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On appelle aussi Avocate, la femme d’un Avocat. Cependant on ne le dit ordinairement que de la femme d’un Avocat Général, ou d’un Avocat du Roi, en y ajoûtant le mot de Madame. Ainsi on dit Madame l’Avocate Générale, Madame l’Avocate du Roi.

Il y avoit autrefois des Avocats pour défendre les droits de l’Eglise, tant par armes qu’en justice, qu’on a appellés plus communément Avouez. Voyez AVOUÉ.

On appelle proverbialement & ironiquement un Avocat qui manque de pratique, un Avocat à tort, & sans cause, un Avocat de causes perdues. Imperitus & iners Causidicus, Patronus sine patrocinio. On dit de même proverbialement un Avocat de balle, un Avocat de Pilate, par allusion à ce mot, Non invenio causam. On dit, il est altéré comme la bourse d’un Avocat. De Roch.

AdVOLER. v. n. Ce mot qui signifie, aller vîte pour se rendre en quelque lieu, est vieux, & tout-à-fait hors d’usage. Advolare. Mézerai s’en est servi : Mais lui étant advolé à Paris. Il faut dire, Etant accouru.

ADVOUATEUR. subst. m. Tèrme de Coutume. C’est celui qui avoüe, & reconnoît que son bétail a été pris en dommage. Rac.

ADVOUÉ, s. m. C’étoit autrefois un patron, un défenseur des droits d’une Eglise. Bonorum Ecclesiae Patronus. Charlemagne prenoit le titre d’Avoué de S. Pièrre, & Protecteur de la ville de Rome ; & le Pape Léon III. lui envoya une bannière & des clefs, en lui donnant cette qualité. Il y avoit aussi des Avouez pour les Eglises Cathédrales, & pour les Abbayes ; même pour celles des filles. Le Roi Hugues, au rapport d’Hariulphe, avoit été Avoué de S. Riquier, & son fils Angelram se contenta de la même dignité. Bollandus rapporte, dans la vie de S. Edouard Roi d’Angleterre, des lettres de Nicolas II. par lesquelles entre autres priviléges il le fait, lui & ses Successeurs, Avoué & défenseur du Monastère de Westminster & de toutes les Eglises d’Angleterre. Sous Henri I. Roi de France, le Comte d’Anjou avoit la bannière de Saint Martin dans son armée en qualité d’Avoué, ou de défenseur de l’Abbaye de Marmoustier, comme les Comtes du Vexin portoient l’oriflamme de l’Abbaye de S. Denis avec un pareil titre. P. Dan. Les Vidames prenoient la qualité d’Avouez, & même les Historiens du VIIIe siècle confondent ces deux qualités ; & de-là vient que plusieurs séculiers d’Allemagne & Grands Seigneurs portent des mitres en cimier sur leurs Ecus, parce qu’ils avoient les qualités d’Avouez, ou d’Officiers des grandes Eglises. Ces Avouez étoient d’abord des Avocats qui défendoient les causes des Eglises. On leur donne aussi le nom d’Avouez des Moutiers ; c’est-à-dire, des Monastères. Ils étoient comme patrons, gardes, & administrateurs du temporel des Eglises, sous l’autorité desquels se faisoient tous les contrats qui concernoient les Monastères. Il paroît même, par les plus anciennes chartres, que les donations qu’on faisoit aux Eglises se conféroient en la personne des Avouez. C’étoient eux aussi qui se présentoient en jugement pour les Monastères dans toutes leurs causes, & qui rendoient la justice pour eux, dans les lieux où ils avoient la Jurisdiction. Ils conduisoient à la guerre les vassaux des Monastères obligés de fournir des soldats au Roi. Ils se battoient même quelquefois en duel pour les Monastères. On prétend que cette charge fut introduite dès le temps de Stilicon, dans le IVe siècle. Le Canon 99. du Concile d’Afrique semble le dire. Les Bénédictins n’en fixent l’origine qu’au VIIIe siècle. Voyez sur tout cela leurs Acta Sanct. Benedict. Saec. III. P. I. proef. pag. 91. & ; suiv. Ils reconnoissent néanmoins que cela avoit commencé long-temps avant ; mais on s’y étoit toujours opposé, témoin le Concile de Châlons en 664. ou environ. Mais enfin les grands Seigneurs prirent cette qualité ; quand il les fallut défendre par les armes, ou les protéger par leur autorité. Dans quelques Monastères on les appelloit Conservateurs, Conservatores ; mais sans en avoir le nom, ils avoient toutes les mêmes fonctions que les Avouez. Il y avoit aussi quelquefois plusieurs Sous-Avoué, pour chaque Monastère, qui en faisoient les affaires à la place des Avouez, ce qui ruinoit les Monastères. C’est pour cela que l’Empereur Othon en faisant Lambert Comte de Louvain Avoué du Monastère de Gemblours en 948. Il lui défend d’avoir jamais plus d’un Sous-Avoué ; & ordonne que dans les métairies de ce Monastère ce Sous-Avoué n’ait jamais de droit par chaque année qu’un denier, une poule, & un septier d’avoine de chaque maison. On appelloit aussi autrefois Avouez, les maris, les tuteurs, & même ceux qui se battoient en combat singulier pour la querelle d’un autre, & généralement tous ceux qui entreprenoient la défense d’autrui. Les Villes avoient aussi leurs Avouez ; on trouve dans l’Histoire, les Avouez d’Ausbourg, d’Arras, &c. Ils s’établirent long-temps après les Avouez des Ecclésiastiques ; & sans doute à leur exemple. Ce mot vient d’Advocatus : & de-là vient que les Juges de Suisse s’appellent encore en Roman Avoyérs ; c’est-à-dire, Défenseurs de la Justice, & du


Peuple opprimé. Chorier, dans son Histoire de Dauphiné, Tom. I. p. 521. se sert du terme d’Avocat au lieu d’Avoué. Il est mieux de dire Avoué ; Avocat, dans l’usage présent, signifie autre chose. Aussi, ajoûte-t-il, nos Pères ont du mot d’Avocat fait celui d’Avoyer, & d’Avoué en notre Langue.

On trouve aussi des Avoués de Villes, de Pays, de Provinces. Ainsi dans une Chartre de l’an 1187. & dans une autre de 1210. Berthold Duc de Zeringhen est appellé Avoué de Thurgic. Thuregici loci. Dans la Notice des Eglises Belgiques de Mirœus, ch. 109. Henri Comte de Louvain est appellé Comte & Avoué de Brabant. On trouve encore au XIIe & XIIIe siècles des Avouez d’Alsace, de Suabe ; & Raymond de Agiles dit, qu’après la prise de Jérusalem, quand il fut question d’élire un Roi, les Evêques répondirent, qu’on ne devoit point élire de Roi dans un lieu où Dieu avoit souffert & avoit été couronné ; mais qu’il falloit seulement élire quelque Avoué qui gardât la Ville, & qui eût soin de distribuer à la garnison les tributs qui se leveroient dans le Pays. Et de vrai dans Dodechin Abbé Allemand, qui écrivoit un voyage de la Terre-Sainte dans le XIIe siècle, Godefroi de Bouillon est appellé Avoué du S. Sépulcre. Au reste, d’habiles gens prétendent que les Villes & les Provinces n’ont jamais eu d’Avouez, mais seulement les Eglises ; & que les Seigneurs qui portent le titre d’Avoué de quelque Pays, ne l’étoient que des Monastères & des Eglises de ces Pays-là, comme Albert, Marquis d’Autriche, fils-ainé de Léopold, qui fut fait Avoué de tous les Monastères d’Autriche. Néanmoins, la réponse des Evêques pour la création d’un Avoué de Jérusalem, & non pas d’un Roi, paroît contraire. Non debere ibi eligi Regem, ubi Deus passus & coronatus est… Sed esset aliquis Advocatus, qui & Civitatem custodiret, & custodibus Civitatis tributa regionis divideret & reditus. Il ne s’agit point là d’Eglises, ni de Monastères, ni de leurs biens, mais de la Ville, & des tributs & revenus du Pays.

Les Empereurs ont nommé les Avouez des Provinces, ou des Villes. Bertold, dont nous avons parlé, est appellé, Par la grace de Dieu & de l’Empereur, Advoué.

Spelmam, savant Anglois du dernier siècle, distingue deux sortes d’Avoués des Eglises. Les uns qu’il appelle Avouez des causes, ou des procès, Advocati Causarum ; & les autres qu’il nomme Avouez du territoire, Advocati soli. Ceux-ci étoient héréditaires, les autres se donnoient. Ceux-ci se donnoient par le Prince pour soutenir en justice les Droits des Eglises, comme il paroît par le Canon 99. du Concile de Carthage & par les Capitulaires de Charlemagne, Liv. V. ch. 31. Les autres étoient les fondateurs des Eglises, ou leurs héritiers, que nous appellons aujourd’hui Patrons. En ce sens les femmes étoient aussi Avouées, Advocatae, ou Advocatissae ; & l’on en trouve en effet dans le droit Canon qui ont ces titres, & elles avoient droit de présenter dans les Eglises dont elles étoient Avouées. On trouve dans la Chronique de Sens, Liv. II. ch. 17. des Avouez libres, Advocati liberi. Les Advouez matriculaires, Advocati matriculares, dont parle une vieille Chartre rapportée par Vigul. Hondius dans la Métropole de Saltsbourg Tom. II. p. 254. étoient les Avouez de l’Eglise Cathédrale, appellée Eglise Matrice.

AdVOUER, v. act. Reconnoître la vérité ; confesser, demeurer d’accord qu’une chose est véritable. Fateri, confiteri. Avouer le fait. Avouer ingénument son crime. Je vous avoue que je n’y comprends rien. Voilà, je vous l’avoue, un abominable homme. Mol. Il faut avouer que la Providence divine est merveilleuse. Ce criminel a tout avoué à la question. La malignité des hommes a de la peine à convenir de nos bonnes qualités. Ils les avouent plutôt qu’ils ne les souhaitent. La Plac.

Advouer, signifie aussi, Reconnoître quelqu’un pour son Seigneur : Clientem se profiteri ergà, &c. Il s’est avoué vassal d’un tel Prince. Il a avoué tenir de lui un tel fief, tels héritages.

Advouer, signifie aussi, Approuver ce qu’on a donné charge de faire. Approbare. Cet Ambassadeur a plein pouvoir, il sera bien avoué de tout ce qu’il fera. Il y a ici des personnes qui m’avoueront de tout ce que j’écrirai. Voit. Quelque chose qu’il fasse, il en sera avoué. Je n’en ai pas charge spéciale ; mais je m’en ferai bien avouer. Mez.

Advouer, signifie aussi, Reconnoître pour sien, proteger. Suum agnoscere, tueri. Ce père avoue cet enfant pour son fils. Cet Auteur a avoué pour sien un tel Ouvrage. Il est avoué de ce Prince pour son domestique, pour son vassal.

s'Advouer de quelqu’un ; c’est se réclamer, s’autoriser de quelqu’un. Inclamare. Quand je serai-là, je m’avouerai de vous.

s'Advouer d’une telle Religion ; c’est confesser que l’on professe cette Religion. Profiteri. Il s’avoua franchement de la Religion Chrétienne.

On dit provèrbialement, Avouer la dette ; pour dire, reconnoître qu’on a tort.

Advoué, ée, part. Il a la signification de son vèrbe.


AdVOUERIE