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point en usage, desorte que l’on pourroit dire avec Pétrone à tous ces MM. les Académistes, Pace vestrâ liceat dixisse, Primi omnium eloquentiam perdidistis, &c. Mascur. Charlemagne établit par le Conseil d’Alcuin une espèce d’Académie, dont il voulut être lui-même, & qui étoit composée des plus beaux Esprits, & des plus Savans de la Cour. Dans ces conférences Académiques chacun rendoit compte des anciens Auteurs qu’il avoit lûs ; & même ceux qui en étoient, prirent chacun un nom de quelque Auteur ancien qui étoit le plus à son goût, ou de quelque homme fameux dans l’antiquité. Alcuin, dont les Lettres nous apprennent ces particularités, prit celui de Flaccus, qui étoit le surnom d’Horace ; un jeune Seigneur, nommé Angilbert, prit celui d’Homère ; Adelard, Abbé de Corbie, s’appella Augustin ; Riculfe, Evêque de Mayence, se nomma Dametas ; le Roi lui-même prit le nom de David. P. Dan. Il paroît par-là que Mr Baillet n’étoit pas assez instruit, quand il a dit que c’est en suivant le génie des gens de Lettres de son temps, amateurs des noms Romains, qu’Alcuin s’est appellé Flaccus Albinus.

On dit aussi Academie en parlant des Ecoles des Juifs, & des endroits où ils ont des Rabbins & des Docteurs pour enseigner aux jeunes gens de leur nation la Langue Hébraique, leur expliquer le Talmud, leur apprendre la Cabale &c. Les Juifs n’ont eu de ces sortes d’Académies que depuis le retour de la captivité de Babylone. Les Académies de Tibériade, de Babylone, ont été fameuses.

Quelques Auteurs ont employé ce terme pour signifier aussi ce que nous appellons Université. L’Académie d’Oxford est si illustre, que son Chancelier est toujours un des premiers Seigneurs du Royaume. Larrey. Ce n’est pas parler assez juste. Il est vrai que M. Harris, dans son savant Dictionnaire des Arts, définit le mot Académie, une espèce de hautes Ecoles, ou Université, dans laquelle de jeunes gens sont instruits dans les Arts Libéraux & dans les Sciences ; mais il parle Anglois, & explique ce que signifie ce mot en Anglois. De même en Latin on appelle Académie, ce que nous appellons Université, & tout le VIII. livre de Lymnaeus de Academiis, regarde les Universités. Mais quand on écrit en François, il faut distinguer ces deux choses, qui dans notre langue sont fort différentes. Académie est une Assemblée de gens doctes, qui tiennent entre-eux des conférences sur des matières d’érudition. Université est un Corps composé de Docteurs, de Bacheliers qui aspirent au Doctorat, de Régens qui enseignent dans les Colléges, & de jeunes gens, ou Ecoliers qui étudient sous ces Régens. On peut cependant appeller Académies les lieux où les jeunes gens étoient instruits & élevés. Ainsi l’on dit que pendant que les Romains étoient les Maîtres de la Gaule, il y avoit des Académies à Autun, à Bourdeaux, à Marseille, à Narbonne, à Tours & à Trèves. Le Gendre. Mais en parlant de nos temps cela fait un équivoque qu’il faut éviter, en distinguant ces deux choses, Académie & Université, comme en effet l’usage les distingue.

L’ACADÉMIE DE PEINTURE, fut établie par le Roi il y a plus de 50. ans. Le Cardinal Mazarin en fut le premier Protecteur ; & M. le Chancelier Seguier Vice-Protecteur. Elle est composée d’un Directeur, d’un Chancelier, de quatre Recteurs, d’un Trésorier, de douze Professeurs, d’Ajoints à Recteurs & à Professeurs, de Conseillers, d’un Secrétaire, de deux Professeurs, l’un pour l’Anatomie, & l’autre pour la Géométrie & la Perspective, & de deux Huissiers. On y est reçu, ou comme Peintre, ou comme Sculpteur. Les Peintres y sont reçus selon leurs talens, & avec distinction de ceux qui travaillent à l’histoire, & de ceux qui ne font que des portraits, ou des batailles, ou des paysages, ou des animaux, ou des fruits, ou des fleurs, ou qui ne peignent que de miniature, ou qui s’appliquent à la gravure, ou à quelque autre partie qui regarde le dessein.

L’ACADÉMIE DES SCIENCES. Regia Scientiarum Academia. Elle fut établie en 1666. par les ordres du Roi, mais sans aucun acte émané de l’autorité Royale. En 1699. le Roi lui donna une nouvelle naissance, en lui donnant une nouvelle forme. Le règlement est du 26. Janvier 1699. En vertu de ce règlement l’Académie est composée de quatre sortes d’Académiciens, les Honoraires, les Pensionnaires, les Associés, & les Elèves ; la première classe composée de dix personnes, & les trois autres chacune de vingt. Les Honoraires doivent être tous regnicoles ; les Pensionnaires


doivent être tous établis à Paris ; des Associés huit peuvent être étrangers ; les Elèves doivent être tous établis à Paris. Les Officiers de l’Académie sont, un Prèsident, qui est nommé tous les ans par le Roi, un Secrétaire, & un Trésorier.

ACADÉMIE DES MÉDAILLES ET DES INSCRIPTIONS. Regia Numismatum & Inscriptionum Academia. Elle est établie pour la recherche & explication des anciens monumens, & pour consacrer les événemens considérables par des monumens semblables, tels que sont les Médailles, les Jettons, les Inscriptions.

Il y a aussi une Académie de Politique. Regia Rerum Politicarum Academia. Elle est composée de six personnes, qui se rendent certains jours de la semaine au Louvre, dans la chambre où sont les papiers & les mémoires qui regardent les affaires étrangères : ils lisent les choses qu’on leur met entre les mains suivant les ordres de Mr de Torcy, qui fait connoître au Roi leur capacité & les progrès qu’ils font, afin que Sa Majesté puisse les employer dans les affaires, selon qu’Elle le jugera à propos.

ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE. Regia Musica Academia. Voyez OPERA.

Académie, se dit aussi des maisons, logemens & manèges des Ecuyers, où la noblesse apprend à monter à cheval, & les autres exercices qui lui conviennent. Epheborum Gymnasium. C’est ce que Vitruve appelle Ephebeum. Au sortir du collège on a mis ce gentilhomme à l’Académie. Newcastle dit que l’art de monter à cheval prit naissance en Italie ; que ce fut à Naples que la première Académie pour monter à cheval fut établie, & que Frédéric Grison, Napolitain, fut le premier qui en écrivit ; ce qu’il fit en vrai cavalier & en grand maître. Henri VIII fit venir en Angleterre deux Italiens, écoliers de Grison, qui remplirent le Royaume d’écuyers. Gui Allard dit que Pluvinel est le premier qui a établi en France des Académies pour apprendre à monter à cheval. Il étoit du Dauphiné. Newcastle dit aussi que le plus célèbre écuyer qui fut jamais en Italie, étoit à Naples & Napolitain, nommé Pignatel ; que la Broue monta cinq ans sous lui, Pluvinel neuf, & S. Antoine plusieurs années ; que ces trois François, qui firent leur apprentissage sous Pignatel, remplirent la France d’Ecuyers François, qui étoit auparavant pleine d’Ecuyers Italiens. Il croit que la Broue a été le premier qui a écrit en François de l’art de monter à cheval.

Académie. Terme de Peinture. C’est une figure entière, dessinée d’après le modèle, qui est un homme nu, ou la copie d’un pareil dessein. Cette Académie ne m’a coûté qu’une heure de travail.

Académie, se dit abusivement du Brélan, ou des lieux publics où l’on reçoit toutes sortes de personnes à jouer aux dez & aux cartes, ou à d’autres jeux défendus. Les Juges de Police sont obligés de veiller à ce qu’on ne tienne point des Académies de jeu. Voulons que les ordonnances de Police pour chasser ceux chez lesquels se prend & consomme le tabac, qui tiennent Académie, brélans, jeux de hasard, & autres lieux défendus, soient exécutées. Ordonnance de 1666. Ces lieux que l’on appelle fort improprement Académies, mais beaucoup mieux du nom infâme de Brélan, tout homme d’honneur doit les éviter, & les loix les condamnent. De la Mare. Cet Auteur montre dans son Traité de la Police, L. III. Tit. iv. C. 2 & 3, que non-seulement les Peres & les Loix ecclésiastiques, mais les Loix civiles chez les Païens, ont défendu ces sortes d’Académies. Les maîtres de ces Académies étoient si infâmes & si odieux, que s’ils étoient volés ou maltraités dans le temps du jeu, ils n’avoient aucune action en justice pour en demander réparation. L. i. Præt. ait. ff. de alea. & ibi gloss. Ulpian.

ACADÉMIQUE, adj. m. & f. Qui appartient à l’Académie des Arts & des Sciences. Academicus. Les Questions Académiques de Cicéron. Les exercices Académiques continuent en une telle ville.

ACADÉMIQUEMENT, adv. D’une maniére Académique. Academicè. Cette question a été traitée académiquement, pour dire, suivant la méthode des Académiciens.

ACADÉMISTE, s. m. Ecolier qui fait ses exercices chez un Ecuyer, qui apprend à monter à cheval, à faire des armes, à danser, &c. Equestris disciplinae tyro.

ACADIE, s. f. Acadia. Grande Province de l’Amérique


Septentrional,