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cadeaux seraient reçus ! et quel bonheur pour la mère de voir cet amour réciproque entre le père et les enfants ! il est clair que, dans cette supposition, la vie de ménage de famille, serait pour l’ouvrier ce qu’il y aurait de plus désirable. — Se trouvant bien chez lui, heureux et satisfait dans la compagnie de sa bonne vieille mère, de sa jeune femme et de ses enfants, il ne lui viendrait pas à l’idée de quitter sa maison pour aller se distraire au cabaret, lieu de perdition où l’ouvrier perd son temps, son argent, sa santé, et abrutit son intelligence. — Avec la moitié de ce qu’ivrogne dépense au cabaret, toute une famille d’ouvriers vivant unis, pourrait, en été, aller dîner dans les champs.Il faut si peu de chose aux gens qui savent vivre sobrement. — Là, les enfants respirant le grand air, seront tout joyeux de courir avec le père et la mère, qui se feront enfants pour les amuser ; et le soir, la famille, le cœur content, les membres un peu délassés du travail de la semaine rentrera au logis très satisfaite de la journée. — En hiver, la famille ira au spectacle. — Ces divertissements offrent un double avantage, ils instruisent les enfants en les amusant. Dans une journée passée à la campagne, une soirée passée au théâtre, que de sujets d’étude une mère intelligente peut trouver pour instruire ses enfants !

Dans les conditions que je viens de tracer, le ménage, au lieu d’être une cause de ruine pour l’ouvrier, serait du contraire une cause de bien-être. Qui ne sait combien l’amour et le contentement du cœur, triple, quadruple les forces de l’homme ? Nous l’avons vu par quelques rares exemples. Il est arrivé qu’un ouvrier, adorant sa famille et se mettant en tête de donner de l’éducation à ses enfants, faisait, pour atteindre ce noble but, l’ouvrage que trois hommes non mariés n’auraient pu faire. Puis le chapitre des privations. Les célibataires dépensent largement, ils