Page:Trevoux - Dictionnaire , 1704, T01, A-Cenobitique.djvu/73

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AFF. AFF. AFF.


convention. Pactum, conventio. J’ay fait affaire avec un tel de sa maison, de sa charge. Je vous donne ma parole, c’est une affaire faite. Parlons d’affaires, c’est-à-dire, concluons.

En termes de Fauconnerie, on dit qu’un oiseau est de bonne affaire, qu’on l’a rendu de bonne affaire, quand on l’a bien affairé, bien duit à la volerie.

AFFAIRÉ, ée, adj. Qui fait l’empressé, l’occupé, l’homme chargé d’affaires, Negotiosus, negotii plenus. Il y a des gens qui sont toujours affairés, qui disent qu’ils n’ont point de temps à eux.

Il vous jette en passant un coup d’œil effaré,
Et sans aucune affaire, est toujours affairé. Mol.

Ce mot est bas, & on ne s’en sert guère que par ironie.

Affairé, signifie aussi, un homme accablé de dettes, dont les affaires sont embarrassées, Ære alieno oppressus. Quelque riche que soit un homme, il ne trouve rien à emprunter, quand on le croit affairé.

AFFAISSEMENT, s. m. C’est l’abaissement de quelque chose, causé par son propre poids, par sa propre pesanteur, ou par quelque force extérieure. Sedimentum. L’affaissement de la terre en cet endroit est fort considérable. L’affaissement se dit encore des tas de fumier que les Jardiniers entoisent, & empilent, & qui s’affaissent notablement quelques jours après avoir été dressez.

AFFAISSER, v. act. C’est faire que des choses que l’on met les unes sur les autres, s’abaissent, se foulent, & tiennent moins d’espace en hauteur. Deprimere. Les pluies affaissent les terres. On affaisse les marchandises, quand on les embale.

Affaisser, se dit aussi avec le pronom personnel, & signifie, S’abbaisser par sa propre pesanteur, ou par quelque force ou impression extérieure. Sidere. Les fortifications de terre s’affaissent sensiblement. Ce mur commence à s’affaisser. Il n’y a guéres de planchers qui conservent toûjours le niveau, & qui ne s’affaissent avec le tems. Les terres remuées se trouvant en quelque sorte enflées, & occupant beaucoup plus d’espace, s’affaissent en se rapprochant, & en descendant plus près du centre de la terre. Les montagnes même s’affaissent quelquefois. Un bâtiment s’affaisse lorsqu’étant fondé sur un terrein de mauvaise consistence, son poids le fait baisser ; ou lorsqu’étant vieux, il menace ruine.

Affaissé, ée, part. Qui s’est abaissé, qui occupe moins d’espace en hauteur. Depressus.

AfFAIsTEMENT. s. m. Voyez Enfaîtement.

AfFAISTER ou AFFAITER. v. act. Raccommoder le faîte d’une couverture, y mettre des faîtières. Tecti fastigium reficere. Voyez aussi Enfaîter.

AfFAITAGE. s. m. Terme de Fauconnerie. Soin qu’on prend pour affaiter, ou pour bien dresser un oiseau de proie. Cura cicurandi accipitris. Il faut bien du soin & de l’industrie pour réussir à l’affaitage d’un oiseau. Les effets de l’affaitage sont tout-à-fait merveilleux, puisqu’il fait que l’oiseau naturellement farouche, fier, fantasque & passionné pour sa liberté, la quitte néanmoins au premier rappel du Fauconnier, & abandonne l’air où il vole, pour se rendre volontairement esclave.

AfFAITER. v. a. Terme de Fauconnerie, qui se dit en parlant des oiseaux sauvages qu’on apprivoise, qu’on rend familiers & doux, qu’on assure pour revenir sur le poing, ou au leurre. Cicurare, mansuefacere, erudire. C’est aussi l’introduire au vol, le curer, le traiter, r’habiller ses pennes, le tenir en santé, & le rendre de bonne affaire. Curare. On affaite l’oiseau en le portant d’ordinaire sur le poing ; en le découvrant souvent pour lui faire voir toutes sortes d’objets ; en se faisant connoître à la voix, au visage ; en le caressant de toutes les manières, & en se rendant fort doux à son égard, & patient à souffrir toutes les mauvaises humeurs.

Affaiter des peaux. Terme de Tanneur. C’est les façonner à la tannerie. Coria, pelles effingere, perficere.


AFFALE. C’est le commandement aux gens de mer pour faire baisser quelque manœuvre. Deprime.

AfFALE', adj. masc. Terme de Marine qui se dit d’un vaisseau qui est arrêté sur la côte, qui ne peut s’élever, ni courir au large par trop, ou trop peu de vent : ou que le vent ou les courans forcent à se tenir près de terre. Navis coacta littus radere.

AfFALER. se dit en général, pour dire, Abaisser. Deprimere. Il faut affaler cette manœuvre, cette poulie, c’est-à-dire, il faut faire baisser.

AfFAMER. v. act. Faire souffrir la faim, causer une faim qu’on ne puisse supporter ; Retrancher, couper les vivres ; empêcher qu’ils n’entrent en quelque lieu, afin d’y causer la famine. Famem inferre. Quand les places sont trop fortes, on leur coupe les vivres par un blocus pour les affamer.

Affamer, se dit aussi des goulus qui affament les autres, parce qu’ils ne leur laissent pas assez de quoi manger.

Affamé, ée. part. Famelicus, fame pressus. Il est cruel comme un loup affamé.

Affamé, se dit figurément en choses morales & spirituelles, & signifie, une personne qui désire ardemment quelque chose, qui a une passion extrême d’en jouïr. Cupidus, incensus, inflammatus fludio alicujus rei. Ce Prince est affamé de gloire. Cet homme est affamé de nouvelles. Il est affamé d’argent. Pensez-vous que ce soit un homme affamé de femmes ? Mol. Ce qui rend la solitude insupportable à la plûpart des gens, c’est que leur cœur demeure vide & affamé de louange, & qu’étant privé de cette nourriture ordinaire, il ne trouve pas dans soi-même de quoi se remplir. Port-R. Ne vous attachez jamais à ces hommes ambitieux, & affamés de gloire : ils vous sacrifieront toujours à leur vanité.

De louange & d’honneur vainement affamée,
Vous ne pouvez aimer, & voulez être aimée. Voit.

Affamé, se dit aussi des choses qui sont faites avec avarice, ou épargne, ou qui n’ont pas la grandeur ou la grosseur requise. Constrictus, Arctatus. Ainsi on dit qu’un habit est trop affamé, ou trop étroit ; un caractère, une lettre affamée, qui n’est pas bien nourrie, ou assez chargée d’encre.

On dit en provèrbe, ventre affamé n’a point d’oreilles ; pour dire qu’un homme qui a faim n’écoute guère ce qu’on lui dit. Jejunus venter non audit verba libenter. On appelle un poux affamé, un gueux à qui on a donné un emploi lucratif, dans lequel il veut s’enrichir en peu de temps. Il est affamé comme un jeune levron.

AfFANEURES. s. f. pl. Terme dont on se sert en quelques provinces, pour signifier le blé que les batteurs & les moissonneurs gagnent, au lieu de l’argent qu’on leur donne ailleurs.

AfFÉAGER. v. a. Donner à féage. C’est lorsque le Seigneur aliéne une portion de terres nobles de son fief, pour être tenue en roture ou en fief à la charge d’une certaine redevance, par celui qui en devient acquéreur. Voyez l’art. 358 de la Coutume de Bretagne.

AfFECTANT, ante. adj. Qui témoigne vouloir quelque chose, ou l’aimer. Affectator, Consectator, Consectatrix. Les Républiques bannissent les citoyens affectans la tyrannie. Le style d’un Orateur affectant certaines figures ou expressions, est vicieux. Ces façons de parler ne sont pas bonnes : il faut dire, Qui affecte, & non pas affectant.

AFFECTATION. s. f. Desir véhément dont on fait paroître trop de marques au dehors. Affectatio, confectatio. L’affectation des honneurs, & du commandement, est choquante. L’affectation qu’a une partie pour choisir un Rapporteur, le rend suspect aux autres.

Affectation, se dit aussi de certaine manière de parler ou d’agir qui n’a rien de naturel, qui est particulière à quelqu’un, & d’ordinaire vicieuse. Curiosus ornata verborum. L’affectation est une envie démésurée de plaire, mais mal entenduë. Affectatio pusida.


Bail. L’affectation est un mensonge, qui déguise le naturel, pour chercher dans un air emprunté de quoi se rendre ridicule. Id. Ceux qui parlent bien, parlent en termes propres & naturels, sans qu’il y paroisse ni étude, ni affectation. Cail. En pensant vous élever, vous tombez dans une affectation basse, puérile, fade, impertinente. St Evr. Le Tasse donne quelquefois dans l’affectation. Bouh. Croit-il réjouir les honnêtes gens par quantité d’affectations indignes & ridicules ? Racin. On dit que c’est Gorgias qui a introduit le premier l’affectation de cette politesse. Ablanc. Tout est naturel en lui ; il n’a rien qui ressente l’affectation. On ne penseroit point à démèler les intrigues de cette femme, sans l’affectation qu’elle a de passer pour une femme modeste & régulière. Bell. Une affectation trop étudiée de paroître prude est suspecte. Id. Les uns méprisent la mort par brutalité, & les autres par l’affectation d’un courage magnanime. La Plac. On a blâmé l’affectation des hyperboles, & des figures extraordinaires des premières lettres de Balzac. En cherchant trop le plaisant & l’agréable, on tombe d’ordinaire dans une sotte affectation. Boil. Les femmes ont certaines affectations qui les rendent ridicules.

Affectation, signifie aussi, Hypothèque, ou autre obligation dont un héritage est chargé. Hypotheca. Il m’a constitué une rente avec une affectation spéciale sur cette terre. Ce revenu a une affectation particulière, il doit être employé à telles & telles aumônes par sa fondation, & sa destination.

On dit aussi en Jurisprudence Canonique, Affectation d’un Bénéfice, en parlant de sa réservation au Pape, aux Graduez, &c. Jus designationis, ad Beneficium Ecclesiasticum.

Affectation, en termes de Medecine, se dit de la disposition d’un membre à l’égard des maladies, ou des blessures qui l’incommodent. Affectio. Quand on ordonne un remède, il faut avoir égard à l’affectation des parties.

AFFECTER, verb. act. Aimer, souhaiter quelque chose avec empressement & avec ostentation, la rechercher avec trop de soin. Affectare, consectari. Jesus-Christ a blâmé les Pharisiens d’affecter les premiers rangs dans les Assemblées. Les Républiques appréhendent ceux qui affectent la tyrannie. Il affecte des manières de parler & d’agir qui sont singulières. J’espère que les rieurs dont il affecte les suffrages, ne seront pas de son côté. Menage. On n’est jamais si ridicule par les qualités que l’on a, que par celles que l’on affecte d’avoir. Rochef.

Affecter, signifie encore plus spécialement, faire les choses avec dessein, & avec artifice, prendre quelque chose à tâche. Dans toutes les professions chacun affecte une mine extérieure, pour paroître ce qu’il veut qu’on le croie. Nicol. C’est à la Cour que l’amitié affecte de s’étaler, & de jouer ses rôles les plus artificieux. M. Esp. Ne laissons pas voir que nous affections ce Tribunal.

Affecter, signifie encore, Feindre, contrefaire. Fingere, simulare. Il y a un certain âge où il faut affecter d’être sage, de peur de passer pour ridicule. Flech. J’affectois à tes yeux une fausse fierté. Racin. Bien loin de soulager les personnes affligées, vous affectez de les ignorer Flech. Sous l’humble dehors d’un respect affecté, vous cachez une noire malignité. Boil.

Affecter, signifie encore, Toucher, Afficere. Cela m’affecte fort : mais il a vieilli en ce sens.

Affecter, signifie aussi, Attacher, joindre. Adnectere, adjungere, attribuere On a affecté ce droit à la charge.

Affecter, signifie aussi, Obliger, hypothéquer au payement de quelque rente, ou de quelques charges ou devoirs. Oppignerare fundum. Tous ses biens sont affectés & hypothéqués à ses créanciers. Les revenus de ce bénéfice sont affectés avant toutes choses au payement des pensions. Les revenus de cet Hôpital sont affectés à la nourriture des orfelins.

Affecté, ée. part. Qui a de l’affectation, qui paroît recherché & étudié avec trop de soin, & trop d’art. Affectatus, exquisitior. Il a un air affecté qui le rend ridicule. Cléante ne rend pas justice au P. Bouhours, quand il dit que le Livre de ce Pere est d’un style affecté, flatté, peint, de