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Page:Trevoux - Dictionnaire, 1743, T01, A.djvu/83

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ACC ACE ACE


ne peuvent être que dénonciateurs, & n’ont droit que de demander réparation de l’offense pour les dommages & intérêts.

Il signifie aussi, Confession. Confessio. Il faut faire une sincère accusation de nos péchés au Prétre.

Accusation, se dit aussi des légères fautes dans les complimens ordinaires. L’accusation que vous me faites de n’avoir point songé à vous en votre absence, est mal fondée.

ACCUSER. v. a. Intenter une action criminelle contre quelqu’un, soit en son nom, soit sous le nom de la partie publique, qui est toujours le Procureur-Général, ou son Substitut. Accusare. Il n’appartient qu’au mari d’accuser sa femme d’adultère. On a accusé de concussion un tel Officier. Caton, l’homme le plus juste de son siècle, avoit été accusé 42. fois, & absous 42. fois. Dans l’esprit de la plûpart des gens, c’est assez d’être accusé pour être coupable. Voit. Un homme de bien accusé injustement, ôte à la prison même ce qu’elle a d’ignominieux. Bouh.

Accuser, signifie quelquefois simplement, Reprocher. Tous ses amis l’accusent de paresse à faire réponse aux lettres. On accuse les François de légèreté & d’imprudence. Ceux qui accusent la Providence, pour ce qu’elle rend l’adultère aussi fécond qu’un mariage légitime, se scandalisent mal à propos. La Pl. Malherbe, parlant d’un Scélérat heureux, ajoûte :

Mais le Ciel accusé de supporter ces crimes,
Se veut justifier.

On accuse souvent de beaux yeux, dont toute la force est dans la foiblesse du cœur qu’ils ont blessé. S. Evr. Je ne m’accuse que de trop de délicatesse pour mes amis, bien loin de les négliger. Id.

Ma juste impatience
Vous accusoit déjà de quelque négligence. Rac.

Accuser, signifie aussi, Impugner un acte, contester sa validité à cause de quelque défaut essentiel. Impugnare. Accuser un acte de faux. Accuser un testament de suggestion.

Accuser, signifie aussi, confesser sa faute, ou nommer ses complices. Confiteri. Le remords a quelquefois obligé les criminels à s’accuser eux-mêmes. Ce Criminel a tout confessé, & a accusé ses complices. Il a accusé bien des gens dans son testament de mort.

Accuser, signifie aussi simplement, déclarer. Enunciare, exponere. Il a accusé 50. de point au piquet ; il a accusé la réception de ma lettre ; pour dire, Il a dit qu’il avoit 50. de point; qu’il avoit reçu ma lettre.

Accuser, avec le pronom personnel, se déclarer coupable. Insimulare se. Ce Criminel s’est accusé lui-même. Il faut qu’un Pénitent s’accuse franchement de ses péchés à la Confession. Les Persécuteurs semblent s’accuser de n’être pas bien convaincus eux-mêmes de la force & de l’évidence de leurs raisons, puisqu’ils emploient la violence. Cl.

Accusé, ée, part. pass. Accusatus. Socrate accusé répondit : Ce que j’ai fait ne mérite rien, sinon qu’on me nourrisse aux frais de l’Etat dans le Prytanée.

Accusé, se prend quelquefois substantivement. L’accusé a donné de bons reproches contre les témoins. On doit entendre l’accusé à peine de nullité du jugement. L’accusé ne peut point résigner quand le crime emporte la privation de son Bénéfice. Bouch. Par les dures Loix de l’Inquisition l’on contraint l’accusé à s’accuser lui-même du crime qu’on lui suppose. Inq. de Goa. L’accusé n’est point reçu à accuser son accusateur, ni à user de récrimination, avant qu’il se soit purgé. De Laun.

ACE.

ACÈ. Ace. Ville de Phénicie, dans Strabon & dans Etienne. Ce fut depuis Ptolémaïs. Voyez ce mot.

ACÉE. s. f. Ce mot se disoit autrefois pour bécasse : il vient d’acceia qui vient d’acus, à cause du long bec de la bécasse.

ACENSEMENT. Voyez ACCENSEMENT.

ACENSER. Voyez ACCENSER.

ACEPHALE. s. m. Acephalus. Proprement, qui n’a point de chef, de l’α privatif, & de ϰεφαλή tête, chef. On a donné ce nom, 1° à ceux qui, dans l’affaire du Concile d’E-


phèse ne voulurent suivre ni S. Cyrille, ni S. Jean d’Antioche : 2° à des hérétiques du Ve siècle, qui suivirent d’abord Pierre Mongus, ou Moggus : puis l’abandonnèrent, parce qu’il souscrivit au Concile de Chalcédoine. Ils suivoient les erreurs d’Eutichès. Et sous l’empire de Justin, les Sectateurs de Sévère d’Antioche, & généralement tous ceux qui ne voulurent pas recevoir le Concile de Chalcédoine, furent appelles Acéphales. Quelques-uns prétendent que ce nom signifie hésitans ; & que parce qu’ils tenoient la neutralité pour les décrets du Concile de Chalcédoine, qu’ils ne se déterminoient à rien, qu’ils hésitoient quand on les pressoit, ils furent appelés Acéphales ; C’est-à-dire, hésitans. Mais l’autre opinion est plus vraie, & Acéphale n’a point ce sens. Voyez Bolland, T. I. Anastase le Bibliothécaire appelle l’exemption de la juridiction du Patriarche, Autocéphalie, Autocephalia. 5° On a appelé Acéphales, les clercs qui ne vivoient pas sous la discipline ecclésiastique d’un Evêque. Isidore, de Eccles. off. Lib. III. Les Conciles de Mayence, Can. 22 de Paris, Can. lO de Pavie en 850, Can. 18, &c. ont fait différens réglemens contre ces clercs Acéphales. On en trouve encore dans les Capitulaires de Charles le Chauve, I. VI, C. 57, dans Burchard, L.II, C. 226, dans Réginon à l’an de J. C. 865. Baronius à l’année 1090. Hucbert, frère de Thierberge concubine de Lothaire, fut appelé Acéphale, parce que, comme disent les Annales de Metz à l’an 864. de J. C. il étoit Clerc marié, & par là non soumis aux règles de la cléricature ; ou comme d’autres écrivent, parce que son Monastère étoit exempt de la juridiction de l’Evêque. Cependant les Moines exempts de la juridiction de l’Evêque, ne sont point Acéphales ; car Godefroy, Abbé de Vendôme, dit dans sa 27e Lettre du livre second ; Nous ne sommes point Acéphales, puisque nous avons pour chef Jésus-Christ, & après lui le souverain Pontife. 4° Dans les Loix de Henri I, Roi d’Angleterre, on appelle Acéphales les pauvres qui n’ayant rien, ne tiennent point de biens en fief, ni du Roi, ni des Evêques, ni des Barons, ou Seigneurs féodaux ; & ainsi sont en quelque forte sans chef. Voyez le Gloff. de Du Fresne. Voyez Nicéphore, L. XVIII. 54. Evagr. L. III. C. 31. Baron. aux années 432, 482, 492, 513, 536, 538, 546, 553. Hornius, Hist. Eccles. Nov. Test. Per. I, Art. 3, §. 48 & 49. Les Acéphales sont appelés Acéphalites dans Isidore, L. VIII, C. XV, & dans la Chronique d’Adon de Vienne. Voyez encore les Notes du P. Sirmond sur Facundus Hermianensis.

ACÉPHALITE. s. m. Acephalita. Hérétique. Voyez Acéphale ; c’est la même chose. Le Chanoine Régulier de Léon, qui a écrit la vie de S. Isidore de Séville, dit Acephalita, & marque que cette Secte étoit fort étendue en Espagne & en France, au temps de ce Saint. Peut-être que dans ces pays-là on les nommoit alors Acéphalites, & non pas Acéphales.

ACERBE, adj. Ce qui est acre, verd, âpre. Acerbus. Les Médecins tiennent que ce goût est mitoyen entre l’aigre, l’acide, & l’amer. Ils appellent du vin acerbe, du vin fait de raisins qui ne sont pas encore mûrs. Tous les fruits avant leur maturité ont un goût acerbe. La saveur acerbe, est une des trois saveurs froides. Elle est formée d’une substance terrestre & aqueuse au 3e degré. Ce mot est latin, acerbus. Hors la Médecine l’on ne s’en sert point : on dit âpre.

ACÉRER. v. act. Terme de Taillandier. Garnir d’acier un outil de fer ; y joindre ou appliquer de l’acier, soit à la pointe, comme aux burins ; soit au tranchant, comme aux couteaux & cimeterres ; soit sur la face entière des outils, comme aux enclûmes, &c. Durare ferri aciem chalybe. On a dit acérer pour aciérer.

Acéré, ée. part. & adj. Qui est d’acier, ou ce à quoi on a joint & appliqué de l’acier. Ferrum chalybe duratum. On le dit des instrumens de fer destinés à couper, à limer, à trancher, à forger. Un cimeterre acéré & bien tranchant. Les enclumes, les bigornes, & autres outils semblables sont aussi acérés, parce qu’on les couvre d’acier.

Acéré, s’emploie par quelques-uns au figuré, pour signifier, mordant, perçant, tranchant. C’est une plume bien acérée. La pauvreté est un glaive bien acéré. Mau. Il faut pourtant s’en servir avec discrétion.

ACERIDES. s. m. Terme de Pharmacie. C’est un emplâtre fait sans cire, tel qu’est celui qu’on nomme emplâtre de


Nuremberg.