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ADU AEG AEG

ADVOUÉ. Voyez Avoué.

ADVOUER. Voyez Avouer.

ADVOUERIE. Voyez Avouérie.

ADURÉ, ée. part & adj. Vieux mot, qui veut dire, Endurci au travail, comme si l’on disoit, Qui est devenu dur. Duratus, induratus.

ADUSTE. adj. m. & f. Terme de Médecine, qui ne se dit que du sang & des humeurs, quand elles sont brûlées par une trop grande chaleur naturelle. Adustus. Un tempérament aduste. La mélancholie est une bile noire, & aduste. Un sang est aduste, lorsqu’à raison d’une chaleur extraordinaire, les plus subtiles parties étant séparées, les plus grossières restent chargées de lie, & toutes noires, comme si elles étoient brûlées. Harris. Il est mieux dans l’usage ordinaire de dire, un sang brûlé.

On le trouve au figuré. Tetricus, Austerus. C’est la bile qui domine dans l’humeur de ce Magistrat, & cette humeur aduste imprime sur son front une négative perpétuelle. Balz. Cet exemple ne doit pas être imité.

ADUSTION. s. f. Terme de Médecine. État de ce qui est brûlé. Ustio, Adustio. Ce mot ne se dit ainsi que le précédent, qu’en parlant du corps humain. Sa maladie est causée par une adustion d’humeurs.

Æ.

Æ. Diphtongue. On l’a bannie de tous les mots qui viennent du latin. On écrit César, l’Enéide, Egyptien avec un E simple. Æ n’est point, à proprement parler, une diphtongue en François, Si ce n’est une diphtongue d’écriture. Car pour le son que forme ce double caractère, il est très simple, & ne diffère point du son de la voyelle. Voyez au mot Diphtongue. Cependant, parce qu’on s’obstine encore à retenir l’Æ, sur-tout dans les mots purement latins, l’on en mettra encore quelques-uns avec cette diphtongue.

ÆA.

ÆACÉES. s. f. pl. Æacæa. Fêtes & jeux, ou combats solennels qui se célébroient à Ægine en l’honneur d’Æaque, ou Æacus, d’où ils avoient pris leur nom, & qui avoit un temple à Ægine.

ÆAQUE. s.m. Æacus. C’étoit chez les anciens le nom d’un des trois Juges des enfers. Æaque fut fils de Jupiter & d’Europe, ou selon d’autres, d’Ægine. Strabon dit qu’il régna dans Œnopie. Quelques-uns croient qu’il faut lire Œnonem, au lieu d’Œnopiam. Il donna à cette île le nom de sa mère Ægine. La peste ayant emporté tous les hommes de l’île, il pria Jupiter de changer des fourmis qu’il avoit vues, en hommes ; de-là les Mirmidons. Il eut d’Eudéide, Télamon & Pelée, & Phocus de Psamathe. Il étoit d’une équité si grande & si reconnue, que dans les enfers Pluton le fit Juge des morts avec Minos & Rhadamante.

ÆC.

ÆCHMALOTARQUE. s. m. & f. Æchmalotarcha. Ce nom est Grec, & vient de αἰχμαλωτὸς, & de αἰχμή ; le premier formé de αἰχμή, une pointe, une pique, & de ἀλίσχω, ou ἀλόω, je prens, signifie un homme pris par les armes, ou, comme nous disons, pris à la pointe de l’épée, ou de la pique, & le second ἄρχη marque un chef. Ainsi Æchmalotarque, signifie chef des Captifs. Les Juifs, qui ne voulurent point suivre Zorobabel, ni retourner à Jérusalem avec lui, créerent un Æchmalotarque pour les gouverner. Mais c’est une erreur grossière de dire que Æchmalotarque est le nom que ces Juifs donnerent à celui qu’ils choisirent pour leur chef, proche de Babylone ; car ces Juifs ne parloient pas grec, mais hébreu, ou chaldéen. Ils appelerent ce chef qu’ils se donnerent, ראש גלות, ou Rosch gula, chef de la captivité, ainsi qu’ils le nomment encore, comme on le peut voir dans les Rabbins, & en particulier dans le Sepher Juhhasin, fol. 122, p. 2, & dans l’Itinéraire de Benjamin, p. 71, 72, & 81. Origène, qui écrivoit en Grec, a nommé ce chef de la captivité, ἀιχμαλωτάρχης. Au reste, je suis persuadé que les Juifs n’attendirent point au retour de la captivité à se donner des Æchmalotarques. Les Rois de Babylone leur laisserent beaucoup de liberté, comme il paroît par ce que Jérémie leur dit, Ch. XXIX. ℣ 5 & 6, & selon la coutume


des Rois d’Orient, dont Hérodote nous rend témoignage. L’histoire de Susane en est une preuve évidente ; & les deux vieillards qui la condamnerent étoient les Æchmalotarques de cette année-là. Les Juifs disent que les Æchmalotarques ne peuvent être pris que de la tribu de Juda ; qu’ils commandent à tous les Israélites, de quelque tribu qu’ils soient ; qu’on les installe avec beaucoup de cérémonies, & qu’on leur rend de grands honneurs, que l’on trouvera décrits dans le Sepher Juhhasin, & dans Benjamin de Tudela, aux endroits que j’ai cités. On peut voir encore R. Salon Ben Wirga, la Gémare sur le traité Sanédrin, L. I, fol. 5, 1. Selden, de Synedr. Vet. Hebr. L. II, C. 4. §. 10 & C.7. §. 5. Origène, L. II, des Princip. C. 1. S. Epiphane contre les Ebionites, & le I. Dialogue de Théodoret.

AED.

AËDO. s. f. Fille de Pandare, fut mariée à Zéthus, frere d’Amphyon, dont elle n’eut qu’un fils nommé Ityle.

ÆG.

ÆGÉE. adj. Ægæum mare. C’est le nom ou l’épithète que l’on donne à la partie de la Méditerranée qui a l’Anatolie à l’orient ; la Macédoine, la Thessalie, l’Achaïe, le Péloponèse à l’occident ; la Romanie au nord, & l’île de Candie au midi. On la nomme communément Archipel. Les Grec, suivant le témoignage de Léunclavius, l’appellent Acdeniz ; c’est-à-dire, Mer Blanche, pour l’opposer au Pont Euxin, qu’ils appellent Garadeniz ; c’est-à-dire, Mer Noire.

On apporte plusieurs étymologies du mot Ægée. Les fables disent que Thésée, fils d’Ægée, revenant vainqueur du Minotaure, n’ayant point pensé à faire changer les voiles noires de son navire, son pere le crut mort, & de douleur se précipita dans la mer, & lui donna son nom. D’autres le tirent d’Ægéon, un des Géans qui firent la guerre à Jupiter ; & d’autres d’une Ægéa Reine des Amazones. Le Scholiaste d’Apollonius prétend que cette mer a pris son nom d’une petite île voisine de l’Eubée ou Negrepont, & qui s’appeloit Ægæ. Le même rapporte un autre sentiment qui le dérivoit de Cariste, ville de l’Eubée, qui s’appeloit Ægæa. Strabon, dans son 8e Livre, rapporte l’origine de ce nom à une ville de l’Eubée qui se nommoit Æga, et dans son 13e Livre, d’un Promontoire de l’Æolide nommé Æga. Pline, L. IV. C. 11. à un rocher nommé Æge, qui est entre Ténédos & Scio. D’autres disent qu’Ægée est un surnom de Neptune, qu’on a donné à cette mer. D’autres le font venir de je ne sais quelle chèvre qu’ils surnomment Percania. D’autres disent, qu’on l’a donné à cette mer, parce qu’elle s’agite, qu’elle bondit comme une chèvre. Festus assure que ce nom vient du grand nombre d’îles dont cette mer est pleine, & qui de loin paroissent comme des chèvres. Enfin, il en est qui conjecturent que les Phéniciens ont appelé cette mer עז az, forte, violente, à cause des tempêtes auxquelles elle est exposée, & que les Grecs confondant עז az, fort, avec עז ez qui veut dire une chèvre, lui donnèrent le nom de Mer Ægée, qui en Grec signifie, Mer de la chèvre, de ἂιξ, ἀιγος. C’est le sentiment du savant Bochart dans son Phaleg. L. 1. C. 13.

Ainsi la mer Ægée au fond de ses abîmes,
Ou d’Erix, ou d’Athos, engloutiroit les cimes. Breb.

ÆGIPAN. f. m. Ægipan. Ce mot vient de Pan, nom d’un Dieu champêtre, & ἂιξ, ἀιγος, chèvre. Les Poëtes ont donné ce nom au Dieu Pan, parce qu’ils supposoient que ce Dieu étoit moitié chèvre ; qu’il en avoit les cornes, la queue, les pieds, & même tout le bas du corps depuis la ceinture.

Les Anciens ont encore appelé Ægipans, des monstres dont Méla parle, L. I. C. 8. Pline & Solin en parlent aussi, & les placent en Lybie ; celui-là, L. V. C. 8. & celui-ci, C. 34. Saumaise, dans ses Notes sur Solin, a prétendu que l’Ægipan, étoit ce que les Romains appeloient Sylvanus. Vossius le réfute dans ses Notes sur l’endroit de Mélà que j’ai cité. Car 1°, dit-il, Saumaise ne se fonde que sur les petits parallèles attribués à Plutarque ; mais il est certain que ce Livre n’est point de cet Auteur, & qu’il est indigne de lui, aussi-bien que celui qui est intitulé, De fluminibus, qui sont tous deux de la même plume. 2° Les Ægipans n’avoient point un visage d’homme comme les Sylvains, mais un museau de chèvre : ils avoient même toute la partie supérieure du corps d’une chèvre : outre cela on les peignoit avec une queue de poisson. Ainsi le monstre qu’on

Tome I. M voix