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ABRICOTÉ. s. m. Dragée faite d’un petit morceau du fruit de l’abricot entouré de sucre. Prunum armeniacum saccharo conditum.

ABRICOTIER, s. m. Arbre qui porte des abricots. Prunus armeniaca. Ses feuilles sont semblables à celles du tremble, un peu pointues par le bout, dentelées en leur circonférence, & sortent quatre à quatre, ou cinq à cinq. Il jette des fleurs blanches comme le cerisier, d’où sort le fruit en forme de pêche, ayant au dedans un os, dans lequel il y a un noyau, tantôt doux, & tantôt amer. Pour avoir un abricotier, on prendra d’un jet qui aura poussé dans l’année, des greffes ou écussons qu’on appliquera sur le prunier, ou amandier, ou sur le noyau d’un pêcher, soit à la pousse, à la S. Jean, ou à l’œil dormant. Ces greffes d’abricotiers réussissent plus surement quand on ne prend pas les écussons sur une branche, qui ne vient que d’être coupée tout nouvellement sur un abricotier ; il est important de ne greffer que le lendemain. Chom. Les abricotiers qui n’ont qu’un an de greffe, pourvu que le jet soit beau, valent mieux pour planter que ceux qui en ont deux ou davantage. La Quint.

Abricotier, s. m. Armeniaca Malus, ou Prunus Armeniaca. s. f. Arbre d’une moyenne grandeur, dont les feuilles sont posées le long des branches alternativement, semblables à celles du tilleul, mais plus arrondies. Ses fleurs sont composées de cinq pistils disposés en roses dans les échancrures du calice, qui est un godet découpé en cinq parties. Le pistil devient un fruit charnu, presque sphérique, d’un côté silloné de sa base à sa pointe, & qui renferme dans sa chair un noyau osseux, un peu applati, & ne contenant qu’une amande, douce en quelques espèces, amere en d’autres. Les espèces d’abricotiers se distinguent sur-tout par la variété de leurs fruits.

Il vient d’assez bons abricots en grands arbres, où ils se trouvent tous tanelés de petites marques rouges, qui réjouissent la vûe & éveillent l’appétit par un goût bien plus relevé qu’ils n’ont en espalier ; mais l’espalier leur augmente la grosseur, & leur donne un vermillon admirable. Les meilleurs sont un peu sucrés, mais d’ordinaire pâteux. On commence d’en avoir dès l’entrée de Juillet, principalement d’une petite espèce qu’on appelle l’abricot hâtif. La Quint.

ABRIER. v. act. Vieux mot qui signifioit, Protéger, défendre, mettre à l’abri, couvrir. Defendere, operire. Mézerai l’a employé. Je dis au Comte qu’il n’oubliât de rejeter ma robe sur son lit, en manière qu’elle les abriât tous deux. Montaigne. Il seroit à souhaiter que ce mot pût revivre. Les Jardiniers s’en servent, pour dire Mettre une couche, une fleur à l’abri du vent.

ABRIÉVER. v. nt. Ce mot n’est plus en usage. Dans le Roman de Perceval il veut dire arriver. Advenire.

ABROGATION, s. f. Action par laquelle on annulle, ou on change une loi ; on supprime une coutume. Abrogatio. L'abrogation de la Pragmatique Sanction s’est faite par le Concordat entre François I. & Léon X. en 1516.

ABROGER, v. act. Casser, annuller, mettre hors d’usage. Abrogare. Il ne se dit guère que des Loix & Coutumes. Les anciennes Ordonnances sont abrogées par les nouvelles. Les coutumes s'abrogent par un usage contraire pendant un long espace de temps. Ce Prince entreprit d’abroger les Priviléges de la Nation.

Abrogé, ée, part. pass. & adj. Abrogatus. Les Loix abrogées n’ont plus de force.

ABROLLES, s. m. C’est un nom de rochers qui s’étendent l’espace de 50. lieues dans la mer du Bresil, vers la Capitainie du Rio-grande. Nos François ont formé ce nom sur celui que les Portugais ont donné à ces écueils, Abrolhos, composé de arbrar, ouvrir, & olhos les yeux. Ces rochers sont très-dangereux, & il faut bien y prendre garde pour les éviter.

ABROTONE. s. f. Abrotonum. Lucain, L. IX. v. 920, a dit aussi Abrotonus, m. Herbe, ou plante fibreuse & odoriférante. Elle ne peut supporter le froid, & vient mieux dans une terre maigre & sèche. Il y en a de deux sortes, mâle & femelle. La femelle se dit en Latin, Abrotonum fœmina, ou Santolina ; selon quelques Auteurs, Cupressus, Cyprès. Elle est toujours verdoyante, selon Théophraste. Elle étoit d’un grand usage dans la Médecine ; ce qui a fait dire à Horace, Abrotonum ægro non audet, nisi qui didicit, dare, &c. On dit aussi par corruption, Brotanne pour Abrotone ; mais ces deux termes sont peu usités dans la Botanique, & ne se trouvent que dans d’anciennes & mauvaises traductions de Livres de plantes. Il faut dire Aurone. Voyez ce mot.

ABRUS. Voyez Pois de Bedeau.

ABRUTIR. v. act. rendre bête, stupide. Stupidum acbruti similem facere. Le vin l’a tellement abruti, qu’il est insupportable. On le dit aussi avec le pronom personnel. Les esprits foibles s’abrutissent dans la solitude. Vaug.

ABRUTISSEMENT, s. m. Stupidité grossière. État de celui qui vit en bête. Stupor. Quand un vieux pécheur est tombé dans l’abrutissement, il ne s’en peut retirer sans une spéciale grace de Dieu.



ABRUZZE. s. f. Aprutium. C’est une des quatre parties générales du Royaume de Naples. Elle a au nord le golfe de Venise, au levant la Capitanate, avec la principauté ultérieure ; la terre de Labour au midi, avec l’État Ecclésiastique qui la borne aussi au couchant. L’Abruzze se divise en citérieure, ultérieure, & Comté de Molisse. Elle occupe une partie du pays des anciens Samnites. Le mot François s’est formé de l’Italien Abruzzo, & celui-ci du Latin Aprutium.

ABS.

ABSCÈS, Voyez ABCÊS

ABSCONSER. v. neut. Se cacher. Abscondere, Abdere se. Vieux mot qui n’est plus en usage. On dit encore en Picardie, Esconser. Le soleil s’est esconsé. Esconsement du soleil. Occasus solis. Nicot. On trouve en Latin barbare absconsa, absconse ; pour signifier, une lanterne sourde, dont la lumière se cache, absconditur.

ABSENCE, s. f. Retraite, éloignement, soit du lieu, soit de la personne Absentia. L’absence nous fait connoître le prix des choses que nous perdons. Vix bona nostra aliter quam perdendo cognoscimus. Petrarq. De Roch. Les souvenirs dans l’absence sont plus vifs en amour, qu’en amitié. M. Scud. Le portrait de la personne aimée adoucit les ennuis de l’absence. Felib. Les longues absences éteignent l’amour, mais une courte absence le ranime. St Evr.

Je veux finir mes jours dans l’amour d’Uranie.
L’absence ni le temps ne me sauroient guérir. Voit.

L’ingrat de mon départ consolé par avance,
Daignera-t-il compter les jours de mon absence  ? Racin.

On travaillera à cette affaire tant en présence, qu’absence : phrase de Pratique, dont on se sert contre ceux qui ne comparoissent point aux jours d’assignation. Pour marquer en devise les douleurs de l’absence, on a peint une tulipe sous les rayons du soleil, ou sous un soleil caché d’épaisses nuées, ou au soleil couchant, avec ce mot Espagnol : Sinsus rayos, mis desmayos. Sans ses rayons je tombe en défaillance.

Absence d’esprit, signifie Distraction, quand on songe à une autre chose qu’à celle dont on parle. Mentis aberratio, avocatio. On s’en sert aussi pour exprimer, ou pour excuser une faute, ou une bévûe, ou dans la conduite, ou dans la conversation. On l’attribue à un défaut d’application. Cet homme a des absences d’esprit que ses amis ont de la peine à justifier.

ABSENT, ente. adj. & subst. Qui est éloigné, Absens. Les Absens pour la République sont réputés présens. Mépriser les dangers absens. Ablanc. Tant qu’un amant est absent, il est où il aime, & non pas où il vit. M. Scud. Les absens malheureux sont en peu de temps effacés du souvenir du monde. M. Esp.

Absent, en matière criminelle, est celui que l’on ne trouve point, & de qui on fait le procès par contumace.

Absent, en cas de prescription, est celui dont le domicile est situé hors du ressort de la juridiction où sont les héritages.

Celui qui est absent du Royaume, avec intention de n’y plus retourner, est réputé étranger ; mais il n’est pas pour cela réputé mort : ses héritiers ne laissent pas quelquefois de partager ses biens, par provision seulement ; mais sa femme ne sçauroit convoler à de secondes nôces, qu’elle n’ait des certificats authentiques de sa mort. Voyez les Décrétales de Greg. IX. Liv. 4. & M. Louet, lettre C. n. 22.

On dit proverbialement, Que les os sont pour les absens, lorsqu’on dîne sans eux, lorsqu’on ne leur laisse que les restes des autres.

ABSENTER. v. n. qui ne se dit qu’avec le pronom personnel. Se retirer, s’éloigner de la présence des autres. Abesse. Ce Prince s’est absenté de la Cour. Il s’absente de ses amis avec peine.


Ou sois long-temps absent, ou ne t’absentes point :
Une courte absence est à craindre :
Souvent l’amour s’en sert pour nous mieux enflammer. Corn.

s’Absenter, signifie encore, S’enfuir, se cacher, se mettre à couvert. Abire, evadere, discedere, aufugere, proripere se, abdere se. En ce sens il marque une cause fâcheuse de s’éloigner. Il s’est absenté de la ville, à cause qu’on avoit décrété contre lui. Ce Marchand s’est absenté, a fait banqueroute.

ABSÈS ou ABCÈS. s. m. On écrit aussi Abcès. Tumeur contre nature, qui tend à corruption. Amas d'humeurs, ou de sang, qui se forme dans une partie interne du corps. abcessus, vomica. Le peuple l'appelle apostume. Cet homme est mort d'un abcès qu'il avoit dans le ventre. Un abcès qui perce ou suppure en dehors est capable de guérison. Voyez Tumeur & Aposthème. Quand un serin est attaqué d'un abcès qui se forme sur le croupion, vous le prenez dans vos mains, & avec une pointe de ciseaux bien fins, vous lui coupez adroitement la moitié de ce bouton blanc, puis en faites sortir le pus en le pressant un peu avec le


doigt