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PREFACE. xv


que ce travail a été porté au point que nous n'y avons peut-être rien laissé à desirer.

Nous voudrions bien pouvoir rendre ici justice à tous ceux qui ont contribué en quelque maniere que ce soit, à la perfection de ce Dictionnaire, & leur donner les éloges qu'ils méritent : mais outre qu'il y en a qui ne veulent point être nommés, le plus grand nombre ne nous est pas même connu. Parmi ceux qui le sont, nous ne pouvons nous dispenser d'apprendre au Public ce que la troisième Edition devoit à Mr. Moreau de Mautour, de l'Académie des Belles-Lettres ; & à Mr. de Jussieu, Docteur en Médecine de l'Académie des Sciences, & de la Société Royale d'Angleterre, Professeur de Botanique & Démonstrateur des Plantes au Jardin Royal : le premier l'avoit enrichie d'une quarantaine de remarques ou d'additions dignes d'un habile Académicien. Le second avoit revu une grande partie des articles qui concernent la Botanique ; & il eût continué jusqu'à la fin, si les voyages que feu S. A. R. Monseigneur le Duc d'Orleans, Régent du Royaume, lui ordonna de faire pour la perfection de la Botanique & l'ornement du Jardin Royal, ne l'en eussent détourné. L'avis qui précède immédiatement cette Préface, fait mention des autres Savans qui nous ont aidés de leurs lumières & de leurs recherches, pour rendre cette quatrième édition encore plus parfaite que la derniere.

Il nous reste à parler des fautes qui pourront se trouver dans ce Dictionnaire. Quelque exactitude qu'on y ait apportée, on ne se flate point que dans six volumes aussi gros que ceux-ci, & d'une aussi longue haleine, chargés de tant de matieres différentes, il ne soit rien échapé qui ne soit juste & exactement vrai. Nous passons nous-mêmes condamnation par avance sur tout ce que l'on y découvrira de fautes bien prouvées : nous aurons une véritable & sincere obligation à quiconque voudra s'en donner la peine ; & en faveur du service qu'il rendra au Public, & dont les Editeurs futurs pourront profiter, & du plaisir qu'il nous fera à nous-mêmes de nous instruire, nous lui passons dès à présent toute l'aigreur dont il pourroit l'assaisonner. Il peut s'assûrer que nous porterons sur cela l'indifférence jusqu'à l'insensibilité. Sans répondre à rien, nous abandonnerons au Public tous nos intérêts & le soin de juger qui a raison, & à nos successeurs, celui de recueillir les suffrages, & de nous justifier ou de nous redresser, s'il le faut, dans une autre édition.

Du reste, dans un Ouvrage de la nature de celui-ci, on ne doit point regarder comme des fautes, le manque d'uniformité, & les contrariétés d'opinions qui peuvent s'y rencontrer. Nous rapportons ce qu'ont pensé sur les sujets qui se présentent, ceux qui les ont traités, & qui souvent se contredisent les uns les autres. Nous ne sommes peut-être pas nous-mêmes d'un même sentiment sur tout. Cette variété, loin d'être un défaut dans ce Livre, fait une partie de son agrément & de son utilité.

On a corrigé dans cette édition un grand nombre de fautes qui s'étoient glissées dans la précédente. On y trouvera aussi dans leur ordre naturel, quelques articles que l'on avoit déplacés. A l'égard des autres fautes d'Impression, nous attendons tout de l'indulgence des Lecteurs. Heureusement les Ouvriers se sont peu trompés dans les langues étrangeres, où il seroit plus difficile de corriger leurs méprises. Il y a cependant quelques dictions orientales, quelques mots grecs, & quelques accens où ils ont failli, mais qui ne sont de nulle conséquence. Ce peu de fautes, qu'il est impossible d'ailleurs d'éviter, ne diminue point le prix & le mérite d'un Livre ; & l'on admirera plutôt que des Ouvriers aient pû n'en pas faire davantage, qu'on ne s'étonnera qu'ils en aient fait ; & ce sera une preuve du soin & de la dépense qu'on a faite, pour n'en choisir que de bons. Enfin, nous pouvons dire en finissant, que nous souhaitons n'avoir point d'autres reproches à essuyer, & que nous serons parfaitement contens, si le Public paroît l'être de nos travaux.