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J’aurais désire pouvoir mettre en tête de ce petit livre un chant qui résumât mon idée : — L’UNION, — et pour refrain : — « Frères, unissons-nous ! — Sœurs, unissons-nous ! » — Le chant produit sur les ouvriers réunis en masse un effet extraordinaire qui tient du magnétisme. À l’aide d’un chant, on peut, à volonté, en faire des héros propres à la guerre, ou des hommes religieux propres à la paix.

Je suis allée droit chez Béranger, le poète de tous, lui demander le chant de l’UNION. — Le grand poète et l’excellent homme m’a reçue d’une manière toute fraternelle, et m’a dit, avec une naïveté digne du bon Lafontaine : — Votre titre est beau, très beau ! mais faire un chant qui réponde à ce titre, ce sera difficile, et je ne fais pas des chants quand et comme je voudrais. — Il faut pour cela que j’attende l’inspiration…, et je me fais vieux, je suis malade, et dans cet état, l’inspiration se fait attendre. — Enfin, si le chant me vient, je l’offrirai aux ouvriers, comme l’expression de mon affectueuse sympathie.

J’écrivis ensuite à M. de Lamartine ; il me répondit — qu’une Marseillaise de la paix présentait de grandes difficultés ; — il finissait sa lettre en me promettant qu’il y penserait, et que, s’il parvenait à faire quelque chose de satisfaisant, il me l’enverrait pour le petit livre de l’UNION OUVRIÈRE.

J’ai écrit aussi à ce sujet à plusieurs ouvriers poètes. — Espérons qu’ils répondront à mon appel, que cette grande et belle pensée de la fraternité humaine les inspirera, et qu’ils chanteront l’UNION.