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AFF. AFF. AFF.

de nul usage, un pur artifice. L’air affecté & precieux empoisonne les meilleures choses. M. Scud. Ce qui est faux & affecté, est toûjours fade & ennuyeux. Id. La simplicité affectée est une imposture delicate. Rochef. Je ne saurois souffrir vos rigueurs affectées. Gomb. L’ignorance vaut mieux qu’un sçavoir affecté. Boil.

On appelle en termes de Jurisprudence Canonique, un Bencfice affecté, quand il est chargé de quelque mandat, indult, nomination ou reservation du Pape, en telle sorte que le collateur n’y peut pourvoir à la prémiere vacance qui arrive : ce qui n’a point de lieu en France. Onerosus. On dit aussi, qu’il y a des noms affectez à certaines familles, qui leur sont attachez. Addcitus, Destinatus, proprius. Le nom de Taxile étoit affecté à ceux qui succedoient au Royaume. Vaug. Il y a des droits & des privileges affectez à certaines charges, pour dire, qui leur sont attribuez.

En termes de Medecine on dit, qu’une partie du corps et affectée de quelque maladie, quand elle a contracte une mauvaise qualité ou disposition par quelques humeurs malignes, ou par quelque autre cause. Malè affectus. Ce Prédicateur a la poitrine affectée ; il ne soutiendra pas longtems ce ton-là.

AfFECTIF, ive. adj. Qui affecte, qui touche, qui excite, qui remuë les passions. Affectuum movendorum potens, peritus. Il a un naturel tendre & affectif. Son discours est affectif & touchant. Ses maniéres de prononcer sont affectives. Ce mot vieillit fort.

AfFECTION. s. f. Passion de l’ame qui nous fait vouloir du bien à quelqu’un, & qui se dit de l’amour, de la tendresse, de l’amitié. Amor, Studium, Benevolenti… Porter de l’affection à quelqu’un. Prendre quelqu’un en affection. Ablanc. L’affection des hommes a coutume de changer avec la fortune. Ce pere a une ardente affection pour ses enfans. L’affection conjugale est plus forte que la paternelle. Il faut pourtant remarquer sur ce mot, pris dans le sens de bienveillance & d’amitié, qu’il n’y a que les Grands qui s’en puissent servir à l’égard de leurs inferieurs. Cc Prince témoigne une afféction toute singuliére aux personnes qui s’attachent à lui, & qui le servent fidelement. Alexandre prenoit le merite en affection. Ablanc. Il y a des Auteurs qui pretendent qu’on s’en peut servir d’égal à égal ; mais il faut que ce soit avec ménagement, & lorsque l’on est dans une grande familiarité. Une affection parfaite vaut mieux que toutes choses. Voit.

A ff E c r 1 o N, fignificauffi une inclination qui nous porte à une chofe, plütöt qu’à une autrc. £££, Proclivitas. Cet hommea mis tou te fon affeétiom à l’étude. Loin d’ici cette dé votion vaine & frivole, qui laiffe vivre au de dans les defirs, & les affeétioms du ficcle. Flech. A f F E c r 1 o N, fignific cncore 1’ardeur, le zele quc I’on fent poür le fervicc de quelqu’un. Stu dium. Et alors les inferieurs s’en peuvent fort bien fervir à l’égard des fuperieurs. Vous direz aux belles Princeffes, aupres de qui vous ctes,

; j j’ay une affectiom fans pareille pour leur

èrvice. V o 1 r. On fe faitThonneuf de fairc eompfcndrc ades perfomnes fupeiigures Textré, me affeâiiom quinous attache à clles. Ileft d’un honnête homihe de fe porter avec affection à tout ce qui regarde fondevoir. C H. D E M E R. Vous pouvez compter fur mon affection, com mc fur une chofe qui ne vous manquera pas. A ff £ c τ 1 o N, fe dit aufli chez les Philófophes dcs qualitez des chofes, & des divers chafige mens qui leur arrivent. Affeétio. On a trouvé 1’art d’obferver, par le Thermometre, toutes les differentes affections de l’air. RoH. AfFECT I O N N E R. v.a&t Avoir de 1’affeétion pour quelque chofe, ou pourquclquc perfonne. ~Amare. Le mot d’affeétion*er ne fe doit jamais dire en ce fens de l’infericur au fupcricur, & — rarement d’égal à égal. Le Sur-Int. Bul lion ne parla pas jufte, en répondant aux Cor dclicrs qui lui demandoient à quel Saint il vou loit dedier une Chapelle : Hêlas ! ils me font tous indifferens, je n’en affectiomne aucun. B o u H. AfF E c r 1 o N N £ R, fignifie auffi, S’intereffer

  • pour quelque chofe. Studere alicui rei : pro

pendere in aliquid vel in aliquem. C’eft unc affaire que j’affeätionme, & íí je m’in Aff r c r 1 o N N E R, fignific encore, Attacher les pcrfonnes à quelque füjet, les y interefler par quelquc chofe qui touche, qui émeut, qui cn traine, & donne du plaifir. Afficere. Ccla fe dit particulierement des Faifeurs de pieces Drama tiques & dc Nouvelles Hiftoriques, qui doivcnt faire tous leurs efforts pour affectiommer les fpe ctareurs, & les le&teurs à leurs principaux pcr fonnages. Je n’ai jamais vü une Hiftoire plus languillante, en lalitant on ne prend parti pour Perfonnc, & l’Auteur n’affectiomne à rien. M. S c u D. s’A ff £ c r 1 o N N E R â quelque chofe, c’eft s’y attacher fortement, s’y appliquer avcc-ardeur & avcc affe&ion. II fäut s’affeétionner à fon métier pour y r&iffir. Il y adcs Ecrivains qui s’attachent ; i qu’il ne faut à finir certains cndroits de leurs difcours, aufquels ils s’affe £tiomnent. BouH. Il s’affectiomma tellement à la folitude qu’il cherchoifIe filence des forets. Id. A ff £ c T 1 o N N E’, ££. part. paff. & adj. Benevo lus, $tudiofus. On finit les lettres par cette formulc, ; Vötre très-humble & très-affectionné ferviteur. On a ufè dc cette formule differem ment felon les temps & les perfonnes. Il n’y a quc 3o.ou 4o.ans qu’on s’en fervoi : en écrivant aux perfonnes de la premiere qualité : & méme M. d’Urfé en a ufc dans la foüfcription de 1’EPitre Dédicatoire de fon Aftrée au Roi en I’an née 161 o. Il y en a grand nombre d’autres exemples. Mais depuis on s’eft rendu plus déli cat, & on a mis au licu d’affectionme, le mot d’obetffant, à ceux qui avoient la moindre éle vation, ou à qui on vouloit faire civilité. On a retranché le fuperlatif en écrivant aux infe ricurs ; & toùjours en diminuant, on a dit Vö tre affeétiomme à vous fervir, en écrivant à quel que paifan ou artifan ; & cnfin yôtre affe£iion mé à vous rendre fervice, quand un grand Sci £ ; £crivoit à un domcftique, ou à quelqu’un c fa dépendance. On dit qu’un homme eft mal affeétionné envers un autre ; pour dire, qu’il lui nuit fourdement dans les occafions. Mâle affeëtus. AfF E C TU EU X, e u s s.’dj. Difcours ou paroles qui témoignent de l’affection. Amoris &• bemevolentia plenus. Un compliment affe ¢tueux, dcs prieres tres-affectueafes. Affectueux fe dit cncofè des pieces d’éloquence, qui exci tent & qui remient les paflions. Affeétuum mo vendorum potens. Un Oratcur doit remplir les peroraifons de mouvernens affeétueux. Ce mot nc fe dit que des chofes, & eft vieux. Ccpen dant il v ädes gens qui s’en fervent dans les ma tieres de pieté, pour marquer cc qui vicnt du cœur. AfF E C T U EU S E M E N T. adv. D’une ma niere affectueufe. Am inter, benevolè, Studiosè. Ces mots viennent d’afficio, afficior, affectus. A f F E R E N T E. adj fem.Terme dc Palais, qui fc dit en cette phrafc : II faut partager cet te fucceffion en trois lots, afin que chacun en ait [à part afferente ; pour dirc, qui luy doit £cheoir, oui appartenir. A fF ER M E R. v. a&t. Donner, ou prendre à ferme quelque terre, quelques droits pour un certain tcmps, & moyennant certain prix. Lo care vel conducere. Ila affermé fa Scigneurie ßour 9. ans. Cc Traitant a affermé les Gabel les. On a affermé cette metairie trop haut, le metayer n’y peut pas vivre. Lcs Greffes s’af ferment parce qu’ils font domaniaux. Quand on afferme quelque terre au delà de 9. ans, c’eft une cfpece d’alienation. Remarquez quc cc nom fe dit auffi bien de celui qui doiinc, quc de ce lui qui prend à ferme. A ff £ R Μ Ε’, E’E. part. paff. & adj. Locatus, Condu&# : us. A fF E R M I R. v. a&. Rendre ferme & inébran blable. Indurare. Il faut affermir une voute par de bons arcs-boutans. L4fermir un plancher, A ff E R M 1 R, fignific auffi, Rendre ferme & confiftant ce qui étoit mou. Lc vin affermit lc oiffon. La gláce affermit les chemins. AfF E R M 1 R, fignifie encore, Rendre plus fta ble, plus alfeuré, plus inébranlable, stabilire, firmare. Cela n’a ferviqu’à affermir nôtre ami tié. A p L A N c. Brutus affermit la liberté des citoyens. Il 1’affermit aufervice de fon Prince. Cela vous doit affermir davantagc dans vötrc qpinion. A fí E R M 1 R, fe dit au figur& des chofes fpiri • tucllcs. La Philofophic affermitlc courage, La vi&oire affermit un Prince dans fon trône. ra grace aff ermtt les fidelles dans la foi. On tira de l’Ecriture Sainte unc confolation qui affer mit 1’efperancc des biens avenir. P o R T— R. L’approbation affermit, & fortifie les hommes dans Tidcc qu’ils ont de leur propre excellence. N 1 c o l. A ff E R M 1 R, fe dit auffi en cefens avec le pro-• nom pcrfonncl, & fignifie fe rendre plus fcfime, Plus affure, plus inébranlable, stabulirefe, fir mare j. Aimcr à s affermir dans I’attehte des bicns €ternels. PoRr-R. Lc courage des fideles s’afermit à la vuë des perils. S’jfermir dans {es connoiflànces. A b l A N c. Il s’ajfermit dans la mauvaife voye. PoRr-R. A££ E R M 1, 1 E. part. paff. Stabilitus. A f F E R M I S S E M E N T. f. m. A&ion qui A affirmit quelque thofe. stabilimentum, fir mamentum. L’entrait, ou le tirant, fert à Tafa f£rmiffement d’une ferme dc charpente. Ön dit ati figuré, 1’affermiffement d’un Etat. L’amour des Peuplcsenver$ le Prince, eft I’affer miffement de fon Empire. Mon Dieu vou$ &tes le (cul fouticn & le feü affermiffament desames, A R N. f F E r T E, E’s. adj. Qui affe&e trop de Plaire par des manieres de parler ou d’agir qui ont un air dc coqueterie. Affe£tator, confeéta trix. Fille affettée cet une petite affettée : ellc ne feroit poiit défagreable, fi elle fi’étoit point aff ttée. Ac a D. FR. Ce mot fe dit auffi des chofes qui font faites avec cette affectation de Plaire. Affectatus. Cet homme cft ridicula avcc fon langage affetté, fa mine affettée. J e latffe aux doucereux ce langage affetté, Où s’endort um efprit de molleffe hebet&, B o 1 l. A f F E r T E R I E, f. f. Les paroles & les ac tio* d’une perfonne affètt&e ; certaines manié res étudiées, & pleine d’affe&tation ; foin vifibla & plcin d’art dans les chofes qu’on dit, & qu’on fait. Affectatio, confectatio nimia com cimmitatis. Affeterie pure, ridicule, degoü tante, ennuyeufe. Poppée la plus fpirituelle & la plus belle Dame de fontemps, prit d’abord Ncron par fes affetteries, & par fes carcffes, A b L A N c. Ellc le voulut Pofter par fes af fetteries & par fes carefles à des <£ hon teufes. Id. — AfF E U R E R, ou A £ F o R E R. v. a&. Ceft mcttre lc prix ou lc taux aux denrées, en qua lite de Seigneur ou de Magiftrat. Annom & ve nali pret.um dicere, indicere, rei venali pretium ftatuere. A fF EU R A G E. f. m. Prix que I’on met aux denrces. Droit d’affeurage..iffim*tio vena lium. Voyez auffi A F F o R A G E. A £ F I C H E. f. f. Placard attaché en lieu pu blic, pour rendre quelque chofe connuè à fout : lc monde, foit poiir le plaifir, foit pour l’inte rét. Libellius publice affixus. Il eft menteur comme une affiche dc Charlatan. Ce Come diem s’eft referv& lcs annonces & les afficbes. Au Palais on nomme affiches, les proclamations quc 1’on attache aux places publiqucs, pou£ proceder à un bail judiciaire. Tabiila públicâ propofita. De même 1’on appelle 1’affiche de quarantaine, dc quinzaine, celles qui fe font avant 1’interpofition du decret ; & touc cela pour avertir les creanciers de faire trouver dcs encherilleurs, La premiere affiche doit conte nir une enchére. Ces deux affiches doivent étre publiées au pröne, & appofccs aux portes des Eglifes, & autres lieux publics. En matiere cri minclle, on donnc aflignation à l’accufé par affi che à la porte de 1’auditoire. A ff 1 c H £, en termes de College, eft une fo ! en nité quefont les Ecoliers, où ils ex pofent leurs compofitions au jugement les uns des autres. Solemnes litterariarum lucubratuorum prof criptiones, Elles font écrites dans des images, ou cartouches qui ont divers ornemens. Om propofe dcs énigmes & des prix à ceux qui les expliqueront pendant les affiches. Ce mot en cc fens ne fe dit jamais qu’au plurier. Les affches font d’une grande utilité pour donner de 1’émulation aux Ecoliers, Il n’y a que les Jefui tes qui faffent de ccs fortes d’affiches.. A £ F IC H E R. v. a&t. Publier quelque chofe par un placard qu’on colle, qu’on attache en um carrefour, ou autre lieu public. Libellum, fa bulam profcribere. Cct Edit, cc reglement a tercllc. &télü, public& affishá cú tous lsslicux ordi nalrcs,