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29 ABE. ABH. ABI. ABI 30


liger les rapporte dans son L. i. sur Ausone, C. 9. & Gruter. p. 37.

La première est,

DEO
ABELLIO-
NI
MINUCIA
JUSTA
V.S.L.M.

Les autres n’apprennent rien davantage de ce Dieu. Bouche en son Histoire de Provence, T. i. p. 61. croit que c’étoit un Dieu qui étoit adoré en quelque lieu anciennement nommé Abellio. Vossius, de Idolol. L. ii. C. 17. croit que c’est le Soleil ; qu’il a été ainsi nommé du nom Bélus ; que les habitans de Pamphilie & ceux de Créte appeloient ainsi le Soleil, comme le dit Hésychius ; que les anciens Romains nommoient aussi le soleil Apello, au lieu d’Apollo ; que ce nom pouvoit s’être formé du mot Ἀβέλιος, qu’ils avoient pris de l’Île de Créte ; que c’est ainsi que pour hemo, on a dit homo, & pour bonus, benus, d’où est resté benè. Quoiqu’il en soit, le nom Apollo ne s’est pas fait de l’Ἀβέλιος des Crétois, mais de l’Ἀπόλλων des Grecs.

ABENEZER. Nom de lieu dans la Terre-Sainte, situé entre Masphat & Sen. C’est là que les Israëlites furent défaits par les Philistins, & que l’Arche d’Alliance fut prise. Ce mot qui est Hébreu signifie, la pierre du secours ; venant de אבן, aben, pierre, & עזר, ezer secours. L’armée campa près de la pierre du secours. Sacy. Israël campa près d’Eben-heser. Trad. de Gen. et les Desmar. Il ne faut point heser par un h mais eser. Il est mieux. C’est en Hébreu un ain.

ABÉONE. s. f. Abeona. Déesse du Paganisme, à laquelle les Romains se recommandoient quand ils se mettoient en chemin pour s’en aller. S. Aug. De Civ. L. iv. C. 22. Ce mot est formé du verbe Abeo, je m’en vais.

ABERCE. s. masc. Nom propre d’homme. Avircius. S. Aberce, ou Avirce Marcel, Evêque d’Héraple en Phrygie, a été célébre parmi les Grecs, vers l’an 230. Baill.

ABERHAVRE. Embouchure de rivière ; c’est de-là que vient le mot Havre, du mot Hébreu habar, selon Bochart. Ostia fluvii. Ce mot n’est plus en usage.

ABEsTIR. v. act. Hebetem, stupidum reddere. Rendre un homme stupide & semblable à une bête par de mauvais traitemens. Son fils est tout abêti. Nabuchodonosor fut abêti par un juste jugement de Dieu. Les yvrognes s’abêtissent par l’excès du vin. Les afflictions, la solitude abêtissent les gens. Ce verbe est quelquefois neutre. Hebescere. On dit, Cet enfant abétit tous les jours.

Abesti, ie. part. & adj. Hebes.

ABEYANCE. s. f. Abbeyantia, abeyantia. Terme de Droit. Littleton le définit ainsi : Le droit de fée simple est en Abeyance, c’est-à-dire, il est tant seulement en la remembrance, entendement & considération de la ley. Car moi semble que tiel chose & tiel droit que est en divers livres être en Abeyance, est à tant à dire en Latine : Talis res vel tale rectum, quæ vel quod non est in homine ad tunc superstite, sed tantummodo est & consistit in consideratione & intelligentiâ legis, & quod alii dixerunt, talem rem, aut tale rectum fore in nubibus. Edoüard Cok dit que selon les Jurisconsultes, les choses sont en abeyance, Quæ nondum sunt définitæ, aut sententiâ comprobatæ, sed sunt adhuc in expectatione ; c’est, ajoute-t-il, en donnant l’étymologie du mot abeyance, que beer chez les François & les Flamands, signifie, Attendre avec empressement quelque chose. Ce mot abeyance est ancien.


ABH.

AB HOC ET AB HAC. Mots empruntés du Latin. On s’en sert en style familier, pour dire, Confusément, sans ordre, sans raison, à tort & à travers. Temerè, inconsideratè, inconsultè. Discourir ab hoc & ab hac.

 Ici gît Monsieur de Clézac
Qui baisoit ab hoc & ab hac.Mén.

ABHORRER. v. act. Avoir en horreur, détester ; avoir de l’éloignement & de l’aversion pour une personne. Abhorrere. C’est un mélancolique qui abhorre le mariage. Un tyran est un monstre que tout le monde abhorre. Tout animal abhorre la mort. Un Chrétien doit abhorrer le blasphème. On dit aussi, S’abhorrer soi-même dans l’agitation & dans les remords d’un crime.

 Objet infortuné des veangeances célestes,

Je m’abhorre encor plus que tu ne me détestes.
Racine.

Abhorré, ée. participe.


ABI.

ABIBON. s. m. Abibon. Nom propre d’homme. Abibon étoit


le puisné des fils de Gamaliel. Baill. Ce mot est Hébreu, formé de אב, ab, pere, & בון, bun, ou bon, Comprendre, être intelligent, & signifie, Pere de l’intelligence. M. Baillet l’appelle Abibas. Quoique ce mot puisse absolument se dire, il paroît mieux de dire Abibon, comme le Martyrologe.

ABJECTION, s. f. Condition servile qui fait tomber une personne dans le mépris. Abjectio. La fortune a réduit ce Gentilhomme dans une grande abjection. Quelques-uns ont écrit abjection d’esprit, pour dire, Abattement d’esprit. Le mérite des premiers Chrétiens, des premiers Religieux, a été de vivre dans l’abjection, dans l’humilité, dans le mépris du monde. Il est mal aisé de comprendre que la profession d’un Chrétien n’étant dans la vérité, & dans la croyance de tous les Saints, qu’une abjection & une humiliation continuelle, on puisse condamner l’usage des mortifications dans les Religieux, qui ne sont rien que des Chrétiens obligés de tendre à la perfection de l’Evangile. Ab. d. l. Tr. On ne se sert guère de ce mot que dans les livres ou les discours de dévotion ; mais il y est fort en usage.

ABIENHEUR, & ABIANNEUR. s. m. Terme de Coutume. Dépositarius. Sequester. Ce sont en Bretagne les Dépositaires, les Sequestres ou Commissaires d’un fonds saisi. Voyez M. Hevin sur Frain.

ABIENS. s. m. plur. Abii. C’est le nom d’un Peuple de Scythie, qu’Homère appelle, Les plus justes de tous les hommes, Δικαιοτάτους ἀνθρώπων. Iliad. V. Quelques Auteurs les placent dans la Thrace. Quoique les Abiens aimassent leur liberté au dernier point, & qu’ils l’eussent toûjours conservée depuis Cyrus, ils vinrent se soumettre volontairement à Alexandre, lorsqu’il étoit à Maracande.

On rapporte trois ou quatre étymologies de ce mot. 1°. On dit qu’il vient du fleuve Abien, Abianus, sur les bords duquel ils habitoient. Si cela étoit, ils eussent été appelés Abianiens, Abiani, plutôt qu’Abiens, Abii. 2°. On le fait venir de l’α privatif, & de ϐίος, vie, comme qui diroit:Des gens qui ne vivent pas, quorum non est vita vitalis, parce qu’ils vivoient dans le célibat, ne se nourrissant que de lait, & demeurant toujours dans des chariots. Le célibat entier d’une nation paroît une fable; comment se fût-elle perpétuée ? Bien d’autres chez les Scythes menoient une vie encore moins humaine, qu’on n’appeloit point pour cela Abii. 3°. D’autres tirent ce nom de l’α privatif, & de ϐιός, un arc, parce qu’ils ne s’en servoient point. 4°. Enfin, & c’est ici ce qu’il y a de plus probable, d’autres veulent qu’ils fussent ainsi appelés de l’α privatif, & de βία, violence, force, parce qu’ils n’usoient point de force, ni de violence, & n’avoient jamais fait la guerre, à moins qu’on ne voulût attenter à leur liberté. L’épithéte que leur donne Homère, confirme ce sentiment.

ABJET, ette, ABJECT, ecte ou ABJEcT, cTE, adj. Méprisable. Abjectus, vilis, contemptus. Il se dit surtout de la naissance & de la profession. Une naissance abjecte, un métier abject, un homme abject. On le dit aussi de l’esprit, du courage. C’est un esprit vil & abject, une ame basse & abjecte, qui n’a aucune élévation, qui ne pense à rien de grand. Le commencement des autres arts est bas & abject, mais celui du parasite est illustre, & commence par l’amitié. D’Ablanc. Par les exemples qu’on vient de citer, on peut remarquer que le terme abject marche rarement seul, & sans être accompagné d’une autre épithète qui lui sert de commentaire & d’explication. On le trouve seul dans Vaugelas : La gloire qui s’acquiert sur des ennemis abjects perd bientôt son lustre. Ce mot vient d’abjectio, qui signifie, Jetter par mépris abandonner une chose comme inutile.

ABIGEAT. s. m. Terme de Droit Romain. L’Abigeat est une action qui consiste à emmener les troupeaux des pâturages, pour se les approprier. Celui qui n’enlève qu’un mouton, ne commet point le crime d’abigeat, mais un simple vol. La distinction de l’abigeat, & du vol simple, n’est pas connue en France.

ABIHAIL. s. m. ou f. Selon qu’il est nom d’homme ou de femme. Car c’est le nom de plusieurs personnes dans l’Ecriture. Quand il est écrit par un ה, on l’interprète Pere de lumiére ou de louange. Et quand il s’écrit par un ח, Abihhail, Pere de force, ou Pere de l’armée, ou de douleur, ou la force du Pere. Leur prince est Suriel, fils d’Abihahiel. Sacy. Nomb. III, 35. Il faut lire Abihhail.

ABIMALIC. La langue d’Abimalie, c’est la langue des Africains Bérebéres, ou anciens & véritables Africains naturels du pays. On la nomme ainsi, à ce que l’on croit, de l’Auteur de leur Grammaire, nommé Abimalik, qui n’est apparemment autre chose qu’Abimelech, c’est-à-dire, Pere de Roi, ou Mon pere Roi.

ABIME, ABIMER. Voyez Abyme}}, Abysmer.

ABIMELECH. s. m. Abimelech. Ce nom, qui est Hébreu, composé de אבי, abi, pere, ou mon pere, & de מלך, Roi, & qui signifie par conséquent pere de Roi, ou plutôt, mon pere Roi,


comme