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accouruë en diligence au secours de cette Place. Toute la Noblesse accourut au bruit du canon, pour se trouver à la Bataille. Ses amis sont accourus en foule, pour le féliciter de sa nouvelle dignité ; pour honorer son entrée. Il se dit figurément des personnes qui se portent à quelque action avec beaucoup d’ardeur. Accourir à la vengeance. Ablanc.

Accourir, v. act. Terme de chasse. Resserrer, ou plier le trait pour tenir le limier. Saln.

Accouru, ue, part. & adj.

ACCOURS. s. m. Vieux mot que Nicod explique par subvention, affluence d’advenants. Accursus. Il s’emploie encore en termes de Chasse. Ainsi l’on dit : La chasse de sanglier se fait à force, aux accours, aux chiens courans, levriers, & avec limiers & abboyeurs.

AcCOURCIE. s. f. Terme de Marine. Passage que l’on ménage dans le fond de cale & des deux côtés, pour aller de la poupe à la proue le long du vaisseau. Fori.

ACCOUSINER. v. act. Consanguineum appellare. Appeler Cousin, traiter de Cousin. Accousiner quelqu’un. Il se dit avec le pronom personnel. Ces deux Messieurs sont parens ; car ils s’accousinent. Ce mot est populaire, & a vieilli.

ACCOUSTIQUE, s. f. Signifie l’Art qui traite de l’ouïe & des sens. Ars quæ de sonis agit. Ainsi l’on dit dans les Mémoires de l’Accadémie des Sciences de l’an 1711. L’Accoustique n’offre qu’un article sur les systèmes tempérés de Musique. Journ. des Sçav. Ce mot est Grec Ἀκουστικὴ & vient d’Ἀκόω, j’entends.

AcCOUsTREMENT. s. m. Habillement, parure. Ornatus. Il ne se dit que parmi le peuple, ou dans le burlesque. Quand cet artisan a marié sa fille, elle lui a coûté cent écus pour tous ses accoûtremens.

AcCOUsTRER. v. act. Vieux mot, qui signifioit autrefois, Habiller, orner, parer. Ornare. Il y avoit des singes qu’on avoit accoutrés en charlatans. Ablanc. Charles VIII. accorde à la Duchesse Anne par un traité de 1491, qu’il lui sera donné 60000 livres à ce qu’elle puisse tant mieux accoustrer aucuns ses affaires. Il n’est plus en usage qu’en cette phrase figurée. Cet homme en une telle occasion, a été mal accoutré ; pour dire en raillant, qu’il a été maltraité, ou bien blessé. On diroit plus proprement, Accoûtrer, & préparer des peaux. Ces mots viennent du Gaulois, ou de l’Allemand. On appelle en quelques Cathédrales, comme à Bayeux, Coutre, le Sacristain ou Officier qui a soin de parer l’Eglise ou l’Autel, & en Allemand Kuster Sacristain, Νεώκορος. Du Traité de Charles VIII, dont nous venons de parler, le P. Lobineau juge qu’accoustrer pourroit bien venir de l’ancien mot Breton cost, dépens, d’où a encore été formé celui de custus, cousts ; mais il se trompe, il vient de Kuster, comme nous l’avons dit. Voyez Coustre.

AcCOUsTUMANCE. s. f. Habitude que l’on contracte en réitérant plusieurs fois la même action, en la faisant tourner en coutume. Consuetudo, assuetudo. On est souvent emporté par la force des mauvaises accoutumances qu’on a contractées dans la jeunesse. L’accoutumance de prendre du tabac est difficile à surmonter. Ce mot qui commençoit à vieillir du temps de Vaugelas, s’est rétabli peu à peu, & plusieurs bons Ecrivains s’en servent. Bouh. Habitude est plus doux, & je dirois plutôt, il a fait cela par une mauvaise habitude, que par une mauvaise accoutumance. Corn. Je ferois difficulté de me servir de ce mot, accoûtumance, en parlant, & encore plus en écrivant : mais à cause des exemples qui se trouvent dans les meilleurs auteurs, il ne faut point absolument le condamner. Un esprit abattu & comme dompté par l’accoutumance au joug, n’oseroit plus s’enhardir à rien. Boil. La jeunesse change ses goûts par l’ardeur du sang, & la vieillesse conserve les siens par l’accoutumance. La Rochef.

AcCOUsTUMER. verb. act. & neut. Pratiquer souvent une même chose ; contracter une habitude par la fréquente réitération du même acte. Assuefacere. On s’accoûtume à tout, au travail, à la peine, aux douleurs. Il ne faut pas accoûtumer les Peuples à prendre les armes, & à murmurer. On accoûtume les bœufs au joug. Les enfans qu’on accoûtume à être applaudis, conservent l’habitude de juger avec précipitation. Fenel. Le Peuple est accoûtumé à la servitude. C’étoit la coûtume des Sénateurs de mener leurs enfans au Sénat, pour les former de bonne heure aux affaires, & les accoûtumer au secret. Bouh. Il faut accoûtumer les enfans à faire le bien, plutôt par leur propre inclination, que par la crainte. Port-R. Nous sommes si accoûtumés à nous déguiser aux autres, qu’enfin nous nous déguisons à nous-mêmes. La Rochef. L’étude de la critique accoûtume l’esprit à chicaner. St. Evr. Il ne faut pas s’accoûtumer à la fainéantise. Il ne faut pas accoûtumer son ventre aux purgations, de peur que la nature ne se rende paresseuse.

Au plaisir de vous voir mon ame accoûtumée
Ne vit plus que pour vous. Rag


Quand le verbe accoûtumer est joint au verbe auxiliaire avoir, il demande que la particule de précède l’infinitif qui le suit : J’ai accoûtumé de faire, &c. Quand il est avec être il demande la particule à : Je suis accoûtumé à souffrir. Mais accoûtumer seul gouverne toujours à : Je m’accoûtume à prendre les choses sans m’affliger : Accoûtumez-vous à hair le vice. Corn. Il faut modérer la légèreté de sa langue, pour l’accoûtumer à ne se point précipiter dans les choses obscures & douteuses. Port-R. On dit que Démosthène déclamoit au bord de la mer pour s’accoûtumer au bruit du Peuple. Mes malheurs m’ont accoûtumé à envisager la mort sans crainte. P. de Ce. Il faut s’accoûtumer aux outrages de la fortune.

Accoustumé, se dit aussi des choses inanimées. Solere. Il n’a pas accoûtumé de faire si chaud en ce mois-ci. Il y a des terres qui ont accoûtumé de rapporter deux fois l’an.

Accoustumer, se dit aussi des choses qui sont tellement tournées en nature, qu’encore qu’elles soient incommodes aux autres, elles nous deviennent en quelque façon nécessaires. Les Lapons sont tellement accoûtumés au froid, que quand ils sont arrivés à Hambourg, ils s’en retournent, à cause qu’ils trouvent qu’il y fait trop chaud. Les Indiens s’en retournent quand ils sont arrivés au 30. degré, parce qu’ils y ont trop froid. Relations des Lapons & des Indes.

On dit provèrbialement, qu’un homme est accoustumé à une certaine chose, comme un chien d’aller nud tête ; comme un chien d’aller à piéd.

Accoustumé, ée, part. & adj. Assuefactus, Assuetus.

Accoustumée, signifie quelquefois, Ordinaire, ce qu’on a coûtume de faire. Solitus. On a tenu l’audience aux jours & aux heures accoûtumées. On lui a fait son procès en la forme & manière accoûtumées.

A l’accoustumée, adv. De la manière qu’on avoit accoustumé. Ut solet, de more. On a raccommodé ensemble ces amis qui étoient brouillés : ils vivent maintenant à l’accoustumée. Ce mot n’est en usage que dans la conversation commune.

AcCOUVÉ, ÉE, adj. Qui se tient au coin de son feu en fainéant, en paresseux, sans vouloir en sortir pour travailler. Alsiosus, iners. Cet artisan passe tout l’hyver accouvé au coin de son feu. Il est bas & vieux. Ce mot vient de incubitare. Nicod.

AcCRAVANTER. v. act. Ecraser, accabler sous un poids excessif. Onere obruere, mole opprimere. Si vous lui faites porter ce fardeau, c’est le moyen de l’accravanter. Cet homme a été accravanté sous les ruines de sa maison. Ce mot est composé, & dérivé de crever. Il est vieux.

AcCRÉDITER. v. act. Donner du crédit & de l’autorité ; mettre en réputation & en estime dans le public. Commendare, auctoritatem dare. Il n’y a rien qui accrédite davantage une personne que la bonne foi. Un chef de parti est obligé à caresser un scélérat, qui s’est accrédité parmi le Peuple. M. Esp. Est-ce un prodige qu’un sot riche & accrédité ? La Bruy. Il se joint souvent avec le pronom relatif. Ce Président s’est accrédité dans sa Compagnie par sa capacité & par son intégrité. Ce ministre s’est fort accrédité à la Cour par son zèle & par sa prudence. Les marchands s’accréditent en vendant fidellement.

Ce mot vient d’accreditus, qui a été fait d’accredere, dont on s’est servi dans la basse Latinité, pour signifier, Prêter. Du Cange.

Accrédité, ée. part. pass. & adj. Auctoricate pollens.

ACCRÉTION. s. f. Tèrme de Médecine dans M. Harris. Ce mot est Latin, accretio, Augmentation, accroissement. Et dans le sens que l’explique M. Harris, nous disons en François excresience. Voyez ce mot.

Accrétion, dans le même sens d’accroissement, est aussi un terme de coûtume : on le trouve dans le titre de l’art. 282. de la coutume de Normandie, & dans le Commentaire aussi.

AcCROC. s. m. Déchirure d’un habit, rupture qui se fait quand on est arrêté par quelque chose de crochu, & de pointu. Scissura. Il est difficile de passer à travers des ronces & des haies, sans qu’on se fasse quelqu’accroc.

Accroc, se dit figurément en choses morales de ce qui arrête, de ce qui retarde une affaire. Mora, impedimentum. La mort d’une des parties est un accroc qui empêche l’instruction de ce procès. L’accusation qu’on a faite contre cet homme, est un fâcheux accroc qui peut ruiner sa fortune. Il est bas dans ce sens.

AcCROCHE. s. f. Embarras, retardement qui arrive en quelque affaire, à cause de quelque difficulté qui survient. Impedimentum, mora. Les oppositions à ce décret sont des accroches qui retarderont long-temps notre payement.

AcCROCHEMENT. s. m. Action d’accrocher. Unci immissio. Il n’est guère en usage au propre. Quelques-uns s’en servent au figuré. Il y a des gens qui se font descendre des plus nobles familles sur des ressemblances de noms, ou par d’autres accrochemens visionnaires.


AcCROCHER.