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déchiré par les chevaux de Diomède. Leurs garants sont Philostrate, Etienne de Bysance, Scycmus de Chio, &c. Mais Solin & Méla disent qu’elle fut bâtie par Abdera sœur de Diomède, qui lui donna son nom ; & sur les Médailles de cette ville, on lit d’un côté ΑΒΔΗΡΑΣ ΚΟΡΑΣ, avec la tête d’une Héroïne. Voyez M. Spanheim, p. 562. & suiv. Elle fut rebâtie par Timésius, qui y conduisit une Colonie de Clazoméniens ; & ensuite vers la 31e Olympiade, c’est-à-dire, environ 650. ans avant J. C. Les Téiens, peuples de l’Asie-mineure, ne pouvant souffrir la domination des Perses, passerent en Thrace, & s’établirent à Abdere. Quelques Auteurs veulent que ce soit Aspérosa, ville maritime de Romanie. Elle a encore été nommée Astrizza.

ABDÉRITE. s. m. Abderites, Abderita. Qui est de la ville d’Abdere. Les Médailles de cette ville ont une tête rayonnée, avec ce mot ΑΒΔΗΡΙΤΕΩΝ. Les Abdérites étoient si stupides, que leur stupidité avoit passé en proverbe, & qu’on disoit, Un esprit d’Abdere, Abderitica mens, pour, un esprit grossier, pesant, stupide. Cicéron ad Attic. viij. ep. 7. appelle un projet mal concerté, sans vûes, sans prudence, Un projet Abdéritique. Abdere néanmoins produisit de grands hommes, témoin Protagore & Démocrite.

ABDIAS. s. m. & nom propre. C’est le nom du quatrième des douze petits Prophètes, que les protestans appellent communément Obadias, faisant passer la prononciation Hébraïque dans les autres Langues : ce qui est, à mon sens, pécher contre le premier principe des Langues, qui est l’usage. Car de quelque manière que l’on prononce un nom dans la Langue originaire de ce nom, il faut le prononcer comme il est établi par l’usage qu’on le prononce dans la Langue dans laquelle on parle, ou l’on écrit, & il n’y a pas moins d’absurdité à vouloir dire Obadias, Jeschejahu, Jechezchiel, &c. au lieu de Abdias, Isaie, Ezéchiel, qu’il y en auroit à vouloir dire, Miriam, Jehoschua, Jehohhanan, Petrus, Alexandros, Julius Caesar, Pompeius, Hyeronimus, Quintus-Curtius, &c. au lieu de Marie, Jesus, Jean, Pierre, Alexandre, Jules César, Pompée, Jérôme, Quinte-Curce, &c. Aussi tous les Traducteurs François de l’Ecriture, & ceux même de Genève ont dit Abdias. Au reste, ce nom vient de עבד abad, servir, honorer, & יה Ja, abrégé de Jehovah, nom de Dieu. Ainsi il signifie, serviteur de Dieu, ou de Jehovah.

ABDICATION. s. f. Démission, acte de renonciation à une Charge, à une Magistrature. Abdicatio. Il faut remarquer que l’abdication diffère de la résignation, en ce que l’abdication se fait purement & simplement, au lieu que la résignation se fait en faveur d’une tierce personne.

On dit, L’abdication d’un fils rebelle & désobéissant. Dans le Droit Civil l’abdication est opposée à l’adoption. L’abdication n’étoit différente de l’exhérédation que dans cette circonstance : c’est que le fils abdiqué étoit exclus de la famille & de la succession paternelle, par un acte public pendant la vie du père ; au lieu que l’exhérédation n’avoit d’exécution qu’en vertu de son testament. Les causes de l’abdication étoient les mêmes que celles de l’exhérédation. Harris, dans son Dictionnaire Anglois des Arts, dit qu’on trouve qu’abdication s’est dit encore d’un homme libre qui renonce à sa condition pour se faire esclave, ou d’un Citoyen Romain qui renonce à cette qualité & aux priviléges qui y étoient attachés.

On dit aussi au Palais, faire une abdication de biens, quand on en fait un abandonnement entier.

ABDIQUER, verbe actif. Renoncer à une Magistrature, à une Charge, s’en dépouiller, l’abandonner. abdicare. Dioclétien & Charles-Quint ont abdiqué l’Empire. Il se dit aussi absolument ; ce Prince à été forcé d’abdiquer.

On dit en Droit, Abdiquer un fils, pour dire, l’abandonner, le chasser de sa maison, ne le reconnoître plus pour fils. C’est l’exhéréder, & le priver de tous les avantages attachés à sa qualité de fils. Est quasi negare filium.

Abdiqué, ée, participe passif & adjectif. Abdicatus.

ABDOMEN, s. m. Terme d’Anatomie, qui signifie la partie extérieure du bas-ventre, depuis les cuisses en remontant jusqu’au diaphragme. Abdomen. C’est, dit Harris, le plus bas des trois ventres du corps humain, appellé proprement le bas-ventre, qui comprend dans sa capacité le ventricule, les boyaux, le foie, la ratte, la vessie,’&c


& qui est couvert en dedans d’une membrane, que l’on nomme Peritonœum ; sa partie inférieure Hypogastre, Hypogastrium : sa partie de devant est divisée dans l’Epigastre, Epigastrium, les Hypocondres, le droit & le gauche, & le nombril. Il est terminé en haut par le cartilago ensiformis, à droite & à gauche par les fausses côtes, en-bas par les vertèbres des reins, par les os du Coxendix, l’os pubis & l’os sacrum. Il a dix muscles, dont il est couvert, & qui servent à expulser les excrémens, & l’urine, & le fœtus dans les femmes. Nous rapporterons leurs noms propres chacun à leur place. Selon M. Dionis, l’Abdomen est la partie antérieure du ventre, laquelle se divise en trois régions, dont la supérieure s’appelle épigastrique ; la moyenne, (celle du milieu) ombilicale ; & l’inférieure, hypogastrique. La première commence au cartilage xiphoïde, & finit deux travers de doigt au-dessus de l’ombilic ; la seconde commence où finit la première, & se termine environ deux travers de doigt au-dessous de l’ombilic ; & la dernière descend jusqu’à l’os pubis. Chacune de ces trois régions se divise encore en trois parties, une moyenne, & deux latérales. La partie moyenne de la région épigastrique est appelée épigastre ; & les latérales, hypocondres, dont l’un est à droite, & l’autre à gauche. La partie moyenne de la région ombilicale se nomme ombilic, ou nombril ; ses parties latérales sont les deux lombes. Le milieu de la région hypogastrique s’appelle hypogastre : ses côtés sont les îles ou les flancs. Il se dit quelquefois, mais improprement, des parties contenues dans le bas-ventre. Les Grecs l’appellent επιγάστριον & les Arabes mirach.

ABDUCTEUR. adj. m. Abductor.C’est une épithète que les Médecins donnent au quatrième muscle des yeux, qui les fait mouvoir en dehors, & regarder de côté pour marque de mépris & de dédain : c’est pourquoi on l’appelle aussi orgueilleux, & indignabundus, ou dédaigneux, fastidiosus. fastidiosus. On le dit aussi des muscles du pouce, & d’autres parties du corps qui se peuvent mouvoir en dehors. L’Abducteur est le troisième muscle de l’index. Il prend son origine de la partie externe & moyenne de l’os du coude, & passant sous le ligament annulaire, il va s’insérer à la partie latérale & externe des os du doigt indice, qu’il tire en dehors vers les trois autres doigts. Dionis. Ce mot vient du Latin abduco, qui signifie Emmener.

ABDUCTION, s. f. Abductio. Terme d’Anatomie. Le mouvement d’abduction, dans les muscles du pouce, est celui qui fait que les doigts s’éloignent du pouce. Dionis. Et dans les muscles des yeux, le mouvement d’abduction est celui qui éloigne la vûe, ou l’œil du nez, & fait regarder par-dessus l’épaule.

ABE.

ABÉATES. s. m. Abeatæ. Habitans de la ville d’Abée. Corn. Ce sont les Habitans de la ville d’Abée du Péloponèse. Ceux d’Abée de Phocide s’appellent Abantes.

ABÉCÉDAIRE. s. m. Qui est encore à l’abécé. Elementarius. S. Jérôme & S. Fulgence, 3. Mythol. CX, disent Abecedarius, a, um. On se moque d’un vieillard Abécédaire, qui est encore à l’a, b, c, qui ne sait rien. On a donné le titre d’Abécédaire à un livre de Pierre d’Alva sur la Conception de la Vierge en vingt-un volumes, dont la première lettre A contient trois gros vol. in-fol. imprimés à Madrid en 1648. Il est intitulé, Abecedarium Marianum. S. Augustin, dans ses Rétractations, Liv. I, Chap. XX. dit qu’on appeloit Abécédaires, Abecedarios, les Pseaumes dans lesquelles les premières lettres de chaque strophe, ou quelquefois peut-être de chaque vers, suivoient l’ordre alphabétique. Dans l’Ecriture, le CXVIIIe Pseaume & les Lamentations de Jérémie sont de cette sorte, par où il paroît que les Hébreux ont été les premiers Auteurs de cette espèce de Poësie, inventée apparemment pour aider la mémoire.

Abécédaire, signifie encore, suivant Danet, le Maître des petites écoles, qui apprend à lire aux enfans.

ABÉCHER. v. actif. Donner la béchée à un oiseau qui n’a pas encore l’adresse de la prendre lui-même. Escam ingerere. Ce mot vient de à & de bec, c’est-à-dire, Mettre au bec. Nicod.

En Fauconnerie on dit, Abécher l’oiseau ; pour dire, Lui donner une partie du pât ordinaire pour le tenir ou pour le mettre en appétit, dans le dessein de le faire voler un peu après.

ABÉE. s. f. Ouverture par où on laisse couler l’eau d’un


B iij ruisseau