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voulez-vous supposer pour un moment, que la femme est en droit l’égale de l’homme ? eh bien ! qu’en résulterait-il ?

1o Que dès l’instant où l’on n’aurait plus à redouter les conséquences dangereuses qu’amène nécessairement, dans l’état actuel de sa servitude, le développement moral et physique des facultés de la femme, on l’instruirait avec beaucoup de soin, afin de tirer de son intelligence et de son travail le meilleur parti possible ; — 2o Que vous, hommes du peuple, vous auriez pour mères des ouvrières habiles, gagnant de bonnes journées, instruites, bien élevées et très capables de vous instruire, de vous bien élever, vous, ouvriers, comme il convient à des hommes libres ; — 3o Que vous auriez pour sœurs, pour amantes, pour épouses, pour amies, des femmes instruites, bien élevées, et dont le commerce journalier serait pour vous on ne peut plus agréable : car, rien n’est plus doux, plus suave au cœur de l’homme, que la conversation des femmes lorsqu’elles sont instruites, bonnes, et causent avec sens et bienveillance.

Nous avons jeté un coup d’œil rapide sur ce qui se passe actuellement dans les ménages d’ouvriers ; examinons maintenant ce qui se passerait dans ces mêmes ménages si la femme était l’égale de l’homme.

Le mari, sachant que sa femme a des droits égaux aux siens, ne la traiterait plus avec le dédain, le mépris qu’on montre aux inférieurs ; au contraire, il la traiterait avec ce respect et cette déférence qu’on accorde aux égaux. Alors plus de sujet d’irritation pour la femme, et, une fois la cause de l’irritation détruite, la femme ne se montrera plus ni brutale, ni rusée, ni acariâtre, ni colère, ni exaspérée, ni méchante. — N’étant plus regardée dans la maison comme la servante du mari, mais bien comme l’associée, l’amie, la compagne de l’homme, naturellement elle prendra