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ἐστιν, ὥς τινες ὄιονται ἀμαθῶς ; mais que ce sont les pointes des herbes & des plantes. Mais il s’est trompé ; ce que nous avons dit ne laisse aucun lieu d’en douter, & S. Augustin, Béde, & beaucoup d’autres, sont du sentiment contraire. Ainsi c’est avec raison que les Jésuites d’Anvers rejettent avec mépris le sentiment des Ebionites, qui, au lieu d’ἀϰαρίδες, mettoient ἐγχρίδες, qui signifie une espèce de mets délicat fait avec de l’huile & du miel ; celui de quelques Novateurs qui veulent qu’on lise ἀϰραδες, ou χαριδες, des cancres marins ; & celui de Béze, qui lit ἄϰρος, des poires sauvages. Ludolf croit aussi que ce sont des sauterelles que mangeoit S. Jean, Hist. d’Ethiop. T. II. p. 24.

ACRIMONIE. s. f. Aigreur piquante. Les sels ont beaucoup d’acrimonie. L’acrimonie de la bile est cause de beaucoup de maladies. Modérer l’acrimonie, ou l’âcreté des humeurs.

ACRO. Ce mot qui est Grec, & vient d’ἄϰρος, haut, ce qui est au haut, au sommet d’une montagne, quand il est joint au nom d’une ville ; signifie souvent la citadelle de cette ville ; parce que les citadelles se construisent sur les lieux élevés qui commandent les villes. Ainsi Acrocorinthe est la citadelle de Corinthe ; Acropolis, la citadelle d’Athènes, qu’on nommoit en Grèce du nom général πόλις, ville par excellence, comme Rome étoit appelée Urbs. Acrocorinthe est représentée sur quelques Médailles qui peuvent donner du jour à ce que nous venons de dire. Une Médaille d’Auguste porte d’un côté la tête de cet Empereur couronné de laurier. Imp. Cæsar Augustus. Au revers. Octaviano iter iivir. Un rocher ou montagne escarpée de laquelle le haut est occupé d’un temple, ou d’un bâtiment, dont il ne paroît que le frontispice qui est à six colonnes, trois de chaque côté, & dans l’exergue. Cor. c’est-à dire, Corinthus.

ACROCERAUNES. Acroceraunia, Acroceronii montes. Selon Servius, c’est le nom de plusieurs montagnes de différens pays, ainsi appelées de ἄϰρον, le sommet d’une montagne, & ϰεραυνὸς, foudre, parce que les hautes montagnes sont souvent frappées de la foudre. Il y en a dans l’Epire qui donnent aussi leur nom à un Promontoire qui s’avance dans la Mer Adriatique. Acroceraunium. Le Cap Acrocéraunien, aujourd’hui Capo della Chimera, ou della Languetta.

ACROCÉRAUNIE. Acroceraunia. Ville épiscopale de l’Epire, au pied des monts Acrocérauniens, aujourd’hui appelée Chimère, nom qui vient d’un château nommé Chimère, que Pline dit avoir été sur le sommet de ces montagnes.

ACROCÉRAUNIEN, enne. s. m. Acroceraunius. Ptolomée appelle ainsi les Habitans des montagnes de l’Epire dont on vient de parler, Peuple agreste & barbare, qu’on nomme aujourd’hui Chimériots, du nom de ces mêmes montagnes, qui sont appellées montagnes de la Chimère, ou plutôt du nom de la Ville dont on vient aussi de parler. Le Cap Acrocéraunien. T. Corn. Les monts Acrocérauniens sont des bras du Pinde que quelques-uns disent être appellés Monts du Diable. id. Je ne sçais pas quelle délicatesse M. Dacier n’a pas voulu se servir de ce mot dans sa Traduction d’Horace. Il l’a cependant mis à la marge ; & dans ses Notes il ôte la première partie du nom, & les appelle Monts Cérau-

Acrocérauniens. s. m. & pl. Est aussi le nom des montagnes de l’Epire dont on vient de parler. Il paroît même que c’est ainsi qu’il faut dire, & non pas Acrocéraunes, que je ne trouve que dans le Dictionnaire Géographique de M. Corneille. Quel genre de mort eût pu épouvanter un homme assez intrépide pour voir d’un œil tranquille les monstres de la mer, ses flots en furie, & les Acrocérauniens, ces écueils fameux par tant de naufrages ? Le P. Tart.

ACROCOME. s. m. & f. Qui a les cheveux longs, qui ne les coupe point. Ce mot est Grec, composé d’ἄϰρος, summus, & ϰόμη cæsaries.

ACROIRE. v. a. Vieux mot françois, qui vouloit dire, prêter : ce mot vient de credere. Borel.

ACROMION. s. m. Terme d’Anatomie. C’est l’extrémité & l’épine de l’omoplate. Ce mot vient de d’ἄϰρος summus, & de ὦμος, humerus, c’est-à-dire, l’extrémité de l’épaule. C’est donc précisément à cause de sa situation & de sa place, qu’on l’a ainsi nommée, & non à cause qu’elle ressemble à un ancre, comme l’écrit M. Dionis ; car il n’y a rien dans acromion qui puisse signifier ancre ; & c’est la ressemblance d’acre ; & d’ancre, qui a trompé cet Auteur ; il a confondu le mot acromion avec celui d’ancyroïdes. Quelques-uns ont prétendu que l’acromion étoit un os distingué des autres, parce que ce n’est durant l’enfance qu’un cartilage, qui s’ossifie peu-à-peu, & qui, après l’âge de vingt ans, est tellement dur, & uni au reste de cette épine, qu’il ne paroit qu’un même os. Dionis.


ACROSTICHE. Ménage le fait masculin, après S. Amant. Quelques-uns le font féminin : l’Académie Françoise a décidé pour le masculin. Sorte de poësie disposée de façon, que chacun des vers commence par une lettre qui fait partie du nom qu’on écrit de travers à la marge, afin que chaque lettre du nom réponde à chaque vers. Acrostichis. On en fait aussi où le même nom se trouve au milieu, ou aux autres endroits des vers. On a vu même des Sonnets pentacrostiches, où il y avoit cinq acrostiches. Cette sorte de poësie est aujourd’hui fort méprisée, & un faiseur d’acrostiches est un Poëte ridicule. C’est l’effort & l’application d’un petit esprit. Ce mot vient du Grec ἄϰρος, summus, ce qui est à une des extrémités, & σίχος, vers. Voici un exemple d’acrostiche tout propre à faire sentir combien ces sortes de pièces gênent l’esprit, parce qu’outre l’acrostiche du nom du Roi au commencement des vers, il y a encore des échos à la fin. Il fut fait après la bataille de la Marsaille.

Sonnet.
L Le bruit de ta grandeur, dont n’approche personne sonne
O On sait le triste état où sont tes ennemis mis
U Voudroient-ils s’élever, bien qu’ils soient terrassés assez
I Ils connaîtront toujours ta victoire immortelle telle
 
S Superbes Alliés, vous suivrez les exemples amples
D D’Alger et des Génois implorant d’un pardon don
E En vain toute l’Europe oppose ses efforts, forts
B Bataillons sont forcés & villes entreprises. prises.
O Oh ! que par tant d’exploits vous serez embellis lis
U Votre gloire en tous lieux du combat de Marsaille aille
R Rendant la Ligue entière après mille combats bas.
 
B Belge, tu marcheras pareille à la Savoye voye
O On te voit tout tremblant sous un tel Souverain Rhin
N Nous te verrons aussi sous un Roi si célèbre Ebre.

Quelquefois les acrostiches commencent à rebours ; c’est-à dire, par la première lettre du dernier vers, en remontant de-là jusqu’au premier. Telle est celle que Guillaume de S. André a fait de son nom aux 22 derniers vers de son Poëme sur Jean IV, Duc de Bretagne. Ce Poëme se trouve dans le second Tome de la nouvelle Histoire de Bretagne, p. 691. ☞ Prenez un homme tout-à-fait ignorant, il mettra tous les Poëtes du monde en même rang, depuis Virgile jusqu’aux faiseurs d’acrostiches. Pélisson. Discours sur les Ouvrages de Sarrasin.

Quelques Auteurs appellent aussi Acrostiches les deux épigrammes du premier Livre de l’Anthologie, C. 38, faites à l’honneur, l’une de Bacchus, & l’autre d’Apollon, & composées de 25 vers, dont le premier est la proposition, ou le dessein de l’épigramme, les 24 suivans sont composés chacun de quatre épithètes commençant tous quatre par la même lettre, & disposés ainsi selon l’ordre alphabétique des 24 lettres des Grecs, ensorte que le premier de ces 24 vers comprend quatre épithètes qui commencent toutes par α, le second quatre épithètes qui commencent par β le troisième quatre épithètes qui commencent par γ & ainsi des autres jusqu’à ; ω Ce qui fait 96 épithètes pour chacun de ces Dieux.

Acrostiche, adj. m. Des vers acrostiches ; c’est-à-dire, des vers dans lesquels il se trouve un acrostiche, ou plusieurs acrostiches.

ACROTÈRES. s. m. Terme d’Architecture, qui se dit des petits piédestaux qui sont au milieu, & aux deux extrémités d’un frontispice, & sur lesquels on pose des figures. Acroteria. Les acrotères des côtés doivent avoir de hauteur la moitié de celle du fronton, & celui du milieu une huitième partie de plus, selon Vitruve.

Acrotères, signifie quelquefois, les extrémités ou les faîtes des bâtimens. Extrema, Fastigia.

Acrotères, sont encore certains promontoires, ou lieux élevés qu’on voit de loin sur la mer.

ACROTERIA. s. m. Terme purement Grec ; ἀκροτήριον:On ne s’en sert qu’en parlant de médailles. C’est un ornement de vaisseau recourbé, & il marque une victoire navale, ou une ville maritime.

ACROUPETONS. adv. Borel ne fait qu’un mot de ces quatre syllabes; il dit que ce mot veut dire, en un monceau, acervatim, & qu’il vient d’accroupir, qui vient de croupion. Dans quelques Provinces, le peuple dit encore acroupetons, pour exprimer la posture de ceux qui sont assis sur leurs talons, ou qui étant appuyés sur les pieds, ont le corps tellement plié, qu’ils sont presque assis à terre, & qui sont ainsi ramassés, comme en un monceau.

ACT.

ACTE, s. m. Terme de Physique. Action, exercice effectif d’une puissance, ou d’une faculté. Actio. Actus. La forme est la matière réduite en acte. L’acte est l’exécution de la chose, & est opposée à la puissance, qui est la capacité d’agir, ou de souffrir. Les causes secondes sont déterminées par le mouvement qui


Tom. I. H leur