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comme qui diroit mon pere & mon Roi, est 1°. un nom propre d’homme dans l’Ecriture. 2°. C’est un nom appellatif, ou comme appellatif, qui paroît commun à tous les Rois de Gérare, comme celui de Pharaon l’étoit à ceux d’Egypte. Car le Roi de Gérare, qui reçut Abraham, s’appelle Abimelech ; & Achis, qui reçut David, est aussi appelé Abimelech dans le titre du xxxiii. Pseaume. C’est un nom très-convenable aux Rois de ces premiers temps, qui furent les peres ou les chefs des familles, en sorte qu’on pourroit les appeler Peres & Rois en même temps. Il est croyable que ce fut là un des premiers que les Rois porterent.

AB-INTESTAT. Terme de Jurisprudence, qui se dit de celui qui hérite de droit d’un homme qui n’a point fait de testament, & qui avoit pourtant le pouvoir de tester. Intestato. On ne dit point d’un mineur qu’il est mort ab-intestat ; mais on dit d’un fils qu’il est héritier de son Père ab-intestat. Il y a eu un temps où l’on privoit de sépulture ceux qui étoient décédés ab-intestat : ce qui donna lieu à un Arrêt du 19. Mars 1409. portant défenses à l’Evêque d’Amiens d’empêcher, comme il faisoit, la sépulture des décédés ab-intestat.

ABJURATION, s. f. Renonciation solemnelle à une erreur, à une Hérésie. Erroris confessio ac detestatio. C’est aussi l’acte en forme, par lequel on justifie que l’on a abjuré. Son abjuration est signée de l’Évêque.

Abjuration, se dit aussi dans l’Histoire & les Loix d’Angleterre, du serment qu’un homme qui a commis un crime de felonie, & qui s’est réfugié dans un asyle, fait de sortir du Royaume pour toujours. C’est S. Edouard le Confesseur qui en fit la Loi ; mais depuis elle a été changée. Harris. Selon Boyer, il signifie exil perpétuel. Ce mot vient du Latin abjurare, qui dans Cicéron & dans les autres bons Écrivains de ce temps-là, signifie, Nier quelque chose avec serment.

ABJURER, v. act. Renoncer solemnellement à quelque mauvaise doctrine, à des maximes erronées. Errorem damnare, detestari. Cet homme a abjuré les erreurs de Socin. On dit simplement & absolument, il a abjuré ; pour dire, il a changé de Religion, il s’est converti. On a dit autrefois, abjurer sa Patrie ; pour dire, Quitter la Province pour n’y plus retourner, comme font les bannis & les proscrits. Abnegare Voyez Abjuration.

L’usage de ce terme n’est pas restreint aux matières de Religion. Il sert à exprimer qu’on renonce pour toûjours à certaines choses, & qu’on les abandonne. Il a abjuré la Poësie. Scar. Elle a abjuré tout sentiment de pudeur & de vertu. Pasc.

Abjuré, ée. part. pass. & adj. Damnatus, abjectus, repudiatus.

ABL.

ABLAB, s. m. Arbrisseau de la hauteur d’un sep de vigne, dont les rameaux s’étendent de même. Il croît en Egypte,


& subsiste un siècle, également verd en hyver & en été. Ses feuilles ressemblent à celles de nos fèves de Turquie, & ses fleurs qu’il porte deux fois l’an, au printemps, & en automne, sont presque pareilles. Cette plante produit des fèves qui servent de reméde contre la toux & contre la rétention d’urine. Les Égyptiens s’en nourrissent. Voyez HABLAB.

ABLAIS, s. m. Terme de Pratique en quelques Provinces. Dépouille de bleds. La Coûtume d’Amiens défend d’enlelever les fruits, & ablais, quand ils sont saisis, sans donner caution au Seigneur de ses droits. Ablais, dans les Coutumes d’Amiens & de Ponthieu, sont les bleds coupés qui sont encore sur le champ. Segetes detectae in agro jacentes.

ABLATIF, s. m. Terme de Grammaire. Sixième cas de la déclinaison du nom & du participe, qui exprime un rapport de séparation, de division, ou de privation. Ablativus Casus, auferendi casus. On dit aussi ablatif absolu, quand il est sans régime. On l’a nommé autrefois ablatif égaré. On dit populairement ablativo tout en un tas ; c’est-à-dire, tout ensemble, avec confusion. Le mot d’ablatif Latin a été fait ab auferendo. Priscien l’appelle aussi comparatif, parce qu’il ne sert pas moins à comparer qu’à ôter, parmi les Latins. Les Grammairiens prétendent que les Grecs n’ont point d’ablatif. L’ablatif est opposé au datif, parce qu’on se sert de l’ablatif pour exprimer l’action par laquelle on ôte, comme on se sert du datif pour exprimer l’action par laquelle on donne. Il n’y a pas en François de marque fixe & certaine dans la Grammaire qui distingue l’ablatif de tous les autres cas ; & nous disons qu’un mot est à l’ablatif par analogie avec la Langue Latine. Ainsi dans ces deux phrases, La grandeur de la ville, & Je viens de la ville, nous disons que de la ville dans la première est au genitif, & dans la seconde, à l’ablatif ; parce que cela seroit ainsi en Latin, si les deux phrases étoient exprimées en cette langue.

ABLE, ou ABLETTE, s. m. Petit poisson plat & mince, qui a le dos verd & le ventre blanc. Alburnus. Il se trouve dans les riviéres. Il semble que ce mot vient d’albus, & qu’on dit able,


pour albe, à cause de sa blancheur, par une simple transposition de lettres assez ordinaire dans les Langues.

ABLERET, Terme de pêche. C’est une espèce de filet carré attaché au bout d’une perche, avec lequel on pêche les ables, ou autres petits poissons : ce qui est permis par plusieurs Coûtumes. On l’appelle en quelques pays, Carré. Rete quadratum.

ABLOQUIEZ, adj. plur. Terme de Coutume. Celle d’Amiens défend aux Tenanciers de démolir aucuns édifices abloquiés & solivés, dans l’heritage qu’ils tiennent en roture, sans le consentement de leur Seigneur. Ces mots viennent apparemment de amovere à loco & à solo.

ABLUTION, s. f. Ablutio. Qui n’est en usage en François que pour signifier cette goutte de vin & d’eau qu’on prend après la Communion, pour consommer plus facilement la Sainte Hostie, ou qui sert à laver les doigts du Prêtre qui a consacré, ou dans quelque autre cérémonie ecclésiastique. Faire l’ablution. De là vient qu’on appelle aussi ablution, le vin que l’on mettoit dans un calice pour le donner aux enfans, à qui l’on administroit autrefois la Communion sous la seule espéce liquide. On voit cette coutume dans quelques Rituels voisins du douzième siècle. La ressemblance de cette action avec l’ablution que prennent les Prêtres à la Messe, lui a fait donner le même nom.

Ablution, se dit aussi chez les Religieux qui portent des habits blancs, de l’action de les blanchir & de les nettoyer. Lotio, lotura. Il y a des écriteaux qu’on met dans les cloîtres pour marquer les jours d’ablution.

Ablution. Les Médecins & les Chirurgiens appellent ablution, une préparation du médicament dans quelque liqueur, pour le purger de ses immondices, ou de quelque mauvaise qualité.

ABN.

ABNAQUIS, ISE. s. m. & f. Abnaquii. Peuple de l’Amérique septentrionale, entre la Mer de Nord, le Lac de Champlain, & la rivière de S. Laurent. Maty. Au reste, je ne sai pourquoi Maty & Mr. Corneille écrivent Abnaquiois. J’ai toujours oüi dire Abnaquis par les François qui ont été en Canada ; & un Auteur de Dictionnaire, qui les appelle Abnaquiois, avoue néanmoins qu’on les appelle aussi souvent Abnaquis.

ABNÉGATION, s. f. Terme de dévotion. Renonciation à ses passions, à ses plaisirs, à ses intérêts. Abnegatio. L’abnégation de soi-même est nécessaire pour la perfection Chrétienne. Il n’est guère en usage que dans cette phrase, & pour signifier un renoncement de soi-même, & un détachement de tout ce qui n’a point de rapport à Dieu. L’abnégation & la haine de soi-même recommandées dans l’Evangile, ne sont pas une haine absolue de nous-mêmes, mais de notre corruption. Fenel. La pauvreté religieuse renferme une abnégation & un renoncement sincère à tout ce qui n’est point Dieu, & qui ne peut contribuer ni à sa gloire ni à son service. Ab. d. l. Tr. Vivre dans une sincère abnégation. Id. Ce terme vient du Latin abnegare, qui signifie désavouer, ne vouloir point reconnoître une chose comme sienne.

ABO.

ABOI, Voyez ABBOI.

ABOILAGE, s. m. Vieux mot qui se trouve encore dans quelques Coutumes, & qui signifie un droit du Seigneur sur les abeilles qui se trouvent dans les forêts de leurs Châtellenies. Il a été formé d’aboilles, qu’on disoit autrefois pour abeilles. Ménag.

ABOILE, s. f. Vieux mot qui veut dire une Abeille. Apis.

ABOKELLE. s. f. Terme de Négociant en Egypte & de Relation. C’est le nom que les Arabes donnent à une monnoie de Hollande. Elle vaut moins que la piastre, & les Arabes la nomment ainsi, à cause d’une figure de lion qu’elle porte. Cependant au lieu de lui donner le nom de lion, ils lui donnent celui de kelb, qui signifie chien, soit par mépris pour les Chrétiens, soit pour marquer son bas alloi. Herb. Ce nom vient de אנ, ab, Pere, & kelb, qui est la même chose que l’Hébreu הלנ Chaleb, qui veut dire chien. C’est un Arabisme. Les Arabes disent aba, Pere, au régime de tout ce qui a, qui posséde quelque chose, dans le même sens que les Hébreux disent נן fils. Ainsi aboukelb est une monnoie, qui a un chien gravé, qui est marquée d’un chien. Car proprement il faudroit dire aboukelb, mais on dit vulgairement en Egypte abokelle.

ABOLIR, v. act. Mettre quelque chose hors d’usage, l’abroger, l’annuller. Abolere, abrogare, refigere. Le Magistrat a aboli cette méchante coutume. Le Roi a aboli une telle Loi, une telle procédure ; il a entièrement aboli les duels. Il signifie encore, Détruire, anéantir. Le temps a aboli les plus beaux Monumens de l’antiquité. Il n’y a que le Roi qui puisse abolir un crime ; c’est-à-dire, absoudre le coupable, & l’exempter du châtiment. On


dit