Page:Trigault - Lettre du R P Trigaut escrite a ceux de la mesme Compagnie, 1609.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ports, pour tout tant de nos Peres qui voudroiẽt aller en Aethiopie. C’eſt luy qui commande à tous ceux qui tiẽnent les ports de la mer rouge : De façon que maintenant en vertu de ſes lettres ils portent & reçoiuent les noſtres ſans rien payer. O que ceſte moiſſon eſt belle & grande ! & que ceſte entrepriſe eſt haute & digne de noſtre Cõpagnie. Le bruit commun eſt en ces quartiers, qu'il y a vne Prophetie celebre ſur ce ſujet : Le quatrieſme Roy deuãt ceſtui-cy a predict fort clairemẽt tout ce qui eſt arriué deſpuis ſa mort ; en ayant receu les aduis d’vn des Moynes de ſon Royaume, homme, à ce qu'on dict, de grande ſaincteté ; entre leſquels il y en a, ce diſent nos Peres qui nous eſcriuent, pluſieurs bons Catholiques & de ſaincte vie. Ce Roy a predict, que ſoubs le Roy à preſent regnant, l'Eſtat de Abyſſins doit grandement fleurir & s’accroiſtre au moyen de l'alliance auec les Portugais, ou l'Egliſe Catholique, Apoſtolique, Romaine. Si nous receuons quelque choſe deuant le depart des nauires, ie le mettray en poſtille. Ie m’efforce, comme vous voyez en ces miennes lettres, de vous faire entendre l'eſtat auquel i'ay trouué les affaires des Indes ; à fin que d’oreſnauãt tous les ans, ſi Dieu