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cines sont en navets. Le Napel est très-dangéreux ; mais on a trop exagéré sa qualité vénéneuse. La seconde est de celle qui a ses fleurs tout-à-fait semblables à celles du Napel, hormis qu’elles sont jaunes. Elle s’appelle Anthora. Anthi-Thora, c’est-à dire, plante souveraine contre les mauvais effets du Thora. Elle est aussi vénéneuse que le Napel. Il est faux que l’Anthora croisse toujours auprès du Thora, ou du Napel. L’aconit de la troisième classe se distingue des deux précédentes par la figure allongée de son casque. Ses fleurs sont pâles ou jaunâtres. On l’a appelée tue-loup, étrangle-loup, tue-chien, à cause de ses effets. Aconitum Lycoctonum. Λυκοκτόνον, Κυοκτόνον. La première & la dernière de ces trois sortes d’aconit sont très-caustiques, très-âcres, & causent des convulsions mortelles, ou des inflammations suivies d’une gangrène prochaine. Ces effets, qui dépendent de leur âcreté, ont tellement surpris nos anciens, que la plûpart craignoient de toucher ces Plantes, & ont donné par-là occasion à tant de superstitions, & à des précautions ridicules pour les cueillir, ou pour les faire accompagner de leurs contrepoisons. La seconde n’est pas moins âcre que les deux autres ; ses racines cependant sont employées dans les fièvres malignes. On doit user de la poudre mêlée avec d’autres cordiaux ; même la dose en doit être médiocre, de crainte qu’elle n’irrite trop. Ses racines entrent aussi dans des orviétans, & autres compositions alexipharmaques.

On dit que son nom vient d’acone, ville de Bithynie, aux environs de laquelle il croît en abondance, quoique pourtant il croisse par-tout ailleurs, & surtout dans les montagnes de Trente. D’autres disent que ce nom vient d’ἀκόνη qui signifie chez les Grecs un rocher dénué de terre où l’aconit croît volontiers. Ou l’appelle aussi μυοκτονος, parce qu’il tue les rats par sa seule odeur, comme dit Pline. Les Poëtes feignent que cette herbe a été engendrée de l’écume que le chien Cerbère jeta, lorsque Hercule le tira des enfers par force : ce qui fait qu’on en trouve quantité auprès d’Héraclée de Pont, où est la caverne par où Hercule descendit. Les Anciens n’ont pas laissé de le faire servir de médecine contre la piqûre du scorpion, lequel s’amortit dès-lors qu’il touche l’aconit ; & qui au contraire en touchant l’ellébore reprend sa première vigueur, L’Aconit ne fait pas mourir, quand il trouve quelque autre poison dans le corps, parce qu’alors il le combat. La marque de ce poison est de faire venir les larmes aux yeux, de causer une grande pesanteur d’estomac, & de faire enfler le corps. Théophraste dit qu’on le prépare, ensorte qu’il fait mourir seulement au bout d’un an ou de deux. Les flèches trempées dans son jus font des plaies mortelles. Les Indiens emploient avec succès contre les fièvres l’aconit corrigé dans l’urine de vache. Lettr. ed.

ACONSUIVRE. verb. act. Il veut dire, Atteindre, selon Nicod. Pertingere, pervenire, attingere.

ACONTIAS. s. masc. Espèce de serpent, qui a un peu plus d’un pouce de grosseur. Il est long de trois pieds. Sa tête est fort grosse & cendrée. Le reste du corps est d’une couleur fort obscure, excepté le ventre qui ne l’est pas tout-à-fait tant. Quelques-uns l’appellent Cenchrias, à cause qu’il tire sur la couleur du millet. Il y en a beaucoup en Calabre & en Sicile, où on l’appelle Saettone, parce qu’il s’élance sur un homme comme un trait. C’est pourquoi on l’appelle aussi Javelot : & c’est la même raison qui l’a fait nommer par les Grecs Acontias, du mot ἀκόντιον, qui signifie flèche, trait, javelot. Lucain, en parlant de cette sorte de serpens, les appelle volucres jaculos.

Acontias, est encore une espèce de comète dont la tête est quelquefois ronde, & quelquefois oblongue & grosse, & dont la queue est déliée, mais fort longue. Harr.

ACOPUM. s. m. Terme de Pharmacie. Selon quelques Auteurs, c’est une fomentation composée de drogues chaudes & émollientes, propre à diminuer le sentiment de la lassitude contractée par un travail excessif, ou par un exercice violent. Harr. Ce mot vient de l’α privatif, & de κόπος, labor, peine, travail.

ACORDE. Voyez Accorde.

AÇORES, ou AZORES. Açores, ou Azores, Cassiterides. Îles de l’Océan atlantique, qu’on nomme aussi Tercères, ou Flamandes. Elles sont entre les côtes d’Es-


pagne & celles de Canada, & appartiennent aux Portugais. Elles ne sont habitées, selon Roterus, que depuis l’an 1439. Il n’y en avoit que sept d’abord comprises sous ce nom : aujourd’hui on en compte neuf, qui sont, Tercère, S. Michel, Ste. Marie, S. Georges, Pico, Fayals, Gratiosa, avec Floreo & Corvo, qui ont été découvertes les dernières. On les appelle Acores, du nom Espagnol & Portugais açor, qui signifie un faucon, ou un épervier, ou un autour, parce qu’on y en trouve beaucoup ; Tercères, du nom de la plus considérable ; Flamandes ; parce que ce fut un Flamand qui les découvrir le premier ; Cassitérides, ou Cattitérides, parce qu’on suppose que ce sont celles auxquelles Ptolomée & Pline ont donné ce nom. C’est dans Tercère la principale des Açores, qu’Alphonse Henri Roi de Portugal, fut envoyé en 1669, lorsqu’il fut déclaré incapable de gouverner. Voyez la description qu’en ont fait Louis de Tercera, Linschot, & l’Auteur anonyme de l’Histor. Orb. terr. Geogr. & Civil. & l’Hist. de la Comp. de Jes. T. v. L. 21. ☞ En 1720, entre l’île Tercère & l’île de Saint-Michel, deux des îles Açores, il s’éleva deux rochers très-considérables.

ACORUS. s. m. Plante médicinale. Plusieurs anciens Médecins ont confondu l’Acorus, avec le Calamus aromaticus, quoique ce soient deux plantes d’un caractère différent. Il y a deux Acorus, l’un vrai, dont il s’agit ici ; & l’autre faux, qu’on nomme Flambe de marais. Le caractère particulier qui distingue l’Acorus vrai de la Flambe & du Calamus, c’est qu’il sort du milieu environ de quelques-unes de ses feuilles une masse longue & grosse comme le petit doigt, semblable au Macropiper, ou poivre long. Cette masse est composée d’une infinité de petites fleurs, dont le pistil devient un fruit à quatre ou à cinq faces. Ces fleurs & ces fruits sont si étroitement unis, & rangés avec tant d’ordre, qu’on diroit que c’est un ouvrage à la Mosaïque. Ses feuilles, quoique semblables à celles de la Flambe de marais, sont beaucoup plus étroites, & donnent une odeur agréable, lorsqu’elles sont froissées. Ses racines ont aussi une bonne odeur, sont de couleur rougeâtre, genouillées, tracent & se replient comme celles de la Flambe. On emploie ses racines en Pharmacie ; elles entrent dans la composition de la Thériaque ; les parfumeurs s’en servent dans leurs parfums. Cette plante vient au bord des ruisseaux & des chaussées en Flandres.

ACOTER. Voyez Accoter.

Acoté. Voyez Accoté.

ACOTEPOT. Voyez Accotepot.

ACOTOIR. Voyez Accotoir.

☞ ACOUSMATE, ou AKOUSMATE. s. m. Terme nouvellement inventé, pour exprimer le phénomène d’un grand bruit semblable à celui de plusieurs voix humaines, & de différens instrumens, que des gens dont l’imagination est frappée, croient entendre dans l’air ; ce que l’on assure être arrivé au village d’Ansacq, près Clermont en Beauvoisis en 1730. On en trouvera la description dans les Mercures de Décembre 1730, Février, Juillet, Août, & Décembre 1731.

ACOUSTIQUE. adj. Terme de Médecine qui se dit des médicamens propres pour remédier aux incommodités de l’ouie. Ἀκοὴ, est un mot Grec, qui signifie, ouie. Il se dit encore des instrumens, dont ceux qui sont incommodés de la difficulté d’entendre, se servent pour y suppléer. On le dit généralement de tous les instrumens qui servent à augmenter le son. Cornet Acoustique. M. Moock Anglois, dit dans la Préface de sa Micrographie, qu’il n’est point impossible d’entendre d’une stade ; c’est-à-dire la huitième partie d’un mille, un petit murmure qu’une personne feroit entre ses dents ; qu’il sait un moyen par lequel il est aisé d’entendre quelqu’un parler au travers d’une muraille de trois pieds d’épaisseur, & que par le secours d’un fil d’archal bandé, le son peut être porté à une distance très-considérable presque dans un instant. Le Ch. 5. du I. Vol. des Transactions Philosophiques parle sur la fin, des sons, & de quelques instrumens Acoustiques. Voyez p. 593 & suiv.

Acoustique, se dit aussi du nerf qui va s’insérer dans l’oreille, qu’on appelle nerf Acoustique & du conduit externe de l’oreille, qui se nomme, le conduit acoustique.

ACOUTER. v. a. Vieux mot, encore en usage en quelques Provinces, pour écouter. Pontus de Tyard, pag. 18 de son livre De recta nominum impositione, a reconnu qu’acouter étoit l’expression alors vulgaire en Bourgogne, où il écrivoit en 1603, à Châlons-sur-Saône :Ecoutez, dit-il, vulgò, acoutez. Ce mot avoit aussi cours ailleurs. Il est


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