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l’accablement. Un fardeau accablant ; une tristesse accablante ; une nouvelle accablante, &cc.

ACCABLEMENT, s. m. Bouleversement, accident par lequel une chose succombe sous une charge excessive. Eversio, oppressio. Pendant ce tremblement de terre il y eut un accablement général dont personne ne se put sauver. On ne l’emploie point au propre. Il est plus en usage au figuré. Il signifie embarras, langueur, abattement, redoublement d’affliction, multitude de choses. Oppressio, Mœror Je n’ai pas de ces heures de chagrin & d’accablement qui vont jusqu’à l’ame. Voit. Il est dans un grand accablement d’esprit, de douleur, &c. Il est dans un grand accablement d’affaires ; pour dire, il est chargé d’un nombre infini d’affaires.

Accablement de pous. Terme de Médecine. Dérèglement de pous, lorsque l’accès commence, ou redouble, Venæ inordinatæ. Dog.

ACCABLER, v. act. Faire tomber une chose pesante sur une autre, qui l’oblige à succomber sous un poids excessif. Opprimere. Il a été accablé sous la ruine de cette maison. Les Ennemis l’accablerent par leur nombre. Leur multitude pouvoit accabler notre valeur. Sarras.

Cambden dérive ce mot de l’Anglois cablu, qui signifie, Opprimer.

Accabler, signifie aussi périr de quelque façon que ce soit dans quelque renversement général de l’Etat. Il y eut à Rome bien des gens accablés sous les ruines de la République. L’Empire Romain courant à sa ruine, entraîna avec lui les belles Lettres, qui se trouvèrent accablées sous le poids de sa chûte. Bail.

Accabler, se dit figurément en Morale de gens trop chargés d’affaires, de dettes, d’impôts, de malheurs, ou d’infirmités. Obrutus negotiis, aere alieno, doloribus oppressus. Il est accablé de chagrin, de gens qui l’importunent. Accablé de vieillesse. Accablé de sommeil. Ne vous venoit-il jamais aucun scrupule sur tous les éloges dont on vous accabloit ? Font. On accable la nature en la chargeant d’alimens, ou de remèdes. On dit d’un homme excessivement civil, qu’il accable le monde de complimens. Si un Ouvrage est trop chargé de pensées, leur nombre accable, & lasse l’esprit. Nicol. Jesus-Christ afflige les ames qu’il aime, mais il ne les accable pas. Abbé de la Trape.

A vaincre tant de fois, les Etats s’affoiblissent,
Et la gloire du Trône accable les sujets. Corn.

Sire, les Muses désolées
Aujourd’hui sans force & sans voix,
Viennent vous remontrer qu’elles sont accablées.
Sous le nombre de vos exploits.

On le dit même en bonne part. Accabler de présens, de bienfaits ; pour exprimer qu’On est comblé de graces & de faveurs. Il se dit aussi avec le pronom personnel, s’accabler de travail.

Accablé, ée, part. pass. & adj. Oppressus, obrutus.

s’ACCAGNARDER. v. a. Verbe neutre, qui ne se dit qu’avec le pronom personnel, s’Accoquiner, mener une vie fainéante, libertine, ou débauchée, soit en s’attachant au jeu, au vin, aux femmes ; soit en demeurant au com de son feu, au lieu de prendre un honnête emploi. Inertiæ, ignaviæ tradere se.

On le dit aussi activement, La mauvaise compagnie l’a accagnardé. Il est du style familier.

Nicod dérive ce mot de cagnard, qui est un lieu à l’abri du vent, ou exposé au soleil, où les gueux s’assemblent pour fainéanter, qu’on appelle pour cela cagnardins, & cagnardiers.

Accagnardé, ée, part. & adj.

ACCARER. v. a. Terme de Palais, usité dans quelques-unes de nos provinces méridionales les plus voisines d’Espagne. Confronter les témoins & les criminels. Testes cum reo componere. Ce mot vient de cara, qui en Espagnol signifie la tête ou le visage de l’homme. Ainsi accarer les accusés, c’est les mettre tête à tête. Il envoya prier la Reine de ne faire mourir ce malheureux, qu’il ne fût premièrement accaré à lui. Brant. Accariation, c’est la confrontation des témoins.

ACCAREMENT, ou ACAREMENT. s. m. Confrontation. Voyez Accarer



ACCARON. s. m. Accaron. Ville de la Palestine, & l’une des cinq Satrapies ou gouvernemens des Philistins, où ils garderent quelque temps l’Arche d’Alliance, après l’avoir prise. Ce n’est aujourd’hui qu’un village. Postel prétend que c’est le Portus Jamnetorum, ioμνετῶν, de Ptolomée. On y adoroit l’Idole de Béelzébuth, qui est appelé le Dieu d’Accaron au 4e Liv. des Rois, C. i. v. 6. Elle est à 3 lieues de la mer, & à 3 de Jaffa. Ceux de Geth envoyerent l’Arche de Dieu à Accaron. Saci.

Je ne sai dans quel Pline l’Auteur d’un de nos Dictionnaires a pris que Accaron, Achoron, & Acharon, sont les Dieux des mouches, selon Pline, L. x. C. 28. Ce Chap. n’a que trois lignes que voici : Invocant & Ægyptii Ibes suas contra serpentium adventum : & Elei Mylagron Deum, Muscarum multitudine pestilentiam afferente, quæ protinùs intereunt quâ litatum est illi die. Il est vrai que quelques Mss. au lieu de Mylagron, ont mis Myiacoren ; mais c’est manifestement une faute.

ACCASTILLAGE. s. m. Terme de Marine, qui se dit en parlant des châteaux qui sont sur l’avant & sur l’arrière d’un vaisseau. Et on appelle un Vaisseau accastillé, quand il est accompagné de ces deux Châteaux.

☞ ACCÉDER., v. n. prendre part, s’associer, terme en usage à l’égard des Traités. Accéder à un Traité, l’approuver & le signer comme partie intéressée. La Chambre des Communes résolut de prier le Roi de lui faire délivrer une copie du Traité conclu à Vienne entre l’Empereur & sa Majesté, avec les articles secrets & séparés, & l’acte par lequel les Etats Généraux des Provinces Unies ont accédé à ce Traité. Gazette de Fr. 21. Févr. 1734. Il fut stipulé que la guerre contre les Suédois ne se feroit point en Poméranie, ni dans aucune des provinces de l’Allemagne ; & que les ennemis de Charles XII pourroient l’attaquer par-tout ailleurs. Le Roi de Pologne & le Czar accéderent eux-mêmes à ce traité. Voltaire.

ACCÉLÉRATION. s. f. Action par laquelle on avance une affaire, prompte expédition. Acceleratio. Il a omis plusieurs demandes qu’il avoit à faire pour l’accélération du jugement de son procès.

Accélération, se dit principalement en Physique, de l’accroissement de vitesse dans le mouvement des corps, lorsqu’ils tombent librement, ou qu’ils sont poussés vers le centre de la terre. On recherche avec soin la cause de l’accélération du mouvement des corps qui tombent, & pourquoi ce mouvement, étant fort lent dans son commencement, augmente & devient très-rapide vers la fin. Bern. Galilée est le premier qui a trouvé la proportion de l’accélération du mouvement. Ce n’est point la pesanteur qui fait l’accélération du mouvement des corps dans leur chûte, car on a remarqué qu’un poids d’une livre tombe & descend avec la même vîtesse qu’un poids de cent livres. Bern. Supposant qu’à la même distance du centre de la terre la gravité agit uniformément sur tous les corps, & que le temps qu’un corps met à descendre soit divisé en parties toutes égales ; si après que le grave par son poids est tombé vers le centre de la terre pendant la première de ces parties de temps, sa gravité cesse d’agir. Ce corps tombera également, avec une vîtesse égale à la force de la première impulsion, c’est-à-dire, que pendant chacune de ces parties de temps, il ne parcourra qu’autant d’espace qu’il en a parcouru pendant la première : sa gravité donc ne cessant point, mais agissant toujours, il s’ensuit qu’au second moment ce corps recevra une nouvelle impulsion pour descendre ; sa vîtesse sera donc double de ce qu’elle étoit au premier moment, elle sera triple au troisième, quadruple au quatrième, & ainsi des autres. Par conséquent les vîtesses dans l’accélération sont comme le temps. De plus, parce que l’espace que décrit un mobile dans un temps donné avec une vîtesse donnée, est le rectangle fait du temps & de la vîtesse, un corps grave étant également & uniformément accéléré, l’espace qu’il décrit au commencement du temps de son mouvement, est justement la moitié de celui qu’il auroit décrit, si dans le même temps il s’étoit mû avec une vîtesse égale à celle qu’il a en finissant. De-là il s’ensuit, 1°. Que l’espace parcouru avec la vîtesse de la fin dans la moitié d’un certain temps, est égale à l’espace décrit par un corps accéléré dans ce temps-là tout entier. 2°. Que si un corps en descendant décrit un espace dans un certain temps, dans le double de ce temps-là il en parcourra quatre fois autant, dans le triple neuf fois autant, &c. Ou autrement si les temps sont en progression arithmétique, 1, 2, 3, 4, 5, les espaces


seront