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changement, des associations ont devancé les réformes. Ces associations avaient pour but de s’entr’aider mutuellement, de secourir les frères affligés et persécutés ; car, faibles comme nous le sommes, considérés individuellement, ce n’est que dans l’union que nous pouvons puiser la force, la puissance et la possibilité de faire du bien.

Voyez d’abord les chrétiens persécutés former des sociétés pour venir au secours de ceux d’entre eux que leur foi rendait victimes des tyrans. Voyez plus tard les Juifs persécutés au moyen âge ; ils formèrent aussi des associations qui se répandirent sur toute la surface du globe, et qui, en amenant l’invention des lettres de change, coopérèrent beaucoup aux progrès du commerce et de la civilisation. Voyez les croisades, véritables associations qui se formaient en Europe, pour secourir les fidèles de l’Orient. Lisez enfin l’histoire du protestantisme, et vous verrez qu’en Allemagne, en Angleterre, et partout où s’étendait la persécution, exercée d’abord contre eux par les catholiques, et ensuite par eux contre les catholiques, des sociétés se formèrent de toute part, afin de secourir les malheureuses victimes de l’une ou de l’autre secte.

Nous pourrions en dire autant de toutes les époques des grandes révolutions politiques, il nous suffirait d’ouvrir les pages de l’histoire pour en trouver mille exemples.

Eh bien ! notre époque n’est-elle pas semblable à une de ces époques critiques où il se prépare sourdement un grand changement ? Les femmes ne souffrent-elles pas ? N’est-ce pas un devoir des plus sacrés que de venir à leur secours ?

Commençons donc, d’une main ferme, à lever l’étendard du secours mutuel ; érigeons une société, toute sainte, tout hospitalière, et soulageons une partie de ces êtres qui souffrent, et qui nous béniront pour les avoir tirés du malheur. Notre exemple sera suivi, notre voix aura un écho dans toutes les âmes généreuses ; nous n’en doutons pas. Alors notre cœur goûtera cette joie pure, divine, que la philanthropie et la vertu peuvent seules faire connaître.

Nous allons exposer les bases sur lesquelles repose notre société et les statuts que nous croyons devoir lui assigner.