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ACC ACC

Accent, en Musique, est une inflexion, ou modification de la voix, ou de la parole, pour exprimer les passions & les affections, soit naturellement, soit par artifice. L’accent oratoire se dit de même du ton qui accompagne les mots avec lesquels on exprime telle ou telle affection de l’ame. Chaque passion, chaque sentiment a un ton qui lui est propre.

Les Poëtes se servent quelquefois du mot d’accens au pluriel pour signifier la voix, ou les cris. Les accens plaintifs. Les derniers accens. Il expliqua sa passion par ces tristes accens.

Loin d’ici, profane vulgaire,
Apollon m’inspire & m’éclaire :
C’est lui, je le vois, je le sens :
Mon cœur cede à sa violence.
Mortels, respectez sa présence,
Prêtez l’oreille à mes accens. R.

Rien n’empêche même de s’en servir en prose, & M. Pelisson a dit fort élégamment aux Réfugiés : Pendant que toute la terre pleine de son nom (du Roi) & des charmes de votre Patrie, apprend à parler François, vous tâcherez de vous former avec peine aux accens de quelque Langue étrangère, qui ne laissera pas de vous faire entendre à toute heure ce que vous avez perdu.

ACCENTUER. v. a. Marquer les syllabes avec des accens, pour avertir comment il les faut prononcer. Syllabæ accentum apponere. Les Romains n’accentuoient point leurs syllabes en écrivant.

ACCENTUÉ, ÉE. adj. & part. pass. Cet é est accentué, il le faut prononcer plus fortement.

ACCEPTABLE. adj. m. & f. Ce qu’on ne peut raisonnablement refuser. Accipiendus, quod potest accipi. Ces offres, ces propositions sont acceptables, & ne doivent point être rejettées. Celka est du style simple.

ACCEPTANT, ante. adj. Terme de Pratique. Celui qui accepte, qui agrée ce qu’on fait en sa faveur. Dans tous les Contrats on dit, qu’un acquéreur, ou donataire, est présent & acceptant. Dans les cessions à un absent, le Notaire prend qualité d’acceptant pour le cessionnaire.

ACCEPTATION. s. f. Consentement de celui qui accepte, action par laquelle on reçoit volontairement, on agrée ce qui est proposé, offert. Acceptio. L’acceptation d’une donnation est nécessaire pour sa validité : c’est une formalité essentielle. L’acceptation est le concours de la volonté du donataire, qui donne la perfection à l’acte ; sans quoi le donateur peut révoquer son don. Si le porteur d'une lettre de change n'en fait point faire l'acceptation dans un certain temps, il n'a plus de garantie sur le tireur. Savary.

En matière bénéficiale, l’acceptation doit être faite au temps même de la résignation, & non ex intervallo. L’acceptation est réputée faite par un Gradué, nommé, quand il a demandé à l’ordinaire qu’il lui confère le Bénéfice. Bouchel.

Acceptation, en termes de Théologie, se dit de la manière de recevoir les Constitutions des Papes, ou de l’acte par lequel on les reçoit. Il y a deux sortes d’acceptations, l’une solennelle, & l’autre tacite : l’acceptation solennelle est l’acte par lequel on reçoit, & on accepte une Constitution, en condamnant ce que le Pape condamne. L’acceptation solennelle se pratique plus ordinairement dans les lieux où les erreurs condamnées se sont élevées, dans ceux où elles se sont répandues, où elles ont causé du scandale, où les Livres condamnés ont été imprimés ; dans les pays où sont ceux à qui la Constitution est adressée en particulier, quand elle ne l’est pas à tous les Fidèles. Quand une Constitution a été acceptée expressément par ceux qu’elle regarde d’une manière particulière, elle est censée acceptée tacitement par les autres Prélats du monde Chrétien qui en ont connoissance ; & cet acquiescement est ce qu’on appelle acceptation tacite. Ainsi la France, la Pologne, &c. ont accepté tacitement la Constitution contre la Doctrine de Molinos ; & l’Allemagne, la Pologne, &c. ont accepté tacitement les Constitutions contre la Doctrine de Jansénius, Evêque d’Ypres. Enfin, quand la plus grande partie des Evêques a accepté une Constitution expressément, ou tacitement, les autres sont obligés de l’accepter & d’y adhérer, en ce qui regarde la foi & les mœurs ; & il n’est point nécessaire que l’acceptation du Corps des Pasteurs soit solennelle, pour que les Constitutions du Saint-Siége soient des règles du sentiment des Fidèles. Procès verbal de l’Assemblée du Clergé en 1705.

Acceptation d’une lettre de change, est la promesse par écrit de l’acquitter dans le temps de son échéance.


ACCEPTER. v. a. Agréer ce qui est offert. Accipere. Il a accepté une charge difficile à remplir. La loi est censée accepter pour les mineurs, & elle supplée à leur intention dans les choses favorables. Courtin. Accepter un combat sur un défi. Accepter la paix, les conditions d’un traité. Il faut remarquer que ce mot est moins étendu que recevoir ou agréer, & qu'il suppose quelque traité ou négociation. On le dit pourtant quelquefois lorsqu'il ne s'agit point d'affaires. Les Juges ne doivent accèpter aucuns présens des Parues ; pour dire simplement, Recevoir.

Elle venoit, Seigneur, fuyant votre courroux,
A la face des Dieux l’accepter pour époux.

Ragin.

On dit, j’en accepte l’augure ; pour dire, je souhaite que cela arrive comme on le fait espérer.

Accepter se dit des Constitutions, Bulles, ou Brefs des Papes, comme on l’a expliqué au mot acceptation. Un arrêt du Conseil du cinquième Juillet 1714, le Roi y étant, déclare un Mandement d’un Evêque comme non fait, & non advenu, parce qu’il introduit une nouvelle manière d’accepter les Constitutions du Pape. Il y a cette différence entre accepter & acceptation pris en ce sens, que l’on dit également bien accepter ou recevoir une Bulle, ou Constitution, au lieu qu’on ne dit point réception, mais toujours acceptation d’une Bulle ou Constitution.

On dit aussi, accepter une lettre de change, pour en empêcher le protêt, lorsqu’on la souscrit, & qu’on promet de la payer.

On dit aussi au Palais, Accepter les offres de sa partie.

Accepté, ée. part. Qui a les mêmes sens que son verbe. Les offres qui ne sont point acceptées sont sujètes à révocation. En matière de Bulles & de Constitutions du Saint-Siége, quoiqu’on dise acceptation, & non pas réception, on dit cependant reçu, & non pas accepté. Cette Constitution est reçue en France. On n’encourt point en France l’excommunication, & les autres peines portées dans cette Bulle, parce qu’elle n’y a point été reçue, & non pas acceptée, au moins dans l’usage ordinaire.

ACCEPTEUR. s. m. Terme de commerce. Acceptor. L’Accepteur est celui qui a accepté une lettre de change. L’Accepteur devient débiteur personnel après l’acceptation, est obligé de payer, quand même le tireur viendroit à manquer.

ACCEPTILATION. s. f. Acceptilatio. Terme de Jurisprudence Romaine. Remise verbale qu’on donne à un débiteur sans aucun payement de sa part ; déclaration qu’on fait en faveur de son débiteur, qu’on ne lui veut plus rien demander, qu’on a été satisfait d’une dette, ou qu’on la lui remet. On trouve dans le droit une certaine forme prescrite pour l’acceptilation. Ulpien a cependant décidé que l’acceptilation n’est point aux paroles ; & qu’étant de droit naturel que chacun remette ce qui lui est dû, en la manière qu’il lui plaît, elle ne dépend point des formalités.

ACCEPTION. s. f. Considération, sorte de préférence qu’on a pour quelqu’un plutôt que pour un autre. Respectus, discrimen, delectus. Les bons Juges ne font aucune acception des personnes. Cette expression nous est venue de l’écriture, où le Traducteur Latin rend par accipere personam, & personarum acceptio, ce que l’Hébreu exprime par גקר פנים connoître, ou considérer le visage, y faire attention, ou par משא פנים, assumptio facierum, ce qui signifie faire distinction des personnes, avoir des égards, des considérations pour les unes, qu’on n’a pas pour les autres. On s’est servi autrefois aussi en ce sens du mot d’acceptation ; mais acceptation est plus propre pour les affaires, & acception pour les personnes.

Acception. Terme de Grammaire. Sens dans lequel on prend un mot. Significatio, notio, intellectus. Ce mot a plusieurs acceptions. Dans sa première & plus naturelle acception, il signifie, &c.

ACCÈS, s. m. Abord, entrée ; facilité d'approcher de quelque personne, ou de quelque chose. Aditus. Heureux celui qui a accès auprès du Roi. Cet homme cherche quelque acces dans cette maison, quelque connoissance qui lui en facilite l'entrée. C'est un homme dans l'esprit duquel il est impossible de trouver aucun accès. S. Evr. L'accès de cette côte est difficile à cause des rochers. Le facile acces est une partie du devoir du Prince. Louis XI. donnoit des Au-


diences