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ACC ACC


cessit ; & voilà mon accessit, en montrant le Livre qu’on a reçu.

ACCESSOIRE, s. m. Dépendance du principal, suite de quelque chose qui est plus considérable. Accessio. Les depens, qui ne sont qu’un accessoire, montent souvent plus haut que le principal. L’accessoire doit céder au principal. Persée fut le principal acteur de la guerre, & Gentius n’en étoit que comme l’accessoire. Ablanc. La caution dans le contract est un accssoire qui fortifie le contract, & par cette raison il est condamné comme le principal obligé, parce que l’accessoire tient de la nature du principal.

Accessoire, se prend figurément pour un état fâcheux. Status acerbus. Il étoit dans un étrange accessoire. On ne s’en sert plus en ce sens.

Accessoire, pris comme adjectif, se dit de ce qui n’est point de l’essence d’une chose, mais que l’on y joint comme un accompagnement, comme une dépendance. Adscitus, adventitius.

Accessoire, en matière de Pharmacie, veut dire un changement qui arrive au médicament par des causes extérieures, & qui augmente, ou qui diminue sa vertu.

ACCHO. Accho. Ville de Phénicie. Elle fut donnée à la Tribu d’Aser ; mais cette Tribu n’en chassa point les Chananéens, ou Phéniciens, non plus que de quelques autres lieux dont il est parlé au Ch. i du Liv. des Juges v. 31. Quelques-uns veulent que ce soit la même qu’Acé, ou Ptolémaïs. Bochart, Chanaan, C. 2, dit que c’est Acon, que Jacques de Vitry, dans son Histoire d’Orient, C. 25 écrit Accon. Voyez sur cet endroit les notes d’André Hojux, p. 461, de l’édition de Douai 1597, & Fuller. Miscell. Liv. iv, C. 15.

Etienne a tort de chercher dans la langue grecque l’étymologie de ce nom ; encore plus Josephe de le faire venir d’ἀρχή, principium. C’est un mot purement Hébreu, ou Phénicien, עכו, que quelques-uns interpretent compressus, ou consractus ; mais dont nous ne savons pas la vraie signification.

ACCIDENT, s. m. Terme de Philosophie, propriété accidentelle, ce qui survient à la substance, & qui ne lui est pas essentiel ; qui peut y être, ou n’y être pas, sans qu’elle périsse. Accidens. Un accident, ou un mode, c’est ce que nous concevons nécessairement dépendant de quelque substance. Roh. La blancheur est un accident dans une muraille, parce que cette muraille peut subsister sans la blancheur : au lieu que la blancheur ne peut naturellement subsister sans qu’elle soit soutenue par quelque substance. Les Cartésiens disent que l’extension constitue l’essence de la matière, & que les accidens ne sont que des modifications, qui n’en sont point distinctes réellement. Ces sentimens sont rejettés par les Théologiens, comme contraires à ce que la Foi nous enseigne touchant l’Eucharistie. Ce n’est pas nous, Nos très-chers frères, qui avons imaginé cette distinction de substance & d’accident ; c’est Platon, c’est Aristote, qui n’avoient aucune part à nos disputes : nous ne faisons qu’emprunter leurs termes, pour mettre hors de tout équivoque les termes communs. Peliss.

Accident, Evènement fortuit, hasard, coup de fortune. Casus. Malheur imprévu. Casus adversus. Il y a des gens à qui la faveur arrive comme un accident, ils en sont surpris les premiers. La Bruy. C’est par un heureux accident que cet homme a été garanti du naufrage. Quand il est mis seul, & sans adjectif qui en détermine le sens, il se prend presque toujours en mauvaise part. Il arrive quelquefois des accidens d’où il faut être un peu fou pour se bien tirer. Rochef. C’est dans les hôpitaux que se rassemblent toutes les infirmités, & tous les accidens de la vie humaine. Flech. Je suis fâché de l’accident qui vous est arrivé : cela s’entend de quelque avanture désagréable.

Quand on se brûle au feu que soi-même on attise,
Ce n’est point accident, mais c’est une sottise. Regnier.

Accident, signifie aussi les circonstances, & les incidens d’une action. Quand Sapho veut exprimer les fureurs de l’amour, elle ramasse de tous côtés les accidens qui suivent, & qui accompagnent cette passion : & remarquez que de tous ces accidens, elle choisit ceux qui marquent davantage l’excès & la violence de l’amour. Boil.

Accident absolu. Accidens absolutum. C’est celui qui subsiste, ou qui peut au moins surnaturellement & par miracle subsister sans sujet. Tels sont les accidens du Pain & du Vin dans le Sacrement de l’Eucharistie : car l’Eucharistie étant un Sacrement ; c’est-à-dire, un signe visible, de la Grace invisible, il faut nécessairement qu’il y ait quelque chose de sensible. Ce ne peut être aucune substance, il faut donc que ce soient des accidens. De plus il se fait dans l’Eucharistie une véritable conversion ; c’est la Foi de l’Eglise Catholique, la Doctrine des Pères, & la décision des Conciles de Rome, sous Grégoire VII. de Latran, sous Innocent III. & de Trente, Sess. XIII. Chap. 6. Or en toute convèrsion il doit y


avoir quelque chose de commun, qui demeure après le changement le même qu’il étoit avant le changement ; autrement ce ne seroit qu’une simple substitution d’une chose à la place d’une autre. Comme donc il n’y a aucune substance qui demeure, il faut que ce soient de purs accidens. Enfin, le Concile de Constance a condamné comme hérétique cette proposition, qui est la seconde de Wiclef, dans la Sess. VIII. Les accidens du Pain ne demeurent point sans sujet dans le même Sacrement (de l’Eucharistie). Et quoique le Concile de Trente ne se soit point servi du mot d’accident, il a néanmoins défini la même chose au regard des espèces, qui dans le langage de tous les Théologiens ne signifient autre chose que les accidens du Pain & du Vin. Car que sont autre chose les especes après la consecration, que des espèces sacramentelles & des accidens sans sujet ? dit le Concile de Cologne en 1539. Part. VII. §. 15. On peut voir encore dans le Concile de Basse le discours de Jean de Ragusio, Procureur général des Dominicains. Quelques Théologiens ou Philosophes reconnoissent pour accidens absolus tous ceux qui restent dans le Sacrement après la consécration ; la quantité, la couleur, la saveur, &c. D’autres disent qu’il n’y a proprement que la quantité qui soit un accident absolu & sans sujet, que les autres ont pour sujet la quantité. Le premier sentiment est plus conforme à celui des Pères, & à l’ancienne Doctrine ; car les Pères ont reconnu des accidens absolus autres que la quantité, & ailleurs que dans le Sacrement de l’Eucharistie. S. Basile, dans son Homélie VI. sur la création, enseigne, que la lumière ou plutôt la splendeur, la lueur de la lumière, , est différente de son sujet, comme la blancheur du corps blanc, & qu’elle a été au commencement sans ce sujet, ayant été créée quatre jours auparavant, ce qu’il regarde comme un miracle de la toute-puissance de Dieu. S. Grégoire de Nazianze dit la même chose. Orat. 43. Nicétas aussi-bien que Procope sur la Genèse approuvent ce sentiment de S. Basile. Les Cartésiens ont imaginé tout ce qu’ils ont pu pour détruire cette Doctrine des accidens absolus ; mais ils n’ont rien inventé qui satisfasse. Ils disent que sans qu’il reste rien, Dieu fait sur nos sens les mêmes impressions que faisoient le Pain & le Vin avant la consécration. Mais c’est là rejetter la Doctrine de l’Eglise, & au lieu d’une vraie conversion, ne reconnoître qu’une simple substitution. D’autres soutiennent que tous les corps ont beaucoup de matière hétérogène, d’air & d’autres corpuscules renfermés dans leurs pores ; que quand le Pain est détruit, cette matière, qui n’est point du Pain, subsiste ; que Dieu par miracle la conserve dans le même arrangement, qu’elle avoit dans les pores du Pain, avant qu’il fût détruit ; qu’ainsi elle doit produire les mêmes sensations que produisoit le Pain. Mais on répond à cela que c’est encore là n’admettre qu’une pure substitution, & non point une véritable conversion ; que d’ailleurs dans les principes mêmes des Cartésiens toute cette explication doit être fausse ; que l’espace qu’occupoient avant la consécration les parties solides de la substance du Pain & du Vin, ou demeure vuide après la consécration, ou se remplit de quelque autre substance, qui n’est pas du Pain, ni du Vin ; que soit qu’il demeure vuide, soit qu’il se remplisse de quelque autre substance, ce n’est plus le même tissu, ni le même arrangement de parties, puisque ce n’est plus du Pain ni du Vin ; qu’ainsi selon les Cartésiens mêmes ce ne doit plus être les mêmes sensations. De plus, que les parties du Pain n’étant point disposées, ni figurées de la même manière que celles du corps de Jesus-Christ, les pores ne peuvent être non plus disposés de même ; que cela étant il ne se peut faire que la matière interceptée dans les pores du Pain & du Vin, & conservée après la consécration dans la même situation, réponde exactement aux pores du Corps de Jesus-Christ ; qu’en plusieurs endroits elle tombera sur des parties solides ; qu’alors il faut de deux choses l’une ; ou que pour conserver toujours le même arrangement de cette matière, il y ait pénétration de plusieurs de ses parties avec des parties solides du Corps de Jesus-Christ, ce qui n’est pas possible dans les principes de Descartes ; ou que la disposition & l’arrangement se change, & que ce ne soient plus les mêmes sensations, ou impressions sur nos sens, ce qui est faux. Voyez la lettre d’un Philosophe à un Cartésien de ses amis. La substance corporelle ne se peut séparer de ses accidens. Qui vous l’a dit ? Etiez-vous du Conseil de Dieu, quand il tiroit du néant les substances & les accidens ? Peliss.

Accident, en termes de Médecine, est la même chose que symptome, & se dit de tout ce qui arrive de nouveau à un malade, soit en bien, ou en mal. Symptoma. Le remède travailla de telle sorte, que les accidens qui s’ensuivirent fortifierent l’accusation. Vaug. Cette plaie se pourra guérir, s’il ne lui arrive point d’accident ; c’est-à-dire, de fièvre, d’inflammation, ou d’autres symptômes.


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