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de, les Loix du Roi Alphonse, & Grégoire Lopez en parlent. Suivant les Loix d’Alphonse, les Adalides sont des Officiers qui sont chargés de conduire les troupes dans leurs marches en temps de guerre, Lopez dit que les Adalides jugent les différens qui arrivent au sujet des courses qu’on fait dans le pays ennemi, du partage du butin, & de la restitution des choses qui se perdent : c’est encore aux Adalides à mettre pendant le jour des sentinelles qui les avertissent de tout.

ADAM. s. m. Adam, æ ; Adamus. Ce nom est purement Hébreu. Dieu lui-même semble en marquer l’origine, Gen. III 19, lorsqu’il dit au premier homme : Vous mangerez votre pain à la sueur de votre corps, jusqu’à ce que vous retourniez à la terre, en Hébreu el haadama ; car c’est d’elle que vous avez été pris. Cependant on varie sur l’étymologie & le sens de ce nom. La plus commune opinion est que ce nom vient de אדמה, Adama, terre, & qu’il signifie terrestre ; de là vient que les Peres Grecs l’interprêtent γήινος ou χοικὸς. D’autres veulent qu’il signifie rouge, du verbe Hébreu אדם, Adam, être rouge, parce que la couleur de l’homme & de sa chair est rougeâtre. D’autres joignent ces deux opinions, & disent qu’Adam signifie, celui qui est pris d’une terre rouge, & qui pour cela est appelé rouge, aussi bien que la terre dont il est formé. Ludolf. Hist. d’Etiop. L. i. C. 15, croit qu’il signifie beau, parfait ; parce qu’en Ethiopien il a cette signification. Un Protestant d’Allemagne, nommé Neuman, prétend que la véritable racine de ce nom est דם, dam, verbe primitif, qui signifie acquiescer, être content, &, répond aux mots Allemands, ruhen, geruen, behuren ; qu’ainsi אדם, Adam, nom dérivé de ce verbe, signifie une chose à laquelle on acquiesce, qui fait plaisir, qui donne du contentement, qui est agréable ; que c’est pour cela qu’on a appelé le rouge, Adam, en Hébreu, comme la couleur qui plaisoit le plus ; & qu’au contraire les Arabes appellent le blanc, Adam, parce que le blanc est la couleur qui leur plait davantage ; que c’est encore pour cela que dans l’Ethiopien, Adam signifie, beau, agréable. Ainsi אדם, Adam, selon cet Auteur, signifie repos, acquiescement ; & la terre a été appelée adama, parce qu’elle est en repos, & que dans la division des élémens elle est allée à l’endroit le plus bas, où elle persiste en repos : Utpotè quæ nihil aliud est nisi quiescens semper athmosphæræ hujus, totiusque universi sedimentum, quod in prima rerum divisione ima petiit, & cui hodie omnia modo debito confirmata acquiescunt. Pour le premier homme, il a été appelé Adam, c’est-à-dire, beau, agréable aux yeux de Dieu, conforme à Dieu, qui acquiesça à cet ouvrage de ses mains, & en fut content ; & parce qu’après l’avoir fait, Dieu se reposa. Mais tout cela n’est qu’une subtilité outrée. L’écriture marque le sens & l’étymologie de ce mot, comme je l’ai dit, Gen. III, 19 & encore II. 7, où elle dit que Dieu forma Adam d’argile, & de l’haadama, c’est-à-dire, de la terre. Car c’est ainsi mot à mot que l’Hébreu s’exprime ; & ce jeu de mots, cette allusion de adam & adama, semble n’être faite que pour nous marquer le sens du nom Adam, & la raison pour laquelle il fut donné au premier homme. Voyez encore S. Paul, Cor. xv.47.

Les Grecs célèbrent le 4 de février, par une espèce de deuil, & de cérémonies tristes, le bannissement d’Adam & d’Eve du Paradis terrestre ; apparemment parce que c’est le premier jour auquel l’Eglise fasse souvenir les fidèles de la sentence portée contre Adam, en leur mettant de la cendre sur la tête, & leur disant : Souvenez-vous, ô homme ! que vous êtes poussière, & que vous retournerez en poussière. Car le 4e de Février est le jour des Cendres quand Pâque est le 22 Mars. Les mêmes Grecs célèbrent la mémoire d’Adam & d’Eve, & des autres Justes, le Dimanche qui précède la Nativité de N. S. Voyez leurs Ménologes, & Bollandus, Fév. T. i. p. 440.

Adam, dans l’Ecriture, est aussi le nom de l’espèce, & signifie en général ’Homme. Gen. V, 2. Dieu les créa mâle & femelle, & appela leur nom ’Homme. Genev. & Lovan. En Hébreu Adam. Créons l’homme à notre image. Sacy.

Le second Adam, ou le second homme, dans S. Paul, c’est Jésus-Christ. i. Cor. xv, 45. Adam le premier homme a été créé avec une ame vivante, & le second Adam a été rempli d’un esprit vivifiant, v.47. Le premier homme est le terrestre formé de la terre, & le second ’homme est le céleste descendu du Ciel. Port-R.


Quelques Grecs interprètent cabalistiquement le nom Adam, & disent que A, signifie ἀνατολὴ, l’orient ; D, δύσις, le couchant : A, ἄρϰτος, le septentrion : M. μεσημβρία, le midi ; parce qu’il étoit Roi des quatre parties du monde, où qu’il devoit les peupler, & les remplir, ou qu’il étoit un petit monde, μιϰρόκοσμος.

ADAMA. Adama. Les traducteurs de Genève, & les Desmarets prononcent Adma, gardant les voyelles & la prononciation hébraïques. C’est une ville de la Pentapole, proche de Sodome & de Gomorrhe, & qui fut consumée avec elles par le feu que Dieu fit pleuvoir sur ces villes infames. Les limites de Chanaan furent depuis le pays qui est en venant de Sidon à Gerara, jusqu’à Gaza, & jusqu’à ce qu’on entre dans Sodome, dans Gomorrhe, dans Adama, & de Séboin jusqu’à Lésa. Sacy.

ADAMITES. s. m. Ce sont d’anciens hérétiques, qui ont voulu imiter la nudité d’Adam, comme si l’homme avoit été rétabli dans l’état de l’innocence originelle. Adamitæ. Ils assistoient tout nus dans les temples, & se joignoient publiquement avec les femmes. S. Epiphane, S. Augustin & Isidore en font mention. Prodicus fut auteur de la secte des Adamites, au rapport de Théodoret. C’étoit une branche des Basilidiens & des Carpocratiens. Ils enseignoient les mêmes erreurs. Cette secte se renouvella vers le commencement du XVe siècle. Leur chef s’appeloit Picard. Il passa de Flandre en Allemagne. Il prétendoit rétablir la loi de la nature, qui, selon lui, consistoit en deux points ; la communauté des femmes, & la nudité. Ces derniers marchoient nus dans les places publiques, au lieu que ceux dont parle S. Epiphane, & qui ne subsistoient plus de son temps, ne se dépouilloient de leurs habits que dans leurs assemblées. Il y a des Adamites, en Angleterre, qui font leurs assemblées de nuit, & qui ont pour devise ce vers latin :

Jura, perjura, secretum prodere noli.

Jure, parjure, & ne découvre point le secret. Jovet. Il y en a aussi en Allemagne qui vont nus, & refusent les habits qu’on leur présente, affectant l’innocence & la sainteté d’Adam. Ils vont errant dans les bois, rapportent le commencement de leur secte à Adam & à Eve, faisant gloire d’être appelés leurs enfans. Quelques-uns disent Adamiens ; Adamites est plus en usage.

ADAPTATION. s. f. Action par laquelle on applique une chose à une autre. Accommodatio. L’Adaptation d’un récipient au chapiteau d’une cornue. On ne le dit guère que dans le Dogmatique.

ADAPTER. v. a. Appliquer, ajuster, accommoder une chose à une autre. Accommodare. Ce vers de Virgile lui a été bien adapté. Cette comparaison est ingénieuse, mais elle est mal adaptée. On s’en sert principalement en pratique. Le créancier est en droit d’adapter les premiers payemens sur les arrérages, & non sur le capital. Ce mot vient du Latin, & est composé de ad & aptare. On s’en sert aussi en Chimie, en parlant des distillations. Adapter un récipient au chapiteau.

Adapter, en Architecture, c’est approprier une saillie, ou un ornement à quelque corps.

Adapté, ée, part. & adju. Accommodatus.

ADAR. s. m. Adar. Dernier mois, ou dernière lunaison de l’année hébraïque, ou juive, comme il est dit dans Esther xvi. 20. Ce nom ne se trouve point avant ce temps-là dans les Livres de l’Ecriture ; les Juifs l’avoient pris des Babyloniens. Les Hébreux d’abord ne donnèrent point de noms à leurs mois : ils disoient, le premier, le second, le troisième mois, &c. comme on le voit dans les Livres de Moyse, & dans beaucoup d’autres endroits. Dans la suite, quand ils eurent plus de commerce avec leurs voisins, ils empruntèrent d’eux les noms des mois. C’est dans l’histoire de Salomon, III. Reg. vi. i. 38, que nous trouvons pour la première fois des noms propres de mois. Ce Prince introduisit bien des coutumes étrangères ; il paroît même que l’usage ne s’en établit pas encore trop bien ; car nous n’en trouvons qu’en ce seul endroit, & deux seulement, Zio, & Bul. Mais pendant la captivité de Babylone, les Juifs prirent des Chaldéens les noms des mois, & nous en trouvons plus communément depuis ce temps-là. C’est de là que vint celui d’Adar. Comme les Juifs avoient


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