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ACARNAR. Nom de la dernière étoile du fleuve Eridan.

ACARNE, ou ACARNAN. Voyez Pline & Rondelet. C'est un poisson de Mer qui ressemble en figure & grandeur au rouget. Il est blanc, couvert d'écailles argentines ; sa tête est grosse, son museau aquilin, sa gueule petite, ses dents menuës, ses yeux grands, sa chair bonne à manger. Il purifie le sang, & excite l'urine. Acarnus, acarnanus.

ACAT. s. m. Vieux mot, au lieu duquel on dit aujourd’hui Achat, comme acheter, au lieu d’acater ; & acheteur, au lieu d’acateur.

ACATALÈCTE, adj. Est un terme de Poësie Latine. Ce mot veut dire, à quoi il ne manque rien à la fin. Acatelectus. On appelle un vers acatalècte, quand il a tous ses pieds, & quand il ne lui manque aucune syllabe, parce qu'une syllabe toute seule ne fait point un pied dans les vers Latins, chaque pied ayant au moins deux syllabes.

ACATALÈCTIQUE, adj. Terme de Poësie, qui se dit des vers qui sont exactement parfaits, & qui n'ont pas une seule syllabe de trop ou de trop peu. Ainsi le définit Monsieur Harris. Pour parler juste, & selon la force du mot, il faut dire que ce sont les vers auxquels il ne manque point de syllabe à la fin, au contraire des vers catalèctiques, auxquels il manque à la fin quelque syllable. Car ces mots sont Grecs & viennent de , cesso, desino. De-là , à qui il manque quelque chose à la fin ; & avec l'a privatif , a qui il ne manque rien à la fin. Par exemple, dans la Ve. Ode du Ir. Livre d'Horace, chaque strophe est de trois vers, dont les deux premiers sont acatalèctiques, & le troisième catalèctique.

Solvitur acris hyems gratâ vice
Veris & Favoni,
Trahuntque siccas machinæ carinas.

Dans la Poësie Françoise on peut appeler acatalectiques, les vers de sept syllabes, tels que sont ceux-ci composés sur la mort de M. le Dauphin & de Madame la Dauphine, morts à quelques jours l’un de l’autre.

En vain la mort & l’amour
D’une funeste victoire
Se disputent-ils la gloire,
Ils sont vainqueurs tour à tour.
Sitôt que la mort jalouse,
A l’époux ravit l’épouse,
Aussitôt l’amour jaloux
A l’épouse rend l’époux.

Et de même les vers de trois syllabes :

La cigale ayant chanté
Tout l’été, &c.

Ou bien ces tèrmes de Marot :

Damoiselle de Torcy,
Cet an cy
Tel étrène vous désire,
Qu’un bon coup vous puissiez dire :
Grand’mercy.

A CAUSE. Préposition qui gouverne le génitif : & a cause que, conjonction, qui veut après soi, l’indicatif. ☞ Voyez au mot Cause.

ACAZER. v. a. Terme de Coutume. C’est proprement donner en fief, inféoder.Infeodare. Voyez Caseneuve, dans son Traité du franc-alleu. L. i, Ch. ii. Du Cange sous le mot Casare. De Lauriere.

ACAZER, dans la Coutume de Bordeaux, Art. 101, signifie aussi, Bailler à rente. Id.

ACAZEMENT, s. m. Terme de Coutume, il a les significations de son verbe, & signifie l'action par laquelle on donne à fief, ou en rente.

ACC.

ACCABLEMENT, s. m. Bouleversement, accident par lequel une chose succombe sous une charge excessive. Eversio, oppressio. Pendant ce tremblement de terre il y eut un accablement général dont personne ne se put sauver. On ne l’emploie point au propre. Il est plus en usage au figuré. Il signifie embarras, langueur, abattement, redoublement d’affliction, multitude de choses. Oppressio, Mœror Je n’ai pas de ces heures de chagrin & d’accablement qui vont jusqu’à l’ame. Voit. Il est dans un grand accablement d’esprit, de douleur, &c. Il est dans un grand accablement d’affaires ; pour dire, il est chargé d’un nombre infini d’affaires.

Accablement de pous. Terme de Médecine. Dérèglement de pous, lorsque l’accès commence, ou redouble, Venæ inordinatæ. Dog.



AcCABLER, v. act. Faire tomber une chose pesante sur une autre, qui l’oblige à succomber sous un poids excessif. Opprimere. Il a été accablé sous la ruine de cette maison. Les Ennemis l’accablerent par leur nombre. Leur multitude pouvoit accabler notre valeur. Sarras.

Cambden dérive ce mot de l’Anglois cablu, qui signifie, Opprimer.

Accabler, signifie aussi périr de quelque façon que ce soit dans quelque renversement général de l’Etat. Il y eut à Rome bien des gens accablés sous les ruines de la République. L’Empire Romain courant à sa ruine, entraîna avec lui les belles Lettres, qui se trouvèrent accablées sous le poids de sa chûte. Bail.

Accabler, se dit figurément en Morale de gens trop chargés d’affaires, de dettes, d’impôts, de malheurs, ou d’infirmités. Obrutus negotiis, aere alieno, doloribus oppressus. Il est accablé de chagrin, de gens qui l’importunent. Accablé de vieillesse. Accablé de sommeil. Ne vous venoit-il jamais aucun scrupule sur tous les éloges dont on vous accabloit ? Font. On accable la nature en la chargeant d’alimens, ou de remèdes. On dit d’un homme excessivement civil, qu’il accable le monde de complimens. Si un Ouvrage est trop chargé de pensées, leur nombre accable, & lasse l’esprit. Nicol. Jesus-Christ afflige les ames qu’il aime, mais il ne les accable pas. Abbé de la Trape.

A vaincre tant de fois, les Etats s’affoiblissent,
Et la gloire du Trône accable les sujets. Corn.

Sire, les Muses désolées
Aujourd’hui sans force & sans voix,
Viennent vous remontrer qu’elles sont accablées.
Sous le nombre de vos exploits.

On le dit même en bonne part. Accabler de présens, de bienfaits ; pour exprimer qu’On est comblé de graces & de faveurs. Il se dit aussi avec le pronom personnel, s’accabler de travail.

Accablé, ée, part. pass. & adj. Oppressus, obrutus.

s’AcCAGNARDER. v. a. Verbe neutre, qui ne se dit qu’avec le pronom personnel, s’Accoquiner, mener une vie fainéante, libertine, ou débauchée, soit en s’attachant au jeu, au vin, aux femmes ; soit en demeurant au com de son feu, au lieu de prendre un honnête emploi. Inertiæ, ignaviæ tradere se.

☞ Il s’accagnarde au cabaret
Entre le blanc & le clairet.
Je m’accagnarde dans Paris,
Parmi les amours & les ris. Boisr.

On le dit aussi activement, La mauvaise compagnie l’a accagnardé. Il est du style familier.

Nicod dérive ce mot de cagnard, qui est un lieu à l’abri du vent, ou exposé au soleil, où les gueux s’assemblent pour fainéanter, qu’on appelle pour cela cagnardins, & cagnardiers.


Accagnardé, ée, part. & adj.

ACCARER. v. a. Terme de Palais, usité dans quelques-unes de nos provinces méridionales les plus voisines d’Espagne. Confronter les témoins & les criminels. Testes cum reo componere. Ce mot vient de cara, qui en Espagnol signifie la tête ou le visage de l’homme. Ainsi accarer les accusés, c’est les mettre tête à tête. Il envoya prier la Reine de ne faire mourir ce malheureux, qu’il ne fût premièrement accaré à lui. Brant. Accariation, c’est la confrontation des témoins.

ACCAREMENT, ou ACAREMENT. s. m. Confrontation. Voyez Accarer

ACCARON. s. m. Accaron. Ville de la Palestine, & l’une des cinq Satrapies ou gouvernemens des Philistins, où ils garderent quelque temps l’Arche d’Alliance, après l’avoir prise. Ce n’est aujourd’hui qu’un village. Postel prétend que c’est le Portus Jamnetorum, ioμνετῶν, de Ptolomée. On y adoroit l’Idole de Béelzébuth, qui est appelé le Dieu d’Accaron au 4e Liv. des Rois, C. i. v. 6. Elle est à 3 lieues de la mer, & à 3 de Jaffa. Ceux de Geth envoyerent l’Arche de Dieu à Accaron. Saci.

Je ne sçai dans quel Pline l’Auteur d’un de nos Dictionnaires a pris que Accaron, Achoron, & Acharon, sont les Dieux des mouches, selon Pline, L. x. C. 28. Ce Chap. n’a que trois lignes que voici : Invocant & Ægyptii Ibes suas contra serpentium adventum : & Elei Mylagron Deum, Muscarum multitudine pestilentiam afferente, quæ protinùs intereunt quâ litatum est illi die. Il est vrai que quelques Mss. au lieu de Mylagron, ont mis Myiacoren ; mais c’est manifestement une faute.

AcCASTILLAGE. s. m. Terme de Marine, qui se dit en parlant des châteaux qui sont sur l’avant & sur l’arrière d’un vaisseau. Et on appelle un Vaisseau accastillé, quand il est accompagné de ces deux Châteaux.

ACCÉLÉRATION. s. f. Action par laquelle on avance une affaire, prompte expédition. Acceleratio. Il a omis plusieurs demandes qu’il avoit à faire pour l’accélération du jugement de son procès.

Accélération, se dit principalement en Physique, de l’accroissement de vitesse dans le mouvement des corps, lorsqu’ils tombent librement, ou qu’ils sont poussés vers le centre de la terre. On recherche avec soin la cause de l’accélération du mouvement des corps qui tombent, & pourquoi ce mouvement, étant fort lent dans son commencement, augmente & devient très-rapide vers la fin. Bern. Galilée est le premier qui a trouvé la proportion de l’accélération du mouvement. Ce n’est point


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