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Ce n’est pas là le Dieu des mauvais prêtres.

Si le Dieu des mauvais prêtres eût été à la place de la mère, il serait demeuré impassible et aurait dit à son jeune enfant : tombe et meurs ! Je t’avais averti, c’est toi qui l’as voulu.

Mais, direz vous, le Dieu des mauvais prêtres, c’est pourtant le Dieu des chrétiens ! Et celui-là n’a-t-il pas fait comme la mère dont vous parlez ? Ne s’est-il pas élancé vers l’abîme pour sauver les pécheurs ? N’est-il pas descendu jusqu’aux enfers pour relever la nature humaine du fond le plus désespéré de sa chute ?

Oui, le Dieu des chrétiens a fait cela ; mais le Dieu des mauvais prêtres a rendu ses efforts inutiles.

Le Dieu des chrétiens a versé son sang pour tous les hommes, mais le Dieu des mauvais prêtres l’a recueilli goutte à goutte dans un calice avare et l’a vendu au petit nombre des heureux.

Le Dieu des chrétiens était un paria qu’on a crucifié ; le Dieu des mauvais prêtres est un aristocrate qui avec les trente pièces d’argent de Judas a acheté aux bourreaux les vêtements du Christ, afin de mentir aux hommes au nom même de sa victime.

Le Dieu des chrétiens a brisé les portes de l’enfer et les a emportées en triomphe, comme le