Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/62

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monſtra du commencement grand amy des Mahometains & ennemy des Chreſtiẽs : mais à ce qu’on a recogneu du depuis, ce qu’il en faiſoit n'eſtoit que pour s’eſtablir plus aſſeurement. Son fils ſe banda contre luy, lequel il print en vie, & le tient maintenãt ſerré en vne eſtroite priſon. Or deuant que finir les affaires du Mogor, pour paſſer à celles d’Aethiopie, parlons d’vn de nos Freres, nõmé Benoiſt Goes, qui a eſté enuoyé bien auant dans la terre ferme de ce grand pays. Nos Peres qui ſont en la Cour du Roy, auoient ſouuentefois ouy des marchands, que bien loin de là tirãt vers le Septentrion, il y auoit des Chreſtiẽs en vn certain Royaume, qu'ils appelloiẽt le Catay, on ne ſçait si ce Royaume eſt en la Tartarie, ou en la Chine. Et de verité le Pere Matthieu Ricci, nous eſcrit de la Chine, qu'il a ouy quelque choſe de ſemblable, de certains Chreſtiens qui ſont au Septentrion. Or il y a bien ſept ans, qu’vn de nos Freres coadiuteurs, verſé aucunement és bonnes lettres, de grande prudence & vertu, & qui parle extremement bien le Perſan, duquel on ſe ſert en ces contrées, fut enuoyé pour en deſcouurir ce que s’en pouuoit eſtre. Nos Peres qui ſont au Mogor, reçoiuent aſſez ſouuent de ſes let-