appelle, apes operariæ, il dit qu’on ne peut découvrir si elles sont mâles ou femelles ; mais dans le roi & les bourdons, les parties qui servent à la génération, sont très-perceptibles. Jean de Horn, fameux Anatomiste, a fait voir les œufs des abeilles dans la femelle, que l’on nomme ordinairement le roi. Elles ont un tissu dont elles sont enveloppées, qui est ourdi de même que celui des vers à soie. Swammerdam montre aussi des rayons de miel où l’on voit les appartemens du roi & des autres abeilles. On découvre sensiblement dans les abeilles les poumons composés de deux petites vessies. Leur gouvernement ne consiste que dans un amour mutuel, sans qu’elles aient la moindre supériorité les unes sur les autres. Les abeilles servent d’aliment aux hirondelles, qui ont l’adresse de les prendre en volant. C’est pourquoi lorsqu’il va pleuvoir, & qu’il y a peu de ces petits animaux dans l’air, les hirondelles descendent vers la terre pour y chercher leur aliment : d’où est venue l’erreur de croire qu’elles prédisent la pluie. Il y a aussi des mouches d’eau, qui portent les aiguillons dans la bouche, aussi-bien que tous les autres insectes aquatiques. Aldrovandus les décrit sous le nom d’abeilles amphibies ; & Jonston les appelle abeilles sauvages. Il y a une espèce d’abeilles sauvages qu’on trouve dans les


jardins & dans les bois. Swammerdam en distingue de six sortes. Il y en a qui ont des cornes fort longues ; d’autres dont le corps est velu. Mouffet les appelle abeilles solitaires dont le nid est fait de gravier, de sable & d’argile. Il décrit aussi sept sortes de guêpes. Il y en a de bâtardes, qu’on appelle pseudophecæ. Hoefflnagel en a dépeint vingt-quatre sortes, entre lesquelles il y a une mouche à trois queues, en latin vespa. Il y en a une que Goedart appelle gloutonne & dévorante, que quelques-uns nomment muscalupus, parce qu’elle dévore sa proie avec les dents. ☞ On voit dans l’Abissinie une espèce particulière d’abeilles. Elles sont plus petites que les autres, noires, & sans aiguillon ; elles ont leurs ruches cachées dans la terre, & font du miel & de la cire d’une blancheur extraordinaire. Maty. Les abeilles des Antilles & de l’Amérique méridionale sont plus petites que celles de l’Europe. Il y en a qui sont grises, d’autres brunes, ou bleues. Ces dernières font plus de cire, & de meilleur miel. Elles se retirent toutes dans des fentes de rochers, & dans des creux d’arbres. Leur cire est molle, & d’une couleur si noire, que rien n’est capable de la blanchir ; mais leur miel est beaucoup plus blanc, plus doux & plus clair que celui d’Europe. Elles n’ont point d’aiguillon. Lonvillers. Le P. du Tertre ajoute, qu’il est impossible d’apprivoiser ces abeilles, qu’elles sont toutes sauvages. Il convient du reste, à cela près, qu’il assure qu’il est faux que leur miel soit plus blanc que celui d’Europe. Celles d’Ethiopie, aussi plus petites que les nôtres & sans aiguillon, font leur miel en terre : elles entrent dans ces niches souterraines par un seul trou très-petit ; quand un homme en approche, cinq ou six le bouchent de leurs petites têtes si juste, qu’on ne s’en apperçoit point sans beaucoup d’attention. Elles sont noires ; mais leur cire est très-blanche, & leur miel très-doux. Ludolf. L. I. C. 13. Voyez Meursius dans sa Creta Liv. i. Chap. 15. sur les abeilles qui obligerent les habitans de Rochus d’aller s’établir ailleurs ; sur les abeilles de l’île de Crète, qui, quand elles veulent doubler un Cap, prennent de petites pierres dans leur museau pour leur servir de lest, & pour n’être point emportées par les vens. La même L. ii. C. 7. & sur celles du Mont Ida qui nourrirent Jupiter.

Le roi des abeilles est femelle, & jette environ six mille œufs par an. Il est deux fois plus gros que les autres abeilles. Il a les ailes courtes, les jambes droites, & marche plus gravement que les autres. Il a une marque au front. Pline dit que le roi des abeilles n’a point d’aiguillon. ☞ C’est là-dessus qu’est fondée la réponse qu’on fit au nom d’Urbain VIII après son exaltation. Il portoit des abeilles dans ses armes : un François fit là-dessus ce vers, en faveur de sa nation :

Gallis mella dabunt, Hispanis spicula figent.

Enfin, on répondit au nom du Pape d’une manière fort ingénieuse & fort convenable à la qualité de pere commun des Chrétiens :

Cunctis mella dabunt, nulli sua spicula figent,
Spicula Rex etenim figere nescit apum.

Quelques-uns prétendent qu’on remarque dans la république des abeilles une régularité & une subordination admirables ; qu’on y voit une distribution bien réglée des emplois ; un ordre, & un concert aussi parfait qu’entre des esprits qui conspirent à l’exécution d’un même dessein. Ce que Virgile dit que les piqûres des abeilles leur coûtent la vie, parce qu’elles laissent leur aiguillon dans la plaie, Animas in vulnere ponunt, n’est point véritable, & les Naturalistes n’en demeurent pas d’accord. C’est le seul insecte né pour l’utilité de l’homme, à ce que dit Pline, Liv. ii. En quoi il se trompe, car il devoit du moins ajouter le ver à soie. Il raconte plusieurs merveilles des abeilles, aussi bien que Mathiole, touchant leur œconomie. Il raconte plusieurs merveilles des abeilles, aussi bien que Machiole, touchant leur œconomie, qui sont telles, que le Philosophe Aristomache employa 60. ans en leur contemplation. Quelques-uns croyent qu’on peut faire des abeilles par art. Lorsqu’on tue un bœuf en Été, & qu’on l’enferme dans une chambre basse bien close, pour le laisser pourrir dans son cuir, ils prétendent qu’au bout de 45. jours il en sort une infinité d’abeilles. Les principaux des Anciens qui ont parlé des abeilles, sont Aristote, Hyginus, Virgile, Celse, Marc Varron, &c. ☞ Et parmi les Modernes, outre ceux que nous avons cités, un Anglois nommé Majow en a fait un Traité intitulé : Monarchia fœminina, seu Apum Historia. M. Maraldi de l’Académie Royale des Sciences, donna en 1712, un savant Mémoire sur les abeilles. Il est dans les Registres de l’Académie, & sera imprimé dans l’Histoire de cette Académie. On dit pour le moins aussi communément, Mouche à miel, que l’on dit, Abeille. Voyez Mouche a miel.

☞ On a souvent fait entrer les abeilles dans des devises. Une abeille avec ce mot d’Horace, Studiosa florum, est la devise d’un homme appliqué à des ouvrages d’esprit. Elle conviendroit encore mieux à une femme savante. Une ruche, & Labor omnibus unus, con-


B iij vient