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doigts, & y mettez aussi-tôt dessus la plaie un petit grain de sel fondu dans la bouche, & cela fera sécher entièrement le mal. Si vous vous appercevez que votre serin souffre un peu, par ce que le sel le cuit, vous pourrez une heure après, ou environ, mettre sur son mal un petit morceau de sucre fondu avec la salive ; cela adoucira l’acreté du sel, & achevera de sécher la plaie. Hervieux.

ABSIDE. s. f. Absis & Absida. Terme d’Architecture & de Liturgie. C’est une voûte, car ἀψὶς en Grec, d’où l’on a fait abside, veut dire arcus, fornix, arc, voûte. On appelle aussi Abside, le Sanctuaire, ou la partie de l’Eglise qui est séparée du reste, & dans laquelle est l’Autel ; on l’a appelée du nom Abside, parce qu’elle est en voûte. Du Cange.

ABSIDES. s. f. Terme d’Astronomie. Ce sont deux points de l’orbite d’une planète, dont le plus haut est nommé apogée, & le plus bas périgée, ou le plus près de la terre. Apsides. Le diamètre qui les joint, s’appelle la ligne des absides, qui passe par le centre de l’orbite de la planète, & par le centre du monde. L’excentricité se prend dans la ligne des absides ; car l’excentricité est la distance entre le centre de l’orbite de la planète, & le centre de la terre.

Il s’est dit aussi quelquefois pour des Oratoires secrets qu’on a autrement appelés Doxologia, Doxalia, noms Grecs qui viennent de δόξα, louange, parce qu’on y chante les louanges de Dieu. Ces mots sont encore en usage dans les Pays-Bas, & signifient ce que nous appelons en François Chœur, un lieu au-delà de l’Autel, où les Religieux chantent l’Office, séparés du peuple, & sans en être vûs. Voyez Act. SS. April. Tom. I. pag. 694.

Il y avoit quelquefois plusieurs absides dans une même Église : ainsi l’Auteur de la vie de saint Hermenland, qui écrivoit au huitième siècle, dit que ce Saint fut enterré dans l’abside méridionale de la Basilique de saint Paul à Nantes. Absides alors ne peut, ce semble, signifier que deux choses ; ou ce que nous appelons Chapelles, qui étant voûtées étoient chacune une petite abside séparée ; ou dans les Eglises bâties en forme de croix, on appeloit abside méridionale le côté droit de la croisée qui regardoit le midi, l’Autel étant toujours à l’orient. Ce second sens paroît d’autant plus probable, qu’au même endroit le même Auteur distingue abside d’Oratoire, qui n’est autre chose que Chapelle. M. Chapelain écrit apside, conformément à l’origine de ce mot.

Abside, est aussi le nom que l’on donnoit autrefois à la bière où l’on mettoit les reliques des Saints : on l’appelle aujourd’hui châsse. On appeloit absides ces sortes de bières, parce qu’elles étoient élevées, & disposées en voûte. Du Cange.

ABSINTE. Voyez Absynthe.

ABSIRTIDES, ou plutôt ABSYRTIDES. s. f. & pl. Absyrtides. Îles de l’ancienne Liburnie, ou de la Dalmatie, vers l’entrée du golfe de Venise. On les nomme Absyrtides du nom d’Absyrte, frere de Médée, qu’elle y tua, & dont elle sema les membres sur sa route pour arrêter, à les ramasser, son pere Aëtes, qu’elle fuyoit avec Jason. Quelques Auteurs ont cependant appelé Ægialque ce frere de Médée. Lucain semble n’en reconnoître qu’une, qu’il appelle Absyrtos, & Brébeuf Absyrte.

Au Golfe d’Adria l’Absyrte tributaire
A ce commun devoir n’ose pas se soustraire.

ABSOLU, ue. adj. Souverain, indépendant. Cujus potestas summa. Prince absolu. Summus rerum Dominus. Commandement absolu. Il a obtenu cela d’autorité absolue.

Il signifie aussi, Sans réserve, sans restriction. Les Ambassadeurs ont quelquefois un plein pouvoir, un pouvoir absolu. On dit qu’un homme est absolu, impérieux, pour faire entendre qu’il veut être obéi, qu’il ne peut souffrir qu’on lui résiste, qu’il veut fortement ce qu’il ordonne. Imperiosus. On dit encore, Parler d’un ton absolu ; pour dire, parler d’un ton impérieux, commander avec hauteur. Une conduite ouverte & familière gagne mieux les cœurs, qu’une autorité sèche & absolue.

On appelle, Jeudi absolu, le Jeudi saint. Ce nom lui en venu de ce que dans l’ancienne Eglise c’étoit le jour auquel on absolvoit les Pénitens publics, comme il paroît par la lettre d’Innocent I. à Decentius. C. 7. Flodoard L. 1. de l’Hist. de Rheims ch. 14. Eloy de Noyon dans ses Homélies in Cœna Domini ; Hincmar dans la vie de S. Remi ; l’Ordo Romanus ; le Livre de Divin. Off. dans Alcuin, le Concile de Châlon sur Saône C. 47. &c. De là vient que ce jour s’appelle dans les vieux titres, Absolutionis dies, Jour de l’Absoute. Voyez ABSOUTE. Le P. Morin prétend néanmoins que ceci ne doit s’entendre que des Eglises d’Occident, & que dans les Eglises d’Orient, & même dans celles d’Espagne & de Milan, l’absolution ne se donnoit que le Vendredi saint, ou


même le Samedi saint. Mr Godeau a dit la même chose ; mais d’habiles Théologiens prétendent qu’ils se trompent.

En termes de Grammairien, un terme absolu, est un terme qui ne se rapporte à rien autre chose. Il est opposé à relatif. Un Ablatif absolu, est une locution détachée & indépendante, qui ne régit rien, & qui n’est régie de rien. Dictio ab alia minimè pendens. C’est à l’imitation des Latins : Deleto exercitu : L’armée ayant été taillée en pièces. Tout bien considéré, en matière de Religion, le plus sûr est de s’en tenir aux décisions de l’Eglise. Port-R. Absolu, en termes de Philosophie, signifie, ce qui ne porte ou ne renferme point l’idée d’une relation, ni de rapport à autre chose ; & il est opposé à relatif. Homme est un terme absolu ; au contraire, Créature, Père, sont des termes relatifs, parce que l’un emporte un rapport au Créateur, & l’autre à des Enfans.

En termes de Théologie quelques Ecrivains, ou Catholiques, ou Protestans, le prennent encore dans un autre sens, & l’opposent à déclaratoire. Ainsi dans la doctrine Catholique l’absolution de Prêtre est absolue ; il remet absolument les péchés ; mais dans la doctrine des Luthériens & des Anglicans, l’absolution du Prêtre n’est que déclaratoire & ministériale. Absolu signifie encore ce qui est sans condition ; & une promesse, une proposition absolue, opposée à une promesse, ou à une proposition conditionelle.

Nombre absolu. Terme d’Algèbre en matière d’équation. C’est ce que Viète appelle Homogeneum comparationis, & qui fait toujours un côté ou une partie entière de l’équation, & est toujours une quantité connue. C’est encore le rectangle, ou le solide dont on cherche la racine inconnue. Ainsi dans cette équation a a + 16 a = 36. le nombre absolu est 36. lequel est égal au produit des deux racines ou valeurs de l’a ; c’est-à-dire, à a multiplié par lui-même, plus a pris seize fois. Equation absolue, en termes d’Astronomie, est la somme de deux équations de l’excentrique, & de l’optique. Harris. Voyez EQUATION.

ABSOLUMENT, adv. Souverainement, avec une autorité absolue. Summo jure. Il commande absolument dans la Province. Il signifie impérieusement & décisivement. Superbè. Cet homme parle absolument, & en maître. Ce mot vient du Latin absolvere, en tant qu’il signifie achever, parce que celui qui commande absolument, veut que la chose s’exécute sans trouver d’opposition.

Il signifie quelquefois, Tout-à-fait, entièrement, sans réserve, & sans restriction. Prorsus, omninò. Il le nie absolument.

Il signifie encore, Nécessairement, de nécessité absolue. Il faut partir absolument, & sans repliquer. On dit vouloir absolument, pour dire, Vouloir déterminément, & à quelque prix que ce soit. Je n’en ferai absolument rien, & toutes vos remontrances ne m’y feront point consentir. La nature ne se laisse pas conduire au hazard, & n’est pas absolument ennemie de l’art & des règles. Boil.

On dit aussi en Grammaire, qu’un mot se dit absolument, quand il est sans régime. Par exemple. Il faut prier sans cesse : le verbe prier est mis là absolument, parce qu’il ne régit rien. En Philosophie & en Théologie, absolument, outre les significations déjà rapportées, signifie encore. 1°. De soi même, par soi-même, sans rapport à aucun autre, indépendamment de tout autre, & il est opposé à relativement. L’Homme pris ou considéré absolument, est un animal raisonnable. 2°. Sans addition, sans restriction, sans modification. Cela est bon absolument. En ce sens on y joint souvent simplement. Cela est simplement & absolument bon. Simpliciter & absolutè bonum. Absolument & simplement universel. 3°. Par une puissance, une vertu extraordinaire, au dessus ou hors du cours ordinaire de la nature. Les accidens se peuvent absolument séparer de leur sujet. 4°. Quelquefois absolument en morale veut dire, Souverainement. Dieu, la dernière fin de l’Homme, est absolument bon. 5°. Absolument signifie sans condition. Dieu ne promet point absolument le pardon, mais à condition qu’on sera véritablement repentant de ses péchés.

En Géométrie absolument, se prend encore pour Entièrement, parfaitement. Ainsi on appelle absolument rond, ce qui l’est entièrement, parfaitement, pour le distinguer de ce qui n’est que presque rond, comme la cycloïde & la sphéroïde.

Absolument, se dit d’une chose dont on parle en général, & sans entrer dans le détail. Universè, ou generaliter & absolutè. Cet ouvrage a quelques défauts, mais il est bon absolument parlant.

ABSOLUTION, s. f. Jugement juridique, par lequel l’accusé est absous & déclaré innocent. Absolutio. Il a obtenu un arrêt d’absolution en matière criminelle. Quand les opinions sont partagées entre la condamnation & l’absolution, on renvoie l’accusé absous ; cette jurisprudence est fondée sur les Loix de la Nature & sur le Droit Civil : c’est le sentiment de Faber sur la Loi 125. De div. reg. jur. de Cicéron pro Cluentio, de Quintilien de-


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