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toutes les différentes affections de l’air. Roh.

Affection hypocondriaque. Terme de Médecine, Maladie des Hypocondres, qui cause divers accidens fâcheux. Voyez Hypocondriaque.

AFFECTIONNER. v. act. Avoir de l’affection pour quelque chose, ou pour quelque personne. Amare. Le mot d’affectionner ne se doit jamais dire en ce sens de l’inférieur au supérieur, & rarement d’égal à égal. Le Sur-Intendant Bullion ne parle pas juste, en répondant aux Cordeliers qui lui demandoient à quel Saint il vouloit dédier une Chapelle : Hélas ! ils me sont tous indifférens, je n’en affectionne aucun. Bouh.

Affectionner, signifie aussi, s’intéresser pour quelque chose. Studere alicui rei, propendere in aliquid, vel in aliquem. C’est une affaire que j’affectionne, à laquelle je m’intéresse.

Affectionner, signifie encore, attacher les personnes à quelque sujet, les y intéresser par quelque chose qui touche, qui émeut, qui entraîne, & donne du plaisir. Afficere. Cela se dit particulièrement des auteurs de pièces dramatiques & de nouvelles historiques, qui doivent faire tous leurs efforts pour affectionner les spectateurs, & les lecteurs, à leurs principaux personnages. Je n’ai jamais vû une histoire plus languissante ; en la lisant on ne prend parti pour personne, & l’Auteur n’affectionne à rien. M. Scud.

s’Affectionner à quelque chose, c’est s’y attacher fortement, s’y appliquer avec ardeur & avec affection. Il faut s’affectionner à son métier pour y réussir. Il y a des Ecrivains qui s’attachent plus qu’il ne faut à finir certains endroits de leurs discours, auxquels ils s’affectionnent. Bouh. Il s’affectionna tellement à la solitude, qu’il cherchoit le silence des forêts. Id.

Affectionné, ée. part. Qui a de l’affection, de l’amour, de la bonne volonté pour quelqu’un. Benevolus, studiosus. ☞ Quoique ce nom ait une terminaison passive, il signifie pourtant une action. Ce qui n’est pas extraordinaire dans notre langue. On finit les lettres par cette formule : Votre très-humble & très-affectionné serviteur. On a usé de cette formule différemment selon les temps & les personnes. On s’en est servi long-temps en écrivant aux personnes de la première qualité : & même M. d’Urfé en a usé dans la souscription de l’Epître dédicatoire de son Astrée au Roi en l’année 1620. Il y en a grand nombre d’exemples. Mais depuis on s’est rendu plus délicat, & on a mis au lieu d’affectionné, le mot d’obéissant, à ceux qui avoient la moindre élévation, ou à qui on vouloit faire civilité : ensorte que le terme de très-affectionné, ne s’écrit que de supérieur à inférieur ; & il faut être fort au-dessus de celui à qui on écrit, ou être incivil ou mal-instruit de l’usage, pour lui donner du très-affectionné. On a retranché le superlatif en écrivant aux inférieurs ; & toujours en diminuant, on a dit votre affectionné à vous servir, en écrivant à quelque paysan ou artisan ; & enfin, votre affectionné à vous rendre service, quand un grand Seigneur écrivoit à un domestique, ou à quelqu’un de sa dépendance.

On dit qu’un homme est mal affectionné envers un autre ; pour dire, qu’il lui nuit sourdement dans les occasions. Male affectus, malevolus.

AFFECTIONNÉMENT. adv. Avec affection. Studiosè, propenso animo. Ce mot ne se dit plus, & l’usage y a substitué, affectueusement.

AFFECTUEUSEMENT. adv. D’une manière affectueuse. Amanter, benevolè, studiosè.

AFFECTUEUX, euse. adj. Discours ou paroles qui témoignent de l’affection. Amoris & benevolentiæ plenus. Un compliment affectueux, des prières très-affectueuses. Affectueux se dit encore des pièces d’éloquence, qui excitent & qui remuent les passions. Affectuum movendorum potens. Un Orateur doit remplir les péroraisons de mouvemens affectueux. Ce mot ne se dit que des choses, & est vieux. Cependant il y a des gens qui s’en servent dans les matières de piété, pour marquer ce qui vient du cœur.

Ces mots viennent d’Afficio, afficior, affectus.

AFFÉRENTE. adj. fém. Terme de Palais, qui se dit en cette phrase : il faut partager cette succession en trois lots, afin que chacun en ait sa part afférente ; pour dire, qui lui doit échoir ou appartenir.

AFFERMER. v. act. Donner, ou prendre à ferme quelque terre, quelques droits pour un certain temps, & moyennant certain prix. Locare, vel conducere, redimere. Il a affermé sa seigneurie pour neuf ans. Ce Traitant a affermé les Gabelles. On a affermé cette métairie trop haut


le métayer n’y peut pas vivre. Les Greffes s’afferment, parce qu’ils sont domaniaux. Quand on afferme quelque terre au-delà de neuf ans, c’est une espèce d’aliénation. Remarquez que ce nom se dit aussi-bien de celui qui donne, que de celui qui prend à ferme.

Affermé, ée. part. Locatus, conductus.

AFFERMIR. v. act. Rendre ferme & inébranlable. Indurare, solidare, firmare. Il faut affermir une voûte par de bons arcs-boutans. Affermir un plancher.

Affermir, signifie aussi, rendre ferme & consistant ce qui étoit mou. Le vin affermit le poisson. La gelée affermit les chemins. Dans ce sens on dit mieux raffermir. Acad. Fr.

Affermir, signifie encore, Rendre plus stable, plus assuré, plus inébranlable. Stabilire, confirmare, asserere. Cela n’a servi qu’à affermir notre amitié. Ablanc. Brutus affermit la liberté des citoyens. Il l’affermit au service de son Prince. Cela vous doit affermir davantage dans votre opinion.

Affermir, se dit au figuré de choses spirituelles. Confirmare, roborare, corroborare. La Philosophie affermit le courage. La victoire affermit un Prince sur son Trône. La grace affermit les Fidèles dans la Foi. On tire de l’Ecriture Sainte une consolation qui affermit l’espérance des biens avenir. Port-R. L’approbation affermit, & fortifie les hommes dans l’idée qu’ils ont de leur propre excellence. Nicol.

Affermir, se dit aussi en ce sens avec le pronom personnel, & signifie, se rendre plus ferme, plus assuré, plus inébranlable ; & il se dit dans le propre & dans le figuré. Firmari, solidescere, roborari, stabilire se. Aimer à s’affermir dans l’attente des biens éternels. Port-R. Le courage des fi- dèles s’affermit à la vûe des périls. S’affermir dans ses connoissances. Ablanc. Il s’affermit dans la mauvaise voie. Port-R.

Affermi, ie. part. Stabilitus, solidatus, firmatus, roboratus, assertus, &c. Au figuré : L’ame demeure bien affermie sans être sujète à ces incertitudes qui rendent sa foi chancelante. Bourdal. Exh. t. I p. 128.

AFFERMISSEMENT. s. m. Action qui affermit quelque chose. État d’une chose affermie. Stabilimentum, firmamentum, confirmatio, stabilimen. L’entrait ou le tirant, sert à l’affermisement d’une ferme de charpente. On dit au figuré, l’affermissement d’un Etat. L’amour des peuples envers le Prince, est l’affermissement de son empire. Mon Dieu, vous êtes le seul soutien & le seul affermissement des ames. Arn. Les Religieux succèdent à ceux dont Jesus-Christ s’est servi pour l’établissement de la foi, & l’affermissement de son Eglise. A. d.L.Tr. ☞ La grâce est admirable d’avoir fait de la crainte, dont le propre est d’ébranler, l’affermissement de toutes les vertus. Bourdal. Exh. t. I. p. 446.

AFFÉTÉ, ÉE. adj. Qui affecte trop de plaire par des manières de parler ou d’agir, qui ont un air de coquetterie. Affectator, Confectatrix. Fille affétée. C’est une petite affétée : elle ne seroit point désagréable, si elle n’étoit point affétée. Acad. Fr. Ce mot se dit aussi des choses qui sont faites avec affectation, & qui ne sont pas naturelles. Affectatus. Cet homme est ridicule. Avec son langage affété, sa mine affétée.

Je laisse aux doucereux ce langage affété,
Où s’endort un esprit de mollesse hébété. Boil.

AFFÉTERIE. s. f. Les paroles & les actions d’une personne affétée ; certaines manières étudiées & pleines d’affectation qui marquent un désir de plaire. Affectatio, consectatio nimiæ concinnitatis. Afféterie pure, ridicule, dégoûtante, ennuyeuse. Poppée, la plus spirituelle & la plus belle dame de son temps, prit d’abord Néron par ses afféteries & par ses caresses. Ablanc. Elle le voulut porter par ses afféteries & par ses caresses à des choses honteuses. Id.

AFFEURER, ou AFFORER. v. act. C’est mettre le prix ou le taux aux denrées, en qualité de Seigneur ou de Magistrat. Annonæ pretium dicere, rei venali pretium slatuere.

AFFEURAGE. s. m. Prix que l’on met aux denrées. Droit d’affeurage. Æstimatio venalium. Voyez aussi Afforage.

AFFICHE. s. f. Placard attaché en lieu public, pour rendre une chose connue à tout le monde, soit pour le plaisir, soit pour l’intérêt. Libellus publicè affixus. Il est menteur comme une affiche de Charlatan. Ce Comédien s’est réservé les annonces & les affiches.

Au Palais, on nomme affiches, les proclamations que l’on attache aux places publiques, pour procéder à un bail judiciaire. Tabula publicè proposita. De même on appelle l’affiche de quarantaine, de quinzaine, celles qui se font avant


l’interposition